Les crises mondiales ne doivent pas détourner l’attention du climat, insiste l’ONU

sécheresse Irak climat Jahila

Un sol craquelé par la sécheresse dans la région agricole de Jaliha, dans le centre de l'Irak, le 26 avril 2022 © AFP/Archives Haidar INDHAR

Paris (AFP) – Les crises qui secouent le monde ne doivent pas entraver la lutte contre la crise climatique, déjà trop timorée, a plaidé la patronne de l’ONU-Climat lundi, en ouvrant des pourparlers censés donner un élan à la prochaine conférence climat de novembre en Égypte.

Les représentants de près de 200 pays sont réunis pour 11 jours de « session intermédiaire » à Bonn, siège de l’agence spécialisée onusienne, pour tenter de concrétiser l’ambition affichée il y a six mois, lors de la COP26 de Glasgow.

La communauté internationale avait alors réaffirmé l’objectif – pour l’heure hors d’atteinte – de contenir le réchauffement à 1,5°C alors que nous sommes déjà à 1,1°C depuis que l’humanité a commencé à utiliser industriellement les énergies fossiles.

Depuis, le monde a été ébranlé par l’invasion russe de l’Ukraine et ses répercussions sur les marchés énergétique et alimentaire, faisant souvent passer la crise climatique à l’arrière plan, malgré la publication d’un nouveau rapport alarmant du Giec, les experts climat de l’ONU.

« Il n’est pas acceptable de dire que nous vivons des temps difficiles » pour justifier l’inaction car « le changement climatique n’est pas une question que nous pouvons repousser à plus tard, » a martelé en ouvrant les pourparlers la Mexicaine Patricia Espinosa, patronne sortante de l’ONU-climat.

« Décisions très difficiles »

Car des points clés restent en suspens à quelques mois de la prochaine COP27, du 7 au 18 novembre à Charm el-Cheikh, station balnéaire sur la mer Rouge.

Et en premier lieu la réduction des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement. « Nous sommes loin de là où la science nous dit que nous devrions être », a insisté Mme Espinosa, prévenant « qu’il va falloir prendre des décision très difficiles ».

Le « pacte climatique » conclu à Glasgow enjoignait aux pays de « revisiter et renforcer » leurs objectifs pour « les aligner » avec ceux de l’accord de Paris « d’ici la fin de 2022 ». « Il nous faut ces plans! » a lancé la patronne d’ONU-Climat, appelant à « faire avancer ces négociations plus vite ».

L’accord de Paris, clé de voûte de la lutte contre le changement climatique, vise à « contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible à 1,5°C.

Or de nombreux pays ne tiennent déjà pas leurs engagements actuels… qui eux-mêmes laissent pourtant les objectifs de Paris « hors de portée » selon les experts du Giec. Ceux-ci estiment que le monde est pour l’instant sur une trajectoire catastrophique de réchauffement de 2,8°C.

L’absence de nouveaux engagements chiffrés à quelques mois de la COP27 illustre la « déconnexion entre les preuves scientifiques d’une crise mondiale en préparation, avec des impacts climatiques inimaginables, et le manque d’actes, » se désole Johan Rockström, directeur de l’Institut de recherche sur l’impact du changement climatique à Potsdam (PIK).

 » Attentes claires « 

Autre dossier brûlant, l’aide des pays riches, souvent les plus gros émetteurs historiques, aux plus pauvres, les moins responsables du réchauffement mais souvent en première ligne de ses impacts.

La promesse de les aider à faire face aux défis du changement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an en 2020 n’est toujours pas tenue.

Et face à la multiplication des sécheresses, inondations et incendies ou de la montée inexorable des océans, c’est le financement spécifique des « pertes et préjudices » subis qui est désormais sur la table.

Les pays riches avaient bloqué cette demande à Glasgow, avec un compromis final sur la création d’un cadre de « dialogue » jusqu’à 2024 pour « discuter des modalités pour le financement ».

Cette « question controversée doit être abordée d’une manière constructive et tournée vers l’avenir », a souhaité Mme Espinosa, plaidant également pour un meilleur financement de l’adaptation aux effets du réchauffement.

Car la méfiance perdure. Bonn ne doit pas être « juste un autre forum de discussions » a averti l’Alliance des petits États insulaires (Aosis), qui exigent de repartir avec « une vision claire de quand et comment (sera appliqué) le financement spécifique des pertes et préjudices ».

