France : entre canicules et Covid, un été 2022 meurtrier

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Un étang partiellement asséché près d'Aire-sur-Adour, dans le sud-ouest de la France, le 9 août 2022 © AFP/Archives GAIZKA IROZ

Paris (AFP) – Un excès de mortalité estimé à plus de 10.000 décès. C’est le bilan de l’été en France, avec deux grands coupables: une épidémie persistante de Covid et, surtout, des canicules à répétition qui témoignent des effets meurtriers du réchauffement climatique.

Lors du deuxième été le plus chaud depuis 1900, il y a eu 10.420 décès en excès entre le 1er juin et le 15 septembre, selon une estimation donnée lundi soir par l’agence Santé publique France (SpF) dans un bilan « Canicule et santé ».

Une partie des décès excédentaires se concentre sur les trois épisodes de canicule: 2.816 enregistrés sur ces seules périodes.

Que signifie un excès de mortalité ? C’est le nombre de décès observé par rapport à celui attendu, établi en le comparant aux cinq étés/périodes précédentes, et ajusté en fonction du vieillissement démographique.

Le bilan de la surmortalité lors des canicules de 2022 est « le plus important depuis 2003 », année mémorable pour sa canicule de trois semaines d’affilée qui avait causé 15.000 décès, a souligné SpF. A la suite de cela, un plan national canicule avait été créé.

Une part de la surmortalité de l’ensemble de l’été 2022 (du 1er juin au 15 septembre) est aussi « vraisemblablement due à une exposition à de fortes chaleurs » sous « les seuils d’alerte canicule ». Il faudra attendre début 2023 pour avoir une estimation précise de leur rôle spécifique.

 Trois canicules

Si cet été a été spécialement chaud et sec, il a aussi été marqué par une recrudescence de Covid.

Difficile de dissocier les deux. « Il y a une interaction complexe », a résumé lors d’un point presse Guillaume Boulanger, responsable de l’unité « Qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations » de SpF. « Le Covid-19 a pu augmenter la vulnérabilité à la chaleur pour certaines personnes », et réciproquement.

D’autres éléments, comme des accidents de la route ou des noyades, ont pu influencer « mais à la marge » l’excès de mortalité.

Lors d’un été aux multiples manifestations de réchauffement climatique, la France a notamment traversé trois canicules « intenses et remarquables »: une en juin, d’une précocité inédite, une en juillet, la plus longue et qui a touché les deux tiers des Français, une dernière en août.

Les 75 ans et plus ont été les plus touchés par la surmortalité dans ces périodes: un décès en excès sur six a concerné cette tranche d’âge (2.272 décès en excès, +20,2%).

Géographiquement, aussi, les effets ont été inégaux. Quatre régions, principalement du sud de la France (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle Aquitaine, Occitanie, Provence-Alpes Côte d’Azur) ont cumulé près des deux tiers de l’excès de décès national lors des canicules.

Mais trois autres régions ont affiché les plus fortes proportions d’excès de mortalité: la Bretagne, moins acclimatée aux canicules car peu affectée jusqu’à cette année, l’Ile-de-France, densément peuplée et urbanisée, et le Grand-Est.

Le corps humain éprouvé

Sept accidents du travail mortels « en lien possible avec la chaleur » ont aussi été notifiés. Survenus principalement lors d’une activité en extérieur, dont trois dans la construction, ils concernaient des hommes de 39 à 54 ans.

Ce bilan confirme que les canicules, dont l’accumulation est un effet du réchauffement climatiques, sont meurtrières et que le phénomène s’accélère.

Sur les huit derniers étés, les canicules ont occasionné « plus de 10.500 décès en excès » en France, a observé Santé Publique France.

Mais même hors des périodes de canicules, les fortes chaleurs éprouvent le corps humain, davantage pour les populations à risque: enfants, personnes âgées, travailleurs, sportifs etc.

De début juin à mi-septembre, plus de 17.000 passages aux urgences et 3.500 consultations SOS Médecins ont ainsi été enregistrés en métropole.

Les fortes vagues de chaleur ont touché toute l’Europe cet été, autant des pays coutumiers de ces phénomènes, comme l’Espagne, que d’autres, affectés pour la première fois, comme le Royaume-Uni.

Une première estimation publiée le 7 novembre par l’OMS Europe à l’occasion de la COP27, faisait état d’au moins 15.000 décès en Europe liés aux vagues de chaleurs d’un été également marqué par des sécheresses et incendies. « Le changement climatique nous tue déjà, mais une action forte aujourd’hui peut éviter davantage de morts », a plaidé l’institution.

Le continent européen est celui qui se réchauffe le plus vite, enregistrant une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire lors des trente dernières années, selon l’ONU.

© AFP

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Un commentaire

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    • denise

    Pour sauver les campagnes il faut aider les villes à se mettre aux normes !
    L’eau est recyclable à 100% et à l’infini mais pas en France (0.8%), la seule et unique méthode pour perdre de l’eau douce c’est de la jeter en mer au lieu de la recycler PROPREMENT dans les terres.
    L’eau est un bien commun qui commence par la pluie, les villes rejettent 90% des pluies dans la mer via les rivières et épuisent les nappes phréatiques l’été en ne recyclant pas l’eau (et en polluant les rivières …).

    Dans les rapports du GIEC il est clairement écrit qu’il n’y aura pas moins d’eau mais une dégradation dans la répartition annuelle des pluies (inondations et sécheresses) ! Inondation c’est quand l’eau repart trop vite vers la mer, sécheresse c’est quand elle est repartie trop vite…
    Après une sécheresse historique il faut mathématiquement se préparer à des inondations historiques !

    Une pluie, même forte, n’est pas un raz de marée mais elle ne devient AUTOMATIQUEMENT si on ne retient pas l’eau : Retenir en AMONT pour ne pas inonder en AVAL ! Actuellement les rivières françaises rejettent entre 50 et 70% des précipitations (La Sèvre Niortaise est à 75%) alors qu’il ne faudrait jamais dépasser les 30% … ce qui provoque un assèchement mathématique des bassins hydrologiques. Avec 10% du volume des inondations on ne parlerait plus de sécheresse. Donc contrairement aux idées reçues ce sont les excès d’eau qu’il faut gérer intelligemment pour ne pas inonder l’hiver et ne pas en manquer l’été !
    .
    Avec DEUX fois plus de précipitations on aurait DEUX fois plus d’inondations mais toujours pas assez d’eau l’été. Tous les ans les indemnités sécheresses et inondations coutent des milliards aux contribuables sans parler des vies humaines et de la destruction de la biodiversité.