Pérou: trois mois après la marée noire, pêcheurs et commerçants privés d’activité

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Nettoyage de la plage de Cavero, au Pérou, le 14 avril 2022 © AFP Ernesto BENAVIDES

Lima (AFP) – Trois mois après la marée noire qui a souillé les côtes du centre du Pérou, des milliers de pêcheurs et de commerçants sont toujours privés d’activité en raison de la pollution.

« Nous n’avions jamais imaginé passer une Semaine sainte si triste, car normalement les gens achètent du poisson à cette période », confie à l’AFP Anthony Chumpitaz, le président de l’Association des pêcheurs artisanaux de la plage de Cavero à Ventanilla, à 30 km au nord de Lima.

La fuite de 12.000 barils de brut a eu lieu le 15 janvier lors d’un transfert de brut depuis un tanker vers une raffinerie située à Ventanilla.

Poussé par les courants, le pétrole s’est ensuite répandu vers le nord, sur une distance de 140 km, tuant des centaines d’animaux marins et forçant les pêcheurs à rester chez eux en raison de la pollution maritime.

Selon le gouvernement, au moins 5.000 pêcheurs artisanaux et commerçants ont été directement touchés par les conséquences de la marée noire dans la province de Lima et dans celle voisine de Huaral, où les restaurants de poissons et fruits de mer restent fermés.

« Je suis en colère. Je n’ai pas de travail. Nous n’avions pas anticipé cette marée noire, nous n’étions pas préparés », raconte à l’AFP la vendeuse de poissons Rocio Alonzo Espinar, 30 ans, en train de cuisiner une marmite de pâtes dans une soupe populaire.

Selon Anthony Chumpitaz, la compagnie pétrolière espagnole Repsol, propriétaire de la raffinerie, a pour l’heure distribué aux personnes affectées 500 soles (125 dollars) en janvier et une avance sur indemnisation de 3.000 soles (environ 810 dollars).

Les montants d’indemnisation individuels définitifs n’ont pas encore été fixés.

« Le coût de la vie augmente et cela nous touche beaucoup », déplore M. Chumpitaz depuis la plage de Cavero où une dizaine de travailleurs de Repsol poursuivent des travaux de nettoyage et de dépollution.

Le groupe a affirmé fin mars avoir nettoyé plus de 95% des zones côtières et maritimes polluées.

L’entreprise rejette la responsabilité de l’accident sur un « mouvement incontrôlé » du tanker en raison de la forte houle présente en mer le 15 janvier après la puissante éruption volcanique aux îles Tonga qui a provoqué un tsunami dans le Pacifique.

Elle a présenté une demande d’indemnisation à la société italienne Fratelli d’Amico Armadori, propriétaire du tanker, toujours immobilisé au large des côtes péruviennes pour la durée de l’enquête.

Huit responsables de Repsol Pérou, dont le président espagnol Jaime Fernandez-Cuesta Luca de Tena, font l’objet d’une enquête et ont interdiction de sortir du territoire.

Parallèlement, l’Organisme d’évaluation et contrôle environnemental a d’ores et déjà infligé cinq amendes à l’entreprise pour un total de 620.000 dollars.

Le ministère de l’Environnement estime qu’au moins 500 hectares de réserve de faune marine protégée ont été touchés.

© AFP

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