Ne pas nourrir les iguanes ! C’est mauvais pour leur diabète

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Les brochettes de raisins que les touristes donnent aux iguanes aux Bahamas font augmenter leur taux de sucre dans le sang, avec des conséquences encore inconnues pour ces espèces menacées © AFP/Archives Pablo COZZAGLIO

Paris (AFP) – Les brochettes de raisins que des centaines de touristes donnent aux iguanes sur des îlots paradisiaques des Bahamas font durablement augmenter leur taux de sucre dans le sang, avec des conséquences encore inconnues pour ces espèces menacées, selon une étude publiée vendredi.

Des dizaines de hors-bord accostent chaque jour sur les plages de sable blanc des îlots de l’archipel des Exumas, attirant les iguanes Cyclura cychlura, principalement herbivores et pouvant mesurer près de 50 centimètres. Des reptiles classés, selon les sous-espèces, de « vulnérable à « en danger d’extinction ».

Les gros lézards accourent alors pour une des attractions de ces sorties « éco-touristiques », le nourrissage à la main avec des brochettes de grains de raisin.

Une équipe de chercheurs américains a eu l’idée d’étudier l’effet de cette nourriture aussi répétée que non-naturelle sur le métabolisme des animaux. Ils ont pour cela comparé le taux de glucose dans le sang des iguanes, en le comparant à celui d’animaux de la même espèce, mais vivant dans des îlots proches dont la topographie empêche l’arrivée des touristes.

Résultat sans appel de leurs travaux sur quatre populations d’iguanes (deux nourries au raisin, deux à l’alimentation naturelle), publiés dans le Journal of Experimental Biology. On constate des « effets significatifs » sur les iguanes nourris par les touristes, qui ont un taux de glucose dans le sang bien plus élevé.

Pour s’assurer que c’est bien le nourrissage au raisin qui cause cette hyperglycémie, ils ont reproduit l’expérience en laboratoire, sur des iguanes verts communs, espèce non-protégée. Avec des résultats identiques.

Les chercheurs reconnaissent aux-mêmes ne pas savoir si ce changement de métabolisme est en soi mauvais pour la santé des lézards. Mais « nous pourrions le qualifier de diabète si c’était des humains ou des souris, » explique à l’AFP Susannah French, auteure principale de l’étude.

Et les chercheurs notent d’ores et déjà des effets physiologiques, par exemple sur les excréments, « en forme de cigare cubain » lorsque les iguanes ont leur régime naturel de plantes, mais beaucoup plus liquides avec l’apport de fruits.

Une précédente étude avait déjà mis en évidence que les iguanes vivant sur les plages où on les nourrit sont plus grands, plus lourds et grandissent plus vite que leurs congénères non-exposés au touristes.

Les chercheurs, qui insistent que leur étude n’est pas une condamnation du tourisme, souhaitent coopérer avec les tour-opérateurs pour « trouver un plan plus durable, », souligne un autre auteur de l’étude, Charles Knapp. Parmi les pistes, réguler le nombre de visiteurs ou « l’utilisation d’un autre type de nourriture ».

© AFP

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