Une désoxygénation de l’océan « importante et potentiellement irréversible » a commencé à se produire en 2021


Shark Bay : sandbanks in L’Haridon Bight, Peron Peninsula (Conservation area in the UNESCO) - Western Australia - Australia © Yann Arthus-Bertrand

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Parmi les effets du réchauffement climatique, il y a la désoxygénation des océans. Un effet que des chercheurs ont tenté de quantifier. Selon eux, d’ici 2080, ce ne sont pas moins de 70 % de nos océans qui pourraient manquer d’oxygène. Et pas mal de poissons avec eux…

Depuis longtemps, les scientifiques savent qu’avec le changement climatique, les océans perdent de leur capacité à transporter de l’oxygène dissous. Un oxygène dont les animaux aquatiques ont besoin pour vivre. Mais des chercheurs de l’université de Shanghai (Chine) présentent aujourd’hui de nouveaux résultats inquiétants. Selon eux, d’ici 2080, environ 70 % des océans du monde pourraient manquer d’oxygène. Avec un impact majeur sur les pêcheries.

Pour prévoir comment et quand la désoxygénation — comprenez, la réduction de la teneur en oxygène dissous dans les eaux — des océans se produira, les chercheurs ont travaillé sur des modèles climatiques. Sur un scénario d’émissions élevées et un autre d’émissions faibles. Les chercheurs ont divisé les océans en trois sous-ensembles : l’océan profond, l’océan moyen et l’océan peu profond. Ils ont ensuite modélisé le moment où la perte d’oxygène dans l’eau dépasse les fluctuations naturelles des niveaux d’oxygène.

Les chercheurs notent qu’une désoxygénation « importante et potentiellement irréversible » a commencé à se produire en 2021 à des profondeurs moyennes. Quel que soit le scénario, cette zone est celle qui perd le plus rapidement son oxygène. Mais le processus commence 20 ans plus tard avec le scénario de faible émission. Une preuve que la réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serrepourrait contribuer à retarder la dégradation des environnements marins mondiaux. Même si les chercheurs reconnaissent qu’il est difficile, à l’heure actuelle, de savoir si l’oxygène dissous reviendrait aux niveaux préindustriels.

Des conséquences pour nous

Notons que les profondeurs moyennes — les zones dites mésopélagiques, comprises entre environ 200 et 1.000 mètres — sont justement celles qui abritent le plus d’espèces pêchées commercialement dans le monde. Si la concentration en oxygène dans ces zones de l’océan baisse, on peut craindre à la fois des perturbations environnementales, des pénuries de produits de la mer et des difficultés économiques pour les populations qui en vivent.

L’ennui, c’est que si cette zone mésopélagique est la plus importante à nos yeux d’humains, elle est aussi la plus sensible au problème de désoxygénation. Elle n’est, en effet, pas enrichie en oxygène par l’atmosphère et la photosynthèse comme peut l’être la surface de l’océan. Elle souffre en plus d’une décomposition accélérée des algues, un processus qui consomme de l’oxygène.

Les chercheurs mettent également en avant le fait que les océans plus proches des pôles – le Pacifique ouest et nord et les océans du sud — sont particulièrement vulnérables à la désoxygénation. Peut-être une conséquence du réchauffement accéléré de ces régions. Les zones à minimum d’oxygène, des zones des tropiques connues pour avoir de faibles niveaux d’oxygène dissous, semblent également s’étendre vers des zones de plus hautes latitudes.

Les océans étouffent à cause de nos émissions de CO2

Lorsque le taux de CO2 augmente dans l’atmosphère, la teneur en oxygène diminue dans les océans. Et des chercheurs nous préviennent aujourd’hui : nous ne sommes qu’au tout début de cette désoxygénation globale. Même si nous parvenions à stopper net nos émissions de CO2, elle se poursuivrait encore pendant plusieurs siècles.

Une désoxygénation de l’océan « importante et potentiellement irréversible » a commencé à se produire en 2021
Un article de Nathalie Mayer, retrouvez d’autres articles sur Futura.

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