Au Rwanda, les motos-taxis à la pointe de la conversion à l’électrique

Des motos-taxis à Kigali, le 26 mai 2021 au Rwanda © AFP/Archives Ludovic MARIN

Kigali (AFP) – Quand Evode Niyorurema a converti sa moto-taxi vorace en carburant à l’énergie électrique, il n’avait aucune idée qu’il était à la pointe de la lutte contre le changement climatique au Rwanda.

« La raison pour laquelle je suis passé à une moto électrique, c’est parce que je voulais m’éviter les coûts d’essence, qui ne cessent d’augmenter, et aussi le coût d’aller tout le temps au garage pour l’entretien », explique à l’AFP cet homme de 37 ans.

L’entreprise qui a transformé son engin, Rwanda Electric Motors Ltd, a jusqu’à présent converti environ 80 motos-taxis – le moyen de transport public le plus répandu dans la capitale Kigali – et développé 200 autres motos électriques flambant neuves.

Le projet, financé par le gouvernement rwandais et le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), fait partie d’une campagne nationale ambitieuse visant à réduire les émissions de dioxyde de carbone de 16% d’ici 2030, puis d’atteindre 38% de baisse à la fin de la décennie suivante.

En juillet, le gouvernement rwandais a levé les taxes sur l’importation de véhicules électriques et hybrides ainsi que sur les équipements pour les bornes de recharge, affirmant espérer que cela accélèrerait la transition et « réduirait les émissions de gaz à effet de serre ».

Transports publics moteurs

Pour le PDG de Rwanda Electric Motors Ltd, Donald Kabanda, le premier argument à faire valoir est la rentabilité à long terme des véhicules électriques.

Une charge de batterie coûte environ 900 francs rwandais (80 centimes d’euros) et permet de parcourir jusqu’à 60 kilomