Canicule: EDF pourrait abaisser sa production nucléaire et arrêter un réacteur

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EDF pourrait être contraint d'abaisser sa production nucléaire et même arrêter un réacteur de la centrale du Tricastin en raison des températures élevées des fleuves © AFP/Archives PHILIPPE DESMAZES

Paris (AFP) – EDF pourrait être contraint d’abaisser sa production nucléaire ces prochains jours et même arrêter un réacteur de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison des températures élevées des fleuves, alors que la France traverse une nouvelle canicule.

« En raison des prévisions de températures élevées sur le Rhône, des restrictions de production sont susceptibles d’affecter le site de production nucléaire de Tricastin à partir du 6 août 2022 pouvant aller jusqu’à l’arrêt d’une tranche », indique le producteur d’électricité dans un message destiné aux marchés.

« Cependant une production d’au moins 400 MW devra être assurée avec le maintien de 2 tranches couplées pour contraintes réseau », précise l’entreprise. Tricastin compte 4 réacteurs de 900 MW chacun.

EDF avait déjà prévenu, depuis vendredi, que la production de la centrale pourrait être affectée en raison de l’échauffement des cours d’eau, utilisés pour refroidir les réacteurs.

« A date, seul le réacteur n°2 de Tricastin a modulé sa puissance afin de respecter son arrêté de rejets à deux reprises, durant quelques heures, les 29 et 31 juillet », a indiqué à l’AFP un porte-parole d’EDF mercredi après-midi.

EDF a aussi mis en garde sur de possibles « restrictions de production » à la centrale de Saint-Alban (Isère), elle aussi sur les bords du Rhône, avec toutefois une production minimale également prévue.

De telles restrictions sont aussi envisagées à la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) en raison cette fois de prévisions de températures élevées pour un autre fleuve, la Garonne.

Chaque centrale a ses propres limites réglementaires de température de rejet de l’eau à ne pas dépasser, afin de ne pas échauffer les cours d’eau environnants et d’en protéger la faune et la flore. Les centrales pompent en effet l’eau pour le refroidissement des réacteurs, avant de la rejeter.

La réglementation prévoit de possibles dérogations temporaires sur certains sites et de telles dérogations ont été accordées récemment à quatre centrales pour qu’elles puissent fonctionner pendant les fortes chaleurs.

« Les chaleurs intenses et étendues ont significativement impacté le système électrique du continent », a souligné Fabian Ronningen, du cabinet Rystad Energy, alors que les prix de l’électricité ne cessent d’augmenter en Europe.

Le nucléaire est loin d’être le seul en cause. De faibles niveaux pour l’hydroélectricité ont « commencé bien longtemps avant le début de l’été » mais « les vagues de chaleur en juin et juillet ont ajouté de la pression, avec l’Europe du sud frappée particulièrement durement », a rappelé l’expert dans une note.

« Un autre impact du temps chaud est la hausse de la demande électrique, principalement en raison des besoins accrus en climatisation », remarque Fabian Ronningen.

Les prix de l’électricité n’ont cessé de grimper, pour atteindre des records, en particulier en France. L’électricité pour livraison l’an prochain en France s’échangeait à plus de 520 euros le mégawattheure, contre moins de 300 euros mi-juin, sur les marchés à terme.

Cette tendance s’explique par de nombreux facteurs: outre l’effet de la chaleur, elle est notamment alimentée par les prix élevés du gaz et la faible disponibilité du parc nucléaire français, avec 12 réacteurs sur 56 mis à l’arrêt pour des problèmes de corrosion.

© AFP

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Un commentaire

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    • DENISE laurent

    Avec l’eau on gère un cycle pas une quantité, l’eau n’est pas consommée mais utilisée, elle est recyclable à l’infini et la seule façon de perdre de l’eau douce c’est de la jeter en mer via les rivières. À l’échelle de la Nouvelle Aquitaine, Il suffit de 20mm de pluie pour couvrir les besoins d’une année irrigation comprise.

    En Nouvelle Aquitaine les rejets urbains (pluies et eaux usées) représentent un volume DIX fois plus importants que les prélèvements agricoles dans les nappes l’été donc de quoi irriguer la TOTALITÉ de la SAU … Actuellement les rejets urbains sont trop toxiques pour être exploités en agriculture donc ils sont dilués dans les rivières …

    Contrairement aux idées reçues, les deux tiers des précipitations continentales proviennent de la végétation (évapotranspiration) et seulement un tiers de l’évaporation en mer, la végétation ne consomme pas d’eau mais provoque les pluies dans un rapport 2/3 1/3 : 2 litres d’évapotranspiration produisent 3 litres de pluies et c’est aussi pour cela qu’il ne pleut pas dans les déserts ( sources : https://www.inrae.fr/actualites/nouvelle-representation-du-cycle-leau-integrant-activites-humaines )

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