À la frontière ukrainienne, aider les réfugiés en soignant leurs animaux

ukraine réfugiés animaux frontiere

Une réfugiée ukrainienne tient son chien dans ses bras avant de le faire examiner par un vétérinaire de l'Ifaw, le 7 avril 2022 à Medyka, en Pologne © AFP Christophe ARCHAMBAULT

Medyka (Pologne) (AFP) – Epuisé par son long voyage, le jeune couple d’Ukrainiens confie son chat Martin aux mains expertes d’un vétérinaire californien. A la frontière polono-ukrainienne, des volontaires du monde entier aident les réfugiés en soignant leurs animaux.

Nommé ainsi en hommage au roi de la pop latine Ricky Martin, le chat gris de deux ans n’a pas la grande forme.

« Ca a été très stressant pour lui », explique sa propriétaire Anastasiia Herasymchuk, en relatant les 30 heures de voyage pour fuir les combats qui se rapprochaient toujours plus de leur village dans la région de Donetsk. « Il n’a rien mangé et rien bu ».

[À voir aussi Sauver les animaux abandonnés en Ukraine ]

Les volontaires du Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw) donnent au félin une pâtée peu ragoûtante et le placent dans une cage qu’ils recouvrent de couvertures pour lui apporter un peu de sérénité. Et permettre au jeune couple de manger lui aussi et de souffler.

 « Aider les gens à travers leurs animaux »

« Vous savez, nous ne faisons pas qu’aider les animaux ici », confie Andrew Yaroslaw Kushnir. « Nous aidons les gens à travers leurs animaux ».

Lui-même fils d’un réfugié ukrainien qui, enfant, a fui la Seconde Guerre mondiale pour les Etats-Unis, le vétérinaire de 34 ans assure s’être senti obligé de quitter le confort de sa vie californienne pour aider ses prochains –et leurs compagnons domestiques– dans la rusticité d’une tente à Medyka, important point de passage entre l’Ukraine et la Pologne.

Ici, on évalue la santé des animaux et on distribue, gratuitement, tout le nécessaire: harnais, laisses, muselières, cages, aliments.

Stress, déshydratation, blessures, puces et vers… Chiens, chats, rongeurs, perroquets, furets et autres reptiles portent aussi les stigmates de la guerre déclenchée par la Russie le 24 février.

« Certains ont connu les sons et les odeurs de la guerre et leurs propriétaires nous disent que maintenant, dès qu’il y a du bruit, ils réagissent », relate Jennifer Gardner, responsable de programme de l’Ifaw.

« C’est pour cela qu’il est important que dans nos fournitures, il y ait des harnais adaptés pour les animaux et des cages pour qu’ils ne s’échappent pas s’ils devaient soudain être stressés », ajoute-t-elle.

Ménagerie un peu spéciale

Chaque jour, la tente accueille une soixantaine d’animaux. Une ménagerie un peu spéciale qui a aussi vu passer quatre escargots, chacun de la taille d’un poing, transportés dans un Tupperware percé.

Hors de question pour leur propriétaire de laisser la guerre les séparer.

« On les a nettoyés, placés dans une nouvelle boîte, nourris avec de la laitue et elle était ravie », témoigne Diane Treedwell, une autre volontaire.

Les réfugiés « laisseraient tous leurs effets personnels pour s’assurer que leur meilleur ami sorte de là-bas », affirme-t-elle.

Une cage, c’est une main en moins pour porter une valise.

Animaux « chanceux »

« En réalité », souligne Andrew Yaroslaw Kushnir, « les animaux qu’on voit ici, de ce côté-ci de la frontière, sont chanceux: ils sont ceux qui ont réussi à traverser ».

« Alors que de l’autre côté, les animaux ont été abandonnés par des propriétaires qui ne pouvaient plus s’occuper d’eux », précise-t-il.

Ceux-là, c’est Jakub Kotowicz qui s’en charge. A Przemysl, à une dizaine de kilomètres de Medyka, ce vétérinaire polonais de 32 ans, cofondateur de la fondation ADA, consacre une partie de sa clinique aux animaux laissés sur le carreau en Ukraine.

De concert avec d’autres organisations, il organise des convois pour ramener depuis Lviv des chiens et chats retrouvés dans les zones de combat.

Avec son équipe, il s’emploie à les remettre sur pied avant de les offrir à l’adoption.

« Le transport est très long », observe-t-il. « Depuis l’est de l’Ukraine, c’est un ou deux jours dans de petites cages dans lesquelles les Ukrainiens ont entassé trois ou quatre chats. C’est donc très stressant pour eux ».

Autour de lui, une pièce de sa clinique tapissée de caisses –spacieuses– empilées les unes sur les autres, dans lesquelles une quarantaine de chats, dont deux jeunes mères, attendent la fin de leur quarantaine sanitaire. Deux jeunes femmes leur prodiguent nourriture, eau fraîche et câlins.

En trois semaines, Jakub Kotowicz affirme avoir ausculté 900 chiens et chats ukrainiens. Ainsi qu’une petite chèvre blanche blessée et une cigogne au bec cassé.

« La situation pour les animaux en Ukraine était déjà très mauvaise en temps de paix », dit-il. « Alors, depuis que la guerre a commencé, elle devenue tragique ».

© AFP

Ecrire un commentaire