Espoirs d’un élan politique pour parvenir à protéger la haute mer

one ocean summit

Un cachalot dans les mers Australes au large de l'archipel des Crozetle 01 juillet 2007 © AFP/Archives MARCEL MOCHET

Paris (AFP) – Après des années de négociations, les défenseurs des océans espèrent un coup de pouce politique lors du One Ocean Summit cette semaine en France pour faire enfin aboutir un traité destiné à protéger la haute mer, trésor fragilisé par les activités humaines.

La haute mer commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n’est donc sous la juridiction d’aucun Etat.

Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.

Avec les progrès de la science, la preuve a été faite de l’importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d’une biodiversité souvent microscopique, qui fournit aussi la moitié de l’oxygène que nous respirons et limite le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

Mais les océans s’affaiblissent, victimes de ces émissions (réchauffement, acidification de l’eau…), des pollutions en tout genre ou de la surpêche.

Alors il est urgent de parvenir enfin à finaliser ce texte juridiquement contraignant sur « la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale », plaident les ONG.

« Il est plus important que jamais en raison de l’impact du changement climatique sur l’environnement marin », déclare à l’AFP Liz Karan, experte de l’ONG Pew Charitable Trusts.

« Le traité sur la haute mer ne permettra pas de régler tous les problèmes, mais il peut permettre d’assurer la mise en place de refuges pour que les espèces marines et la nature puissent respirer, survivre et s’adapter au réchauffement », poursuit-elle.

Pour tenter de donner un élan politique, une coalition rassemblant l’UE et une dizaine d’autres pays sera annoncée à Brest pour une « haute ambition » de ce traité, a indiqué mercredi la présidence française.

Les négociations formelles, commencées en 2018 mais interrompues par la pandémie de Covid-19, portent sur quatre domaines: la création d’aires marines protégées, les ressources génétiques marines et le partage de leurs avantages, la réalisation d’études d’impact environnementales, ainsi que le renforcement des capacités et les transferts de technologies notamment vers les pays en développement.

« La biodiversité disparaît »

Mais il reste plusieurs points sensibles à régler. Notamment la question de la répartition des possibles bénéfices issus de l’exploitation des ressources génétiques de la haute mer, où industries pharmaceutiques, chimiques ou cosmétiques espèrent découvrir des molécules miraculeuses.

Les pays pauvres « veulent que tout gain financier tirant ses origines de ressources de la haute mer tombe sous un régime de partage de bénéfices », explique à l’AFP Andre Abreu, de la Fondation Tara Océan.

Preuve des divergences, dans le dernier projet de texte, datant de l’automne 2019, une grande partie des articles liés au sujet sont entre crochets. Tout comme la référence au principe de « patrimoine commun de l’humanité » revendiqué par les pays du Sud pour la haute mer, alors qu’il ne s’applique aujourd’hui qu’aux fonds marins (ceux-ci étant déjà gérés par une autorité appelée l’International Seabed Authority).

Lors de la quatrième (et théoriquement dernière) session de négociations, déjà reportée plusieurs fois et désormais prévue en mars, les Etats doivent également régler des questions de coopération avec les nombreuses organisations maritimes régionales (notamment celles gérant la pêche) et se mettre d’accord sur les règles de gouvernance.

La High Seas Alliance, qui regroupe une quarantaine d’ONG dont l’Union internationale pour la nature (UICN), insiste notamment pour qu’aucun pays ne puisse mettre son veto à la création d’une aire marine protégée.

Les plus de 75 pays qui soutiennent l’objectif de protéger 30% des terres et des océans d’ici à 2030 dans le cadre de la COP15 biodiversité « doivent défendre un mécanisme robuste de création des aires protégées en haute mer », plaide sa directrice, Peggy Kalas.

« C’est urgent. Chaque jour, chaque année qui passe, de la biodiversité disparaît. Nous devons conclure ces négociations », s’inquiète-t-elle, espérant que la réunion de Brest attirera l’attention sur le traité « environnemental le plus important », mais « dont les gens n’ont jamais entendu parler ».

« Nous espérons que nous ferons des progrès importants lors de la quatrième session » en mars, a répondu mercredi à Brest Rena Lee, qui préside les négociations.

© AFP

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2 commentaires

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    • Claude Courty

    Il y a des années que le « 7ème continent » est connu et que des bonnes volontés tente de combattre son expansion, dans l’indifférence générale.
    Reste à espérer qu’il ne soit pas trop tard pour que le pouvoir politique s’en mêle, et qu’il le fasse utilement.

    • georges salles froès

    :

    « N’gâche pas l’eau des Cachalots ! »

    PM:

    Échouage de quatre cachalots à Coxyde.
    Novembre 1994.

    Cliquez ici pour écouter cette chanson

    Ne gâche pas l’eau des Cachalots

    Histoire morbide / En novembre à Coxyde
    Sur les plages / Une foule rendait hommage
    À quatre cachalots / Sortis de l’eau
    Des mâles c’est bizarre / Est-ce par hasard ?
    Et je pense
    Ne gâche pas l’eau des Cachalots

    Je me dis aussitôt / Ça va faire mal à Cousteau
    Terre qui pleure / Ses mers qui se meurent
    Je pris mon auto / Pour voir ces baleines
    Mais vingt kilomètres de bouchon / Pas de veine
    Et je pleure
    Ne gâche pas l’eau des Cachalots (2X)

    Ça ne fait plus rire / Qu’une baleine puisse dire
    C’est assez / et se cache à l’eau
    Pour parler de veine / Je pense pipe-line
    Celui de la Taïga / Bonjour les dégâts !
    Et je gueule
    Ne gâche pas l’eau des Cachalots

    J’avais l’intention / D’écrire une chanson
    C’était ma façon de bénir ces géants
    Que ça rappelle que l’eau des océans
    Se ronge comme notre sang
    Et je crie
    Ne gâche pas l’eau des Cachalots

    Mais en venant les voir j’avais mon clebs infernal
    Et n’ai plus qu’en mémoire cette odeur ah!, tombale
    Hurlant comme loup devenu fou
    Cette vue insolite l’a rendu triste
    Et je hurle
    Ne gâche pas l’eau des Cachalots

    De ces Cachalots sortis de l’eau / Ne reste que l’image
    Comme une menace / Ils meurent en grimace
    Étrange message / Aux habitants des terres
    Pour protéger la mer des Cachalots

    N’gâche pas l’eau des Cachalots

    N’gâche pas l’eau des Cachalots