Au Kenya, les bongos de montagne de retour dans leur milieu naturel

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Deux jeunes bongos de montagne relâchés dans un sanctuaire pionnier dans le centre du Kenya, le 9 mars 2022 © AFP Tony KARUMBA

Nanyuki (Kenya) (AFP) – Un premier groupe de bongos de montagne a été relâché cette semaine dans un sanctuaire pionnier dans le centre du Kenya, destiné à sauver ces antilopes forestières d’une extinction certaine dans la nature.

Deux jeunes mâles ont rejoint mercredi deux autres bongos relâchés la veille sur les contreforts boisés du Mont Kenya, où cette espèce n’avait plus gambadé depuis près de 30 ans.

Le Kenya est le seul pays où ces antilopes majestueuses aux cornes torsadées et au pelage brun strié de fines rayures blanches vivent encore dans leur habitat naturel.

Elles y existaient autrefois en grand nombre. On estime aujourd’hui que moins d’une centaine parcourt les forêts équatoriales du Kenya. L’espèce est classée en danger critique d’extinction.

Quand la population de bongos sauvages a chuté, des protecteurs de l’environnement au Kenya en ont élevé quelques-uns dans le but de les réimplanter ensuite dans leur milieu naturel.

Cette stratégie dite de « réensauvagement » est audacieuse car les bongos doivent être totalement sevrés de présence humaine. Le minutieux travail de préparation des antilopes à la vie sauvage a pris près de 20 ans.

« Enfin, ces bongos sont réensauvagés. (..) Quel succès ! », s’est félicité le ministre kényan du Tourisme et de la Faune, Najib Balala, lors de l’inauguration du sanctuaire de bongos de Mawingu Mountain, situé près de la ville de Nanyuki.

Instinct retrouvé

Aussi beaux qu’insaisissables, les bongos de montagne étaient des trophées de chasse très prisés durant l’époque coloniale.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, le recul de leurs zones d’habitat, de nouvelles maladies transmises via le bétail et le braconnage pour la viande de brousse ont fini de décimer leur population.

La dernière observation d’un bongo sauvage sur les plateaux autour du Mont Kenya -l’une de leurs zones de pâturage historiques, avec le massif des Aberdares et les forêts d’Eburu et de Mau- était… une carcasse retrouvée en 1994.

Une décennie plus tard, alors que leur extinction était imminente, des bongos captifs ont été acheminés de zoos aux États-Unis pour être intégrés dans un programme de « réensauvagement » dirigé par une réserve privée, la Mount Kenya Wildlife Conservancy.

Ces premiers spécimens étaient quasiment apprivoisés, totalement étrangers au climat du Kenya et entièrement dépendants des humains pour se nourrir, a souligné Isaac Lekolool, chef des services vétérinaires au Kenya Wildlife Service, l’agence nationale de protection de la faune.

Mais au fil des générations, l’autonomie et l’instinct naturel sont revenus. Les animaux soigneusement sélectionnés pour le « réesauvagement » étaient jeunes et en bonne santé, capables de se nourrir seuls et très méfiants envers les humains.

« Ça a été une aventure de 18 ans. Aujourd’hui, elle s’est concrétisée », a déclaré Isaac Lekolool.

Animal oublié

Un cinquième bongo devait être relâché plus tard dans la journée de mercredi, ont indiqué des responsables, portant à trois mâles et deux femelles la population vivant dans le sanctuaire de plus de 300 hectares.

Tous les six mois, cinq autres bongos seront libérés pour diversifier les possibilités d’accouplement et accroître progressivement la population.

Les petits nés et élevés dans la nature pourraient être ensuite transférés ailleurs au Kenya pour repeupler d’autres zones d’habitat des bongos.

Le KWS espère atteindre une population d’au moins 750 bongos dans le pays d’ici 2050.

Najib Balala a rappelé que le bongo était l’un des mammifères en voie de disparition les plus négligés d’Afrique, bien qu’ils soient bien moins nombreux que d’autres animaux protégés comme les éléphants, les rhinocéros et les lions.

« Nous les avons ignorés pendant longtemps », a-t-il déclaré: « Aujourd’hui, nous les mettons en lumière ».

© AFP

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