Afrique du Sud: un nouveau sanctuaire pour bébés rhinos, privés de mamans

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Baby Benji, rhinocéros âgé de quelques mois, le 14 juillet 2022, dans un sanctuaire sud-africain © AFP GUILLEM SARTORIO

Mokopane (Afrique du Sud) (AFP) – Déménager, c’est toujours un peu pénible. Y compris chez les rhinocéros. Il aura fallu six semaines à une équipe de vétérinaires spécialisés pour déplacer plus de 30 jeunes rhinocéros orphelins vers un nouveau sanctuaire.

Ils espèrent que là, dans un lieu tenu secret, perdu dans la végétation luxuriante de la province sud-africaine du Limpopo (nord), les animaux seront à l’abri des braconniers qui ont tué leurs mères.

« On ne peut pas juste les déplacer tous d’un coup et dire +allez hop, maintenant chez vous c’est ici+. Il faut faire les choses avec délicatesse, ils sont très sensibles », explique Yolande van der Merwe, directrice de l’Orphelinat des rhinocéros.

Sa mission auprès de ces bébés au cuir épais et à la gueule rectangulaire tient en trois mots: « secourir, requinquer et relâcher ».

A la naissance, ces rhinos blancs pèsent une quarantaine de kilos. « Ils sont tout petits, pas plus hauts que mon genou », montre Yolande. Après, ils mangent énormément et prennent plus d’un kilo par jour. A un an, ces beaux bébés approchent de la demi-tonne.

L’organisation s’est déplacée en juillet dans un enclos plus vaste qui lui a été généreusement donné, après l’expiration de son ancien bail.

Baby Benji, un petit rhino de seulement quelques mois, a été le dernier à déménager. Orphelin de fraîche date, l’équipe redoutait qu’il ne « pète un plomb » pendant son transfert pour lequel il a été anesthésié et chargé à l’arrière d’un 4×4.

Mais son copain Bouton, le mouton, est resté collé à lui pendant tout le voyage, rassurant le petit rhinocéros.

« La plupart du temps, leurs mères ont été braconnées », explique Pierre Bester, vétérinaire de 55 ans qui travaille avec l’orphelinat depuis sa création il y a une dizaine d’années. « C’est une guerre là dehors », dit-il.

Contact et chaleur

L’Afrique du Sud abrite près de 80% des rhinocéros du monde. Mais c’est aussi un haut lieu du braconnage. Ces dix dernières années, des milliers de rhinos y ont été tués pour leurs cornes, très recherchées en Asie, notamment au Vietnam, pour toutes sortes de vertus non démontrées. La corne est composée principalement de kératine, comme les ongles humains.

La corne de rhinocéros reste si recherchée qu’elle peut se vendre plus de 90.000 euros le kilo, via des réseaux mafieux qui contrôlent ce trafic illégal.

Au sanctuaire, les petits orphelins sont dorlotés par une équipe de soignants, presque toutes des femmes, qui se relaient auprès d’eux constamment pour les aider à s’adapter.

« Les rhinocéros gardent leurs petits à leurs pieds toute la journée, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et c’est ce type de soins soutenu dont ils ont besoin », explique la directrice de 39 ans.

Pendant les cinq premiers mois, les volontaires dorment chaque nuit avec les petits rhinos, « on devient leurs mamans », explique Yolande Van Der Merwe. « Ils se collent à nous pendant la nuit, pour le contact et la chaleur » dans une sorte d’étable ouverte.

« Si on veut aller manger un morceau ou passer aux toilettes, on doit se faire remplacer. Sinon le bébé stresse, crie, pleure ». Un son aigu qui évoque le dauphin.

« Il leur faut cet amour, ces soins intenses pour qu’ils puissent surmonter le traumatisme », ajoute-t-elle.

Dans le nouveau sanctuaire, Baby Benji et ses amis bénéficient d’un enclos plus grand et de plus d’espace pour se déplacer librement.

Ils sont équipés d’émetteurs spéciaux permettant de suivre leurs déplacements dans le cadre d’un ensemble de mesures de sécurité destinées à tenir les braconniers à distance. Ici, on n’est jamais trop prudents.

© AFP

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