Et pour Climate Action Network, principal fédération mondiale d’ONG environnementales, ces négociations doivent « définir des attentes claires et préparer les principales mesures » à concrétiser à Charm el-Cheikh, en « se concentrant sur les besoins de ceux qui sont le plus durement frappés par les impacts de la crise climatique ».

© AFP

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2 commentaires

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    • Claude Courty

    L’interdiction faite aux assemblées traitant de l’avanir de lla Terre et de ses habitants – avant-même que les COP soient nées – d’inscrire à leur ordre du jour toute question de (sur)population, les prive du minimum de sérieux et d’ultilité.
    https://docs.google.com/document/d/1vuZJuHnNVPbl6ym0AEwES0bK9-ZJnklPTY3DmjKaHwU/edit#heading=h.meofcals99pg

    • Guy J.J.P. Lafond (Analyste et agent d'immigration)

    L’Alliance Aosis a raison de s’inquiéter vivement. Et tôt ou tard, des mesures devront être prises pour évacuer les populations de certaines îles.
    Ici au Canada, j’ai proposé un plan qui ne nécessite pas des sacrifices énormes de la part des consommateurs. Ce plan qui propose trois zones économiques autonomes pourrait révolutionner la manière dont nous prenons notre place sur Terre. En effet, nous ne pouvons plus nous comporter comme si nous avions quatre planètes à notre disposition, et ni agir dans le seul but d’assurer une croissance à l’infini, une idée saugrenue de bien des économistes, hélas. Nous pouvons revenir sur Terre en prenant pour acquis que nous avons bel et bien une seule et fragile planète bleue. J’aimerais avoir une réaction européenne sur ce plan proposée ici:
    Tableau 1 (micro-économie):
    Dans tous les pays, voter sans plus tarder des lois urbaines pour éliminer les embouteillages monstres et donner la priorité aux véhicules qui déplacent en quantités importantes des vivres, des marchandises essentielles, des produits finis et des matériaux. Tout citadin devrait utiliser davantage le transport en commun, le vélo, l’auto-partage, et ses espadrilles de marche. Tout cela est bon pour la santé et diminue par conséquent les visites chez le médecin. Les villes doivent se développer aussi en donnant un nouvel élan aux espaces verts et aux jardins vivriers.
    Tableau 2 (macro-économie):
    Afin de mieux protéger la biodiversité sur Terre et la vie dans les océans, créer sans plus tarder trois zones de commerce international indépendantes:
    1. Les Amériques ; 2: L’Europe et l’Afrique ; 3: L’Eurasie-Moyen-Orient et l’Océanie.
    Le commerce dans ces trois zone se ferait essentiellement dans un axe Nord-Sud-Sud-Nord. Objectif: trouver, pour chacune d’entre elles, un nouveau modèle économique qui soit plus respectueux de la biodiversité, du Climat et des rythmes de renouvellement de nos ressources.
    Tableau 3 (immigration, démographie et agriculture):
    Les gens pourront continuer d’immigrer entre les trois zones mais devront bien respecter les lois du nouveau pays d’adoption et surtout les lois servant à assurer une vie paisible et prospère pour tous. Et pour freiner l’augmentation rapide de la population terrestre, qui se fait au détriment des autres espèces vivantes, ces nouvelles zones économiques s’entendraient pour adopter des lois plus contraignantes qui favorisent un meilleur contrôle de l’étendue spatiale de leurs populations. Rappelons qu’un étalement urbain excessif gruge sur les forêts et sur les terres agricoles.
    Tableau 4 (écologie et biodiversité versus ressources naturelles et énergétiques):
    Chaque zone devraient exploiter les ressources naturelles et énergétiques se trouvant uniquement sur son territoire et avec plus de retenue afin de mieux protéger la biodiversité et les milieux naturels. L’Arctique et l’Antarctique ne pourraient pas être exploités à des fins commerciales. Ces territoires situés aux pôles nord et sud devraient donc être protégées sévèrement et servir uniquement à l’usage de recherches scientifiques pour la protection de la vie sur Terre.
    @GuyLafond
    Un bon papa qu’on a mis en prison au Canada
    P.S.:
    À tous les membres de la Société civile et civilisée vivant dans les grandes centres urbains de la Terre, nous pouvons faire une différence. Svp, à nos vélos et à nos espadrilles de marche! Car le temps file et car les enfants comptent.
    https://mobile.twitter.com/UNBiodiversity/status/1395129126814691329

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