Grêle : des mesures annoncées pour soulager les exploitations agricoles touchées

grêle climat agriculteurs vignes

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau visite une vigne dévastée par la grêle à Castelnau d'Auzan Labarrere dans le Gers, le 6 juin 2022 © AFP Philippe LOPEZ

Saint-Quentin-de-Caplong (France) (AFP) – Le gouvernement a annoncé lundi une série de mesures, dont l’étalement du remboursement des prêts garantis par l’État, pour soulager les exploitations agricoles touchées par l’épisode violent de grêle qui a traversé la France en fin de semaine dernière.

« On va activer très rapidement les dispositifs qu’on connaît, comme l’allègement des charges sociales, la défiscalisation sur la taxe sur le foncier non bâti (…) regarder aussi les dispositifs qui peuvent être pris dans le cadre des calamités agricoles », a déclaré le nouveau ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Marc Fesneau, après sa rencontre avec des viticulteurs dans une exploitation touchée jeudi à Saint-Quentin-de-Caplong, dans l’est du Bordelais.

« Il y a une demande qui a été faite, on y travaille d’arrache-pied, pour faire en sorte que les prêts garantis par l’État (PGE) puissent être prolongés dans la durée car on va avoir dans ses exploitations des pertes de recettes », a-t-il indiqué, sans donner d’éléments chiffrés.

Sur le court terme, « on a besoin de disposer très rapidement d’un état des lieux pour activer les dispositifs (…) On a un événement très violent sur de très nombreux départements mais dans des zones localisées. On va faire au cas par cas », a-t-il poursuivi, assurant de « la mobilisation de l’État ».

Il est également revenu sur le nouveau dispositif de l’assurance-récolte, qui s’appliquera à partir du 1er janvier 2023. « C’est le doublement du budget passant de 300 à 600 millions d’euros, qui permettra à plus d’agriculteurs de s’assurer ».

Côté prévention, « il faut qu’on travaille à des systèmes qui permettent d’amoindrir les effets des phénomènes tempétueux (face) au dérèglement climatique qui produit des évènements plus réguliers et plus puissants », a-t-il estimé.

« Triple peine »

Sur cette exploitation visitée rapidement par le ministre, les rameaux tendres ont été brisés, les feuilles et premières grappes hachées et pour certaines noircies.

« La grêle a duré cinq minutes dont trois de grêle sèche, sans eau, ce qui a tout déchiqueté. C’est très dur psychologiquement », se désole la propriétaire Nadège Impériale, dont les deux tiers du domaine de 120 hectares, qu’elle cogère avec sa sœur Laurence, sont touchés, avec « entre 50% et 100% de pertes ».

« C’est une catastrophe. Ici, on n’est pas à Saint-Émilion, on ne claque pas des doigts pour vendre notre vin« , souligne un autre viticulteur, Christophe Porcher, qui vinifie 35 hectares en bio, « dont dix entièrement ravagés ».

En visite ensuite dans une autre exploitation du Gers à Castelnau d’Auzan-Labarrère, Marc Fesneau y a pointé la « double voire triple peine », avec des calamités qui provoquent « une perte de récolte, une récolte moyenne l’année suivante puis une perte de marché parce qu’on n’est pas capable de fournir ».

Pour le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux Bernard Farges, l’annonce de l’étalement des PGE était « urgente ». « Ce qui est venu sauver les entreprises ne peut pas être aujourd’hui la source de leur chute. Ce serait les amener à la faillite si elle devaient rembourser maintenant », a-t-il prévenu.

L’orage intense qui a traversé la France a été une « vraie catastrophe » pour l’agriculture, la grêle ayant touché aussi bien des vignes, des cultures de céréales que des bâtiments, avait souligné dimanche auprès de l’AFP la présidente de la FNSEA (syndicat majoritaire) Christiane Lambert.

D’importants dégâts ont été relevés à travers la France après le passage de cet orage intense, avec plus de 40 départements touchés, allant de la Bretagne au Gers et aux Landes en passant par l’Indre-et-Loire ou l’Allier.

La foudre a aussi frappé les animaux : dans le Cantal, 15 vaches de type Prim’Holstein, sur un troupeau de 70 bêtes, ont été retrouvées mortes dimanche matin dans une ferme de Saint-Georges, au moment de la traite, comme le rapporte La Montagne.

« On a entendu un gros coup de tonnerre dans la nuit, un seul, puis il s’est mis à pleuvoir. Les vaches sont visiblement tombées d’un coup, elles étaient sous l’arbre jouxtant l’étable, où elles avaient l’habitude de se regrouper quand il fait chaud », a raconté à l’AFP Marie-Jeanne Dufayet, associée avec sa sœur et son frère dans l’exploitation.

© AFP

Egalement sur GoodPlanet Mag’ :

Sécheresse, gel, grêle… le Parlement adopte la réforme de l’assurance récolte

De la grêle dans les tropiques : Guadalajara tapissé de glace

Retarder la transition agricole, une mauvaise réponse à la sécurité alimentaire ?

Ecrire un commentaire