En Ecosse, une pépinière verticale source d’espoir pour les promesses de neutralité carbone


Le chercheur écossais Kenny Hay dans une ferme verticale de l'entreprise Intelligent Growth Solutions, le 18 octobre 2022 à Inergowrie, près de Dundee, en Ecosse © AFP Andy Buchanan

Dundee (Royaume-Uni) (AFP) – Entouré de jeunes arbres qui sont peut-être en première ligne pour la bataille britannique de la neutralité carbone, le chercheur écossais Kenny Hay s’enthousiasme: « Les premiers résultats sont stupéfiants ».

Dans cette « ferme verticale » en intérieur, les arbres, dopés par des diodes LED violettes ou vertes, poussent six fois plus vite que s’ils étaient plantés en extérieur.

Une telle avancée est susceptible de bouleverser le secteur et aider le Royaume-Uni d’atteindre ses objectifs, fixés à 2050, en terme de neutralité carbone, selon l’organisme Forestry and Land Scotland, qui gère la forêt écossaise.

Les fermes verticales ont pris de l’ampleur ces dernières années dans le monde avec comme objectif de fournir en produits frais, tout au long de l’année, les populations urbaines.

Installées dans des entrepôts truffées de technologies, elles proposent souvent des herbes et salades dans des containers hors-sol entreposés sur plusieurs étages, sous un éclairage artificiel, sans pesticide et avec un apport d’eau très contrôlé.

Elles ont bénéficié ces dernières années d’importantes avancées technologiques, des diodes Led ayant permis de réduire considérablement la facture d’électricité à la robotique en passant par la vision par ordinateur et l’intelligence artificielle.

Appliquant cette technologies aux arbres, les essais menés en Ecosse en collaboration avec l’entreprise spécialisée Intelligent Growth Solutions (IGS) indiquent que certains plants atteignent 40 à 50 centimètres en 90 jours. Une taille qui nécessiterait 18 mois en extérieur.

Le gestionnaire forestier écossais prévoit de planter environ 24 millions d’arbres par an, mais le besoin de planter rapidement augmente la demande pour des plants de qualité, explique Kenny Hay.

Mais le projet, qui occupe 300 m2, a un « potentiel énorme », souligne-t-il.

« On peut faire pousser une quantité énorme d’arbres sur un espace très très réduit », ce qui peut aider à lutter contre le réchauffement climatique, explique-t-il. « Nous allons à présent regarder attentivement comment on peut intégrer » cette méthode « dans nos processus habituels ».

Dans cette pépinière verticale du James Hutton Institute près de Dundee (sud-est de l’Ecosse), un technicien appuie sur un bouton qui envoie un ascenseur au sommet de neuf mètres de rayonnages, qui contiennent des plateaux de plants.

L’air y est chaud et humide, dans des conditions idéales.

L’un des vertus du projets est que les chercheurs peuvent régler au plus précis lumière, humidité, eau, température et sol afin que chaque plant bénéficie de sa propre « recette », explique à l’AFP Dave Scott, le fondateur d’IGS.

Eau et nutrition sont pilotées par ordinateur et alimentent les plants via un réseau de tuyaux en plastique.

Les pépinières verticales travaillent dans une atmosphère plus humide et perdent ainsi bien moins d’eau par transpiration par rapport à des arbres élevés sous serres et tunnels plastiques.

Selon Dave Scott, ces progrès ont été rendus possibles grâce aux avancées des technologies LED: chaque espèce d’arbre se voit assigner des diodes uniques, dont la couleur est spécialement adaptée.

« Ces dernières années, la technologie LED a atteint un point de bascule, avec une efficacité doublée tous les deux ans », a-t-il expliqué.

L’un des échantillons a donné lieu à une croissance trop rapide, laissant les racines trop faibles pour que l’arbre résiste au vent.

Un nouvel essai est à présent mené pour essayer de ralentir la croissance et s’assurer que les arbres des racines suffisamment solides.

« On peut les étirer, les rétrécir, les stresser délibérément pour les préparer au monde extérieur, on peut faire plein de choses », explique-t-il. Et chaque année, ajoute-t-il, a apporté des résultats meilleurs que l’année précédente.

© AFP

Un commentaire

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    • Matthias Heilweck

    Dans ce cas il faudrait aussi les confronter à tous les parasites, insectes et champignons présents dans la nature et leur vitesse de pousse rejoindrait la vitesse de pousse naturelle. C’est typiquement une fausse bonne idée. Planter des arbres ne suffit pas. Il faut aussi qu’ils puissent grandir pour stocker du carbone.