En Irak, les gazelles de la réserve Sawa meurent de faim

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Des gazelles de Rhim dans la réserve de Sawa, le 8 juin 2022 en Irak © AFP Asaad NIAZI

Samawah (Irak) (AFP) – Il y a un peu plus d’un mois, elles étaient 148 à gambader dans la réserve irakienne de Sawa.

Mais le manque de fourrage dû aux faibles pluies et au peu d’investissements publics a décimé les gazelles. Elles ne sont plus que 87.

Lacs asséchés, précipitations peu abondantes en hiver, températures qui frôlent les 50 degrés en été: l’Irak accuse le coup du changement climatique.

Le président irakien Barham Saleh voit dans la lutte contre les bouleversements climatiques, « une priorité nationale pour l’Irak, car c’est une menace existentielle pour les futures générations ».

Dans le sud de l’Irak, les gazelles de Rhim de la reserve de Sawa sont les malheureuses victimes de cette dérégulation climatique.

40% d’entre elles ont disparu entre fin avril et fin mai, explique Turki al-Jayashi, directeur de la réserve.

Reconnaissables à leur robe pâle, couleur sable et leurs cornes, les gazelles de Rhim, sont surtout présentes dans les déserts de Libye, en Égypte et en Algérie.

L’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), les classe comme espèce « en danger ».

Dans la réserve de Sawa, « il n’y a plus d’approvisionnement en nourriture, car on ne nous verse plus les fonds nécessaires » qui étaient jusque là fournis par le gouvernement, dit-il. « Et le climat a aussi fortement affecté les gazelles ».

L’hiver dernier, il n’a pratiquement pas plu dans cette région quasi-désertique, et les plantes, dont se nourrissent les gazelles, n’ont pas pu croître.

Le sol est irrémédiablement sec, les maigres arbustes qui offraient un peu de nourriture sont rabougris.

Sous un toit de tôle, quelques gazelles se protègent du soleil en buvant l’eau des abreuvoirs et en se partageant un tas de foin.

« Raréfaction de l’eau »

L’été n’a pas encore commencé mais les températures ont déjà frôlé les 50 degrés dans une bonne partie de l’Irak.

Dans le domaine agricole, les récoltes de céréales s’annoncent catastrophiques. La sécheresse est en cause bien sûr, mais aussi des barrages construits en amont en Turquie et Iran, qui ont considérablement réduit le niveau de certains cours d’eau.

La désertification affecte « 39% des terres irakiennes, la raréfaction de l’eau est un problème pour toutes nos régions. Elle va entraîner une baisse de la fertilité des terres agricoles à cause la salinisation », a prévenu le président Barham Saleh.

Pour espérer sauver les gazelles de Rhim de la réserve de Sawa, son directeur Turki al-Jayashi dit avoir reçu 100 millions de dinars (près de 66.000 euros) de la part de la présidence pour soigner les bêtes.

En Irak, d’autres réserves abritent des gazelles Rhim, notamment à Al-Madaïn (sud-est de Bagdad), à Diyala (centre-est de l’Irak) et à Kirkouk (nord).

Mais leur nombre dans ces trois réserves a baissé d’environ 25% au cours des trois dernières années pour passer à 224 individus, selon un responsable du ministère de l’Agriculture qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat.

Il a notamment attribué cette baisse au « manque de financements publics constatés ces dernières années ».

© AFP

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Un commentaire

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    • xavier795

    quelle tristesse cette raréfaction d’eau pour que nos bêtes puissent vivre dignement