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A la saison des amours, le chant des baleines s’est tu et c’est bon signe

chant des baleines

Jadis décimées par la chasse, les baleines à bosse avaient l'habitude de chanter pour se reproduire près des côtes d'Australie © AFP/Archives RODRIGO BUENDIA

Paris (AFP) – Jadis décimées par la chasse, les baleines à bosse avaient l’habitude de chanter pour se reproduire près des côtes d’Australie.

Leur population s’étant rétablie, la compétition s’est accrue et les mâles doivent désormais se battre pour attirer les femelles, selon une étude.

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Le chant des baleines (ou rorquals) à bosse, émis par les mâles, figure parmi les plus complexes du règne animal. Si son rôle exact fait débat chez les scientifiques, il est admis que cette musique permet à un mâle dominant de s’accaparer une femelle pour en devenir ce qu’on appelle l’escorte principale.

Leurs parades sont aussi faites de combats, bousculades… Autant de stratégies qui permettent d’éloigner les concurrents et de maximiser les chances de reproduction au sein d’un groupe.

Une étude menée près des côtes orientales de l’Australie, où ces immenses cétacés migrent à la saison des amours, montre qu’au fil du temps, les cétacés ont su modifier ces tactiques pour s’adapter à l’évolution de la population.

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La chasse commerciale pratiquée au cours du XXe siècle avait conduit l’espèce « au bord de l’extinction », rappelle l’étude publiée jeudi dans la revue Communications Biology.

 Individus chanteurs

Dans les eaux de l’est australien où se trouve la Grande Barrière de corail, leur population est ainsi passée de 26.000 individus à environ 200 dans les années 1960.

L’interdiction internationale de la chasse à la baleine dans les années 1980 a entraîné un rebond spectaculaire de leurs effectifs: de 3.700 individus recensés en 1997, la population est passée à 27.000 en 2015, détaillent ces travaux menés par deux chercheuses de l’université du Queensland à Brisbane.

Elles ont étudié le site de Peregian Beach, lieu « unique » pour l’observation de grands groupes de baleines qui, venus d’Antarctique, viennent s’accoupler tout près des côtes, explique à l’AFP Rebecca Dunlop, l’une des auteures.

Le comportement des cétacés y est étudié depuis les années 1990, à l’aide de systèmes de traçage, à la fois acoustiques –afin d’identifier les individus chanteurs– et visuels pour surveiller le comportement des rorquals dont l’espérance de vie est estimée à environ 60 ans.

Les chercheuses ont analysé ces données récoltées durant 18 ans, combinées à des biopsies permettant d’identifier le sexe. Et découvert « qu’au cours des premières années, une large proportion de mâles utilisaient le chant comme signal pour attirer les femelles », rapporte Rebecca Dunlop.

 Succès reproducteur

Il était alors très rare de voir des groupes en compétition. Mais au début des années 2000, à mesure que la population se rétablissait, les scientifiques ont remarqué une diminution de l’utilisation du chant comme stratégie d’accouplement, la proportion de baleines chanteuses tombant à une sur dix seulement en 2015.

Cela peut se comprendre: quand un prétendant chante, il prend le risque que sa douce musique attire en même temps des concurrents et l’interrompe dans son entreprise de séduction. Le mâle peut alors quitter la zone de reproduction, dépité d’avoir « déployé tant d’efforts en vain », analyse la biologiste.

Donc plus il a de concurrents autour de lui, moins cette tactique s’avère payante. D’où le changement de stratégie observé: face à l’augmentation de la densité, les baleines ont opté pour le combat physique.

Le mâle qui est parvenu à devenir l’escorte principale de sa partenaire potentielle va alors charger son compétiteur. « On peut voir des coups de tête en surface où une baleine essaie d’en frapper une autre, des baleines se poursuivant… », décrit Rebecca Dunlop.

Si certains continuent de préférer la méthode pacifique, sans doute par crainte de se blesser, la majorité s’est convertie à la confrontation physique. Grâce à cette flexibilité de leur comportement, les baleines ont augmenté leur succès reproducteur, ce qui a pu contribuer à repeupler les mers et ainsi éviter l’extinction, suggère l’étude.

D’autres animaux ont vu leur comportement sexuel changer avec l’évolution de leur population, notamment les antilopes saïga victimes de braconnage, ou certains rongeurs.

© AFP

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