Climat : le monde ne se prépare pas suffisamment au pire, alertent des scientifiques

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Les événements extrêmes tels que les incendies de forêt sont rendus plus probables par la sécheresse induite par le changement climatique. © AFP/Archives DAVID MCNEW

Paris (AFP) – L’éventualité d’un enchaînement de catastrophes à cause du réchauffement de la planète est « dangereusement sous-exploré » par la communauté internationale, alertent des scientifiques dans une étude publiée mardi, appelant le monde à envisager le pire pour mieux s’y préparer.

Dans un article publié dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences), les chercheurs affirment que trop peu de travaux ont été consacrés aux mécanismes susceptibles d’entraîner des risques « catastrophiques » et « irréversibles » pour l’humanité : par exemple, si les hausses de température sont pires que prévues ou si elles provoquent des cascades d’événements non-encore envisagés, voire les deux.

« C’est sur les scénarios qui comptent le plus que nous en savons le moins », écrit Luke Kemp, du Centre d’étude du risque existentiel de Cambridge.

Plus les recherches sur les points de basculement du climat de la Terre – comme la fonte irréversible des calottes glaciaires ou la perte de la forêt amazonienne – se multiplient, plus il devient nécessaire de prendre en compte les scénarios à haut risque dans la modélisation du climat, explique Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam sur les impacts climatiques et co-auteur.

« Les voies de la catastrophe ne se limitent pas aux impacts directs des températures élevées, tels que les événements météorologiques extrêmes. Les effets d’entraînement tels que les crises financières, les conflits et les nouvelles épidémies pourraient déclencher d’autres calamités, et entraver le rétablissement après des catastrophes potentielles telles que la guerre nucléaire », ajoute Luke Kemp.

L’équipe propose en réponse un programme de recherche pour aider les gouvernements à combattre les « quatre cavaliers » de « l’apocalypse climatique » : la famine et la malnutrition, les phénomènes météorologiques extrêmes, les conflits et les maladies à transmission vectorielle.

Les auteurs soulignent que les rapports scientifiques successifs des experts climat de l’ONU (Giec) se sont principalement concentrés sur les effets prévus d’un réchauffement de 1,5 à 2°C.

Mais les actions actuelles des gouvernements placent plutôt la Terre sur la trajectoire d’un réchauffement de 2,7 °C d’ici la fin du siècle, loin des 1,5 °C visés par l’accord de Paris en 2015.

L’étude suggère qu’une certaine tendance scientifique à « privilégier le moins pire scénario » a conduit à ne pas prêter suffisamment attention aux impacts potentiels d’un réchauffement de 3°C ou plus.

Ces chercheurs ont calculé que les zones de chaleur extrême – avec une température moyenne annuelle supérieure à 29 °C – pourraient concerner deux milliards de personnes d’ici à 2070.

Ces températures posent un risque majeur de « pannes de grenier » dues à des sécheresses comme celle qui frappe actuellement l’Europe occidentale et à des vagues de chaleur comme celle qui a frappé la récolte de blé en Inde en mars/avril.

© AFP

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2 commentaires

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    • Guy J.J.P. Lafond

    Bonne mise en garde. Merci.
    Et il semblerait qu’en Occident beaucoup de personnes sont encore sur le réflexe de s’enrichir rapidement par tous les moyens possibles. Et le reste, ils s’en balancent. Mauvais réflexe!
    La vie sur Terre nous a été donné pour que nous la protégions et pour que nous la transmettions aussi à nos descendant(e)s de manière respectueuse et raisonnable.
    Aujourd’hui par exemple, des présidents de grandes multinationales reçoivent des boni en millions de dollars alors même que leurs activités détruisent notre planète. Et des chefs d’État se rangent derrière eux.
    La société civile va donc devoir monter au front. Cessons d’être des fatalistes paresseux et agissons avec raison! En le faisant, ce sont nos enfants qui nous remercierons plus tard.
    RAPPEL: pendant les cent dernières années, nous nous sommes empressés d’extraire des énergies fossiles de la Terre et de les brûler en très grande quantité, tout cela pour aller plus vite.
    Quelles en sont les conséquences maintenant: trop de particules de CO2 et de pollution dans l’atmosphère et à la surface du sol. Chaleurs extrêmes qui voyagent aux quatre coins de la Terre sans exception. Pluies diluviennes, feux de forêts, ouragans, tornades se multiplient.
    Pourtant, il serait si facile de s’en sortir en prônant une utilisation plus sage des énergies fossiles à l’échelle de la planète.
    N’ayons pas peur de mettre de bonnes solutions en place. La majorité de la population humaine se concentre dans les grands centres urbains. Si on vote des lois pour éliminer complètement des embouteillages monstres dans les villes, nous auront gagné une bataille importante. Il faudra donc rappeler gentiment à tous ces conducteurs solitaires au volant de gros véhicules de loisir (VUS) pesant souvent plus de 1,5 tonnes que ce luxe excessif n’a plus sa place sur notre si fragile planète bleue.
    Donnons la priorité aux véhicules qui déplacent des vivres et des marchandises essentiels.
    Action!
    @GuyLafond
    Montréal et Ottawa
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329

    • Balendard

    Merci pour vos commentaires pleins de vérité Mr Lafond

    Si l’on observe ce qui se passe actuellement sur terre force est de constater qu’Homo sapiens ne pourra impunément sans en supporter les conséquences consommer en deux ou 3 siecles ce que la nature à mis plusieurs millions d’années à constituer

    Pour sortir de l’impasse dans laquelle il est entrain de s’enfoncer et rétablir l’équilibre thermique sur terre il va falloir qu’il fasse également pour son habitat ce qu’il commence à faire pour sa voiture : satisfaire ses besoins en changeznt de chaîne énergétique et en abandonnant pendant une petite centaine d’années la combustion ainsi la fission de l’atome.

    Cela me semble possible grâce à la
    « Solar Water Economy »