Le Wadi Gaza, de marécage à zone protégée

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Des déchets en plastique dans le marais de Wadi Gaza que les autorités locales veulent transformer en premier parc naturel de l'enclave palestinienne, le 9 février 2022 © AFP Mahmud HAMS

Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) – Dans le Wadi Gaza, les bouteilles en plastique et les eaux putrides ont pris la place des arbres, des fleurs et des animaux.

Mais conscientes des dangers sanitaires, les autorités locales œuvrent à transformer le marais en premier parc naturel de l’enclave palestinienne.

Sur neuf kilomètres, les eaux usées traversent le « wadi », la vallée, avant de se jeter en mer Méditerranée.

Des milliers de tonnes de déchets s’y sont accumulées, emportées par le courant ou jetées par des habitants, dans un territoire miné par la pauvreté et les guerres et où la cause écologique est peu ancrée dans les mentalités.

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Aux alentours du ruisseau, considéré comme l’endroit le plus pollué de la bande de Gaza, l’odeur est nauséabonde. Des dizaines d’espèces d’arbres, fleurs et animaux ont disparu.

Pourtant autrefois, Wadi Gaza était « une belle réserve naturelle », se souvient Abdel Fattah Abd Rabbo, professeur d’études environnementales à l’Université islamique de Gaza.

« Puis elle s’est transformée en un marécage plein d’insectes, de reptiles (serpents) et de bactéries, une décharge hors de contrôle », dit-il, pointant du doigt les gaz toxiques dans le marais.

La pression démographique constante ces 30 dernières années a beaucoup joué sur la pollution croissante du cours d’eau et de ses abords.

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Dans l’enclave de 2,3 millions d’habitants sous blocus israélien, environ 16.000 m3 d’eaux usées s’y déversaient chaque jour, selon l’Agence de qualité environnementale de Gaza.

Jusqu’en 2021 et l’implantation d’une usine de traitement des eaux usées dans le centre du territoire, vers laquelle les eaux sont dorénavant redirigées. C’est une eau saine qui en ressort et qui ruisselle vers la Méditerranée.

 

« Ceinture verte »

 

Reste à débarrasser le rivage des ordures. La semaine dernière, des travailleurs municipaux ont sorti balais et sacs de poubelle pour nettoyer le ruisseau, avant de pouvoir planter des milliers d’arbres et en faire un parc digne de ce nom.

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Cinq municipalités ont créé un conseil conjoint pour conduire le projet, mené en coordination avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) qui le finance avec le gouvernement norvégien.

Le projet de 66 millions de dollars (57,7 millions d’euros), qui doit s’étaler sur cinq à dix ans, ne doit pas seulement servir aux habitants à proximité immédiate (150.000 personnes) mais à un public plus large, explique Mohammad Abou Shaaban, un responsable local du Pnud.

Il s’articule autour de trois volets, la préservation de la qualité de l’eau, la création d’une « ceinture verte » autour du ruisseau pour assurer la diversité biologique et végétale, et la mise en place d’infrastructures culturelles et touristiques, indique M. Abou Shaaban.

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Des accès routiers doivent également être rénovés ou construits. Et le projet doit aussi permettre de créer des emplois dans un territoire accablé par la pauvreté et le chômage, grâce à la création d’une aire de loisirs.

Le maire de la localité de Wadi Gaza, Jaber Abou Hajir, espère que « la vallée retrouvera son charme naturel et touristique pour que les gens s’y baladent et que cela devienne un lieu d’activités culturelles et touristiques », dans une enclave coincée entre la mer Méditerranée cet les territoires israélien et égyptien. Et où il y a peu d’espaces verts.

© AFP

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