En 2021, près de 300 millions de vêtements usagés exportés au Kenya, « brûlés ou jetés »

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La décharge à ciel ouvert de Dandora, aux portes de Nairobi, le 24 juillet 2021, au Kenya © AFP/Archives Patrick Meinhardt

Paris (AFP) – Parmi les quelque 900 millions de vêtements usagés expédiés au Kenya en 2021, un tiers contient du plastique et sa qualité est si mauvaise qu’il « est immédiatement jeté ou brûlé », générant pollution environnementale et risques sanitaires, dénonce un rapport de la fondation Changing Markets publié jeudi.

Et ce, malgré la Convention de Bâle qui interdit l’exportation de déchets vers les pays ne disposant pas de capacités de retraitement adaptées, rappelle l’ONG.

Sur ces 900 millions, 150 proviennent de l’Union européenne et du Royaume-Uni, majoritairement des dons, chiffre le rapport, à l’issue de travaux menés en septembre 2022.

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L’enquête s’appuie notamment sur des données douanières et d’import-export ainsi que sur le travail de terrain mené par l’organisme à but non lucratif Wildlight et l’association Clean Up Kenya, qui ont compilé plus de 80 entretiens avec des marchands kényans et se sont rendus sur des sites-clés.

« Ce déluge de vêtements usagés représente en moyenne 17 articles par an par Kényan, dont 8 sont inutilisables » car abimés, souillés ou non adaptés au climat ou à la culture locale, illustre l’enquête nommée « Trashion », néologisme formé de « trash » (ordures) et « fashion » (mode).

« Les impacts de la pollution du sol, de l’eau et de l’air sont considérables », selon l’ONG.

Sur les photos et vidéos jointes au rapport, figure la décharge à ciel ouvert de Dandora, aux portes de Nairobi, où « 4.000 tonnes » d’immondices sont déversées chaque jour, dont « une proportion significative » de textiles d’export, selon Changing Markets Foundation.

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Mais aussi les rives du fleuve Nairobi polluées de déchets textiles, et les témoignages de Kényans travaillant dans le commerce de seconde main, racontant leurs salaires de misère et le risque pour leur santé, notamment en inhalant les fumées de vêtements synthétiques qui brûlent.

« Les pays occidentaux se servent du commerce de seconde main comme d’une soupape de décompression pour faire face à l’énorme problème des déchets issus de la fast fashion », suppose l’ONG.

Cette dernière préconise notamment l’utilisation de matériaux non toxiques et durables et la mise en place de filières à responsabilité élargie des producteurs – existant déjà en France.

Environ 30% des vêtements donnés par les pays occidentaux atterrissent dans des décharges ou des incinérateurs des pays du Sud, selon l’institut Hot or Cool.

© AFP

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    • LETE

    Je pense que c’est se battre contre un mur. Il et bon bien évidement que chacun d’entre nous prennent conscience de ce phénomène de surconsommations, que ce soit dans le textiles ou tout le reste. Nous sommes en train de nous tuer à petits feux. Le monde et incorrigible tand que nous seront pas au pied du mur rien n’avancera à ce niveau.
    On pense que la planète peut tout supporter  » grave erreur  » des humains pour qui la plupart ne comprenne rien et qui vont se retrouver sur une terre de désolation ou plus personnes ne pourra vivrent.
    Le pire sera pour pour les enfants que nous mettons au monde subiront les erreur de leurs parents, alors pourquoi donner la vie ?
    Il y a beaucoup de reportages que tout le mondes peut voir et qui devrait pouvoir nous réveiller ce qui nous attends dans les décennies a venir.
    Il faut absolument faire confiance aux scientifiques qui tire à sonnette d’alarme et ce depuis des décennies mais beaucoup passe à côté et disent couramment  » que voulez vous que l’ont y fassent, c’est comme ça  »
    Pour finir nous devons fabriquer qu’avec des matières recyclables et non le contraire, c’est nos états de faire des lois et les mettre en applications..