Guatemala : à la rescousse du « petit endormi », lézard en danger d’extinction

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Vue d'un lézard Heloderma charlesbogerti, dans le Parc régional municipal "Niño Dormido", à Cabañas, Guatemala, le 11 juillet 2022 © AFP Johan ORDONEZ

Cabañas (Guatemala) (AFP) – Son pas lent et sa nonchalance lui ont valu le nom de « Niño dormido » (Petit endormi): dans l’est du Guatemala, des programmes de conservation tentent de sauver ce lézard vénimeux endémique, au bord de l’extinction.

Juan Alvarado, un garde forestier du Conseil national des aires protégées (Conap), tient adroitement l’animal dans ses mains pour éviter toute morsure. Car si le venin de l’animal est rarement mortel, une morsure n’en est pas moins douloureuse.

Le moment est venu de remettre en liberté le « petit endormi », Heloderma charlesbogerti de son nom scientifique, qui avait été trouvé dans un village proche, dans la municipalité de Cabañas, puis amené aux responsables du Parc régional local baptisé lui aussi d’après le surnom du lézard.

Le reptile, à la peau sombre marquée de points et d’anneaux jaune clair, est déposé au sol et se perd lentement dans la végétation de cette région de forêts semi-arides dans la vallée du fleuve Motagua, située au sein de la Réserve de biosphère Sierra de las Minas.

Juan Alvarado, 68 ans, raconte que l’animal a longtemps été victime de la peur qu’inspire son venin, et des légendes qui en font un mauvais présage.

« Un Heloderma vu est un Heloderma mort », résume celui qui, depuis dix-sept ans, consacre sa vie à la protection de l’animal, classé comme espèce « en danger » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Long de 20 à 40 centimètres, l’animal qui se nourrit essentiellement d’œufs et d’oisillons, a aussi fait l’objet de trafic vers l’Europe comme animal de compagnie. « Les Européens auparavant payaient jusqu’à 2.000 dollars pour un spécimen », raconte le garde forestier.

Son venin et les bactéries contenues dans sa salive font aujourd’hui l’objet de recherches scientifiques pour découvrir d’éventuelles propriétés pharmacologiques contre le diabète et le cancer, explique Juan Alvarado.

Il y a vingt ans, la population était évaluée à quelque 200 individus. Aujourd’hui, les autorités estiment leur nombre à 600 individus adultes à l’état sauvage, dont la plupart sont suivis grâce à une puce électronique.

Lorsque des lézards sont découverts dans des zones habitées, la population a désormais le réflexe de les amener au Parc grâce à un programme d’éducation environnementale qui prévoit notamment que les familles puissent échanger les animaux contre de la nourriture.

Jusqu’à présent le « petit endormi » souffrait en particulier de la destruction de son habitat en raison de l’extension des zones agricoles et des incendies de forêt. Il faut y ajouter désormais les effets du changement climatique.

« En élevant les températures dans ces régions, le changement climatique créé un déséquilibre parmi les espèces », explique Francisco Mayorga, 43 ans, conseiller du Conap, qui indique que pendant la saison sèche des lézards sont parfois retrouvés morts de chaleur.

© AFP

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