La triste et étonnante adaptation des oiseaux à nos déchets plastiques documentée grâce à la science participative

oiseaux plastiques

Un nid de cygne avec des déchets plastiques au Royaume-Uni. Il s'agit d'une des images envoyées par les internautes au projet de sciences participatives Birds and Debris DR Felicity Larson / Birds and Debris

Partout dans le monde, les oiseaux se sont accoutumés à vivre dans nos déchets. Tel est le constat dressé par des scientifiques qui conduisent le projet Birds and Débris dont BBC News se fait l’écho. Depuis 4 ans, ces derniers demandent aux internautes du monde entier de partager leurs photos d’oiseaux nichant dans les déchets, ou y cherchant de quoi se nourrir ou de quoi construire leurs nids. On y voit des oiseaux avec des cordes, du matériel de pêche ou encore des ballons gonflables. Initialement, avec ce projet de science participative, les chercheurs voulaient mettre en lumière le problème que représente la présence des déchets plastiques dans l’environnement. Depuis la pandémie de Covid-19, un quart des clichés envoyés aux chercheurs montrent la présence de déchets médicaux, notamment les masques. Le docteur Alex Bond du Museum d’Histoire Naturelle de Londres explique : « de façon schématique, si un oiseau utilise des fibres longues naturelles pour construire son nid, comme des branches, des roseaux ou des algues, alors il y a de grandes chances qu’il y ait quelque part dans le nid des déchets d’origine humaine. » Les images reçues montrent l’ampleur du phénomène au Royaume-Uni, en Amérique du Nord, en France, au Japon, au Sri Lanka et en Australie. Alex Bond ajoute que « quand on commence à regarder, on voit les déchets et le plastique partout. C’est un problème mondial. » L’exposition aux plastiques, qui ne sont pas biodégradables et mettent des décennies à se décomposer dans l’environnement, menace la faune sauvage qui les ingurgitent, ou se retrouve piégée ou blessée par les déchets. Les scientifiques en charge du projet Birds and Debris appellent donc à lutter efficacement contre la pollution aux plastiques tant au niveau individuel que collectif. Alex Bond affirme cependant que « changer pour une brosse à dent en bambou ou faire ses courses avec un sac en tissu n’est pas suffisant pour sauver le monde puisque la production de plastiques est actuellement de grande ampleur pour des usages industriels et commerciaux. » Les scientifiques fondent donc leurs espoirs sur un traité interdisant ou limitant drastiquement les plastiques sur le modèle de ce qui a été accompli dans les années 1980 quand le Protocole de Montréal a interdit les substances chimiques détériorant la couche d’ozone.

Julien Leprovost

Toutes les photographies envoyées par les internautes sur Birds and Débris où vous pouvez vous aussi contribuer en partageant vos clichés.

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