Pièces d’occasion et reconditionnement : le recyclage des voitures en vogue

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Des carcasses de voitures compressées dans l'entreprise "Surplus recyclage" à Gaillac, dans le Tarn, le 6 octobre 2022 © AFP Charly TRIBALLEAU

Gaillac (France) (AFP) – En France, environ 1,4 million de véhicules hors d’usage sont chaque année recyclés. Si certains sont broyés, d’autres bénéficient d’une nouvelle vie à l’instar des engins traités par une entreprise tarnaise, qui propose pièces détachées et véhicules reconditionnés.

« Notre cœur de métier, c’est la récupération de pièces de réemploi », explique à Laurent Hérail, président du Groupe Surplus Recyclage (GSR), à la tête d’un complexe de 30 hectares aux allures de site industriel traitant 24.000 véhicules par an et proposant 750.000 pièces d’occasion sur son site internet.

Sur les parkings de l’entreprise en périphérie du bourg de Gaillac, des moissonneuses carbonisées, camions cabossés, motos et voitures accidentées attendent d’être acheminés dans les hangars attenants où ils seront désossés, vidés de leurs pièces réutilisables et, pour certains, remis en état de rouler.

La société prend en charge tout type de véhicule, de la pelleteuse à la Porsche, et figure parmi les plus gros centres de traitement des véhicules hors de service (VHU) agréés sur le territoire.

Ils ont pour responsabilité de reprendre gratuitement tout véhicule hors d’usage et de mener à bien à la fois leur dépollution complète et leur recyclage, en respectant un taux de réutilisation, de recyclage et de valorisation énergétique du véhicule de l’ordre de 95% du poids de l’engin.

Ce taux, fixé en 2015 à l’échelle européenne, et « les 5% restants sont enfouis car ce sont les déchets ultimes », assure Patrick Poincelet, président de la branche recyclage de Mobilians, le syndicat des professionnels de l’automobile.

La France en retard

Pour autant, des voies d’amélioration existent car la France reste « en retard » par rapport à certains de ses voisins, notamment nordiques, sur le marché de la pièce d’occasion.

« Aujourd’hui, seul un centre VHU sur deux fait de la pièce détachée », évalue Jean-Pierre Labonne, en charge de la thématique de la déconstruction automobile pour la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec).

C’est le cas du Groupe Surplus Recyclage qui a même cherché à « industrialiser » ce marché, en proposant sur son site internet des milliers de moteurs, portières, joints de culasse… « de toutes les marques » et « garantis deux ans », détaille son président, Laurent Hérail.

Pour ce faire, la société a tissé des partenariats avec des assurances afin de leur racheter à moindre prix les véhicules accidentés qui peuvent être quasiment neufs, mais jetés car économiquement ou techniquement irréparables.

Dans les entrepôts flambants neuf, les mécaniciens se glissent sous des voitures aux vitres brisées, parfois totalement encastrées, hissées à plusieurs centimètres du sol, pour en extirper les pièces.

« Nous récupérons 15 à 20 pièces par voiture, et 30 à 35 sur les motos », explique le patron, « mais on pourrait faire bien plus ». D’autres pays en Europe récupèrent plus de quarante pièces, et les États-Unis plus de cent, pointe-t-il.

Intérêt écologique

Mais en France, la demande fait défaut. Jusqu’alors les particuliers, réparateurs et experts d’assurances étaient frileux à l’idée d’utiliser des pièces d’occasion. Mais pour des raisons économiques et écologiques, « c’est en train de changer », se réjouit-il.

« Au départ, on était sur du 100% de vente aux particuliers et maintenant on arrive carrément à du 50-50 avec les professionnels », précise Laurent Hérail. Une évolution notamment liée à l’entrée en vigueur en 2017 de l’obligation pour les professionnels de l’entretien ou de la réparation automobile de proposer aux usagers des pièces de réemploi.

Par ailleurs, « le marché intéresse aujourd’hui les assureurs », complète Jean-Pierre Labonne de la Federec. « Cela permet aux assurés qui auraient un véhicule économiquement non réparable (avec des pièces neuves, NDLR) de le réparer », confirme Nuno Borges, expert conseil national chez Generali France, partenaire du groupe GSR.

Les pièces de seconde main étant « vendues entre 50 à 70% du prix de la pièce neuve », l’intérêt est de faire baisser le coût des réparations et « d’immobiliser le véhicule moins longtemps » car « la pénurie de matière, et le fait que l’on ait des pièces qui viennent de l’autre bout de la planète », a complexifié le marché de la réparateur.

L’entreprise va même plus loin et propose à la vente depuis cette année des véhicules reconditionnés à partir des pièces d’occasion dont ils disposent.

© AFP

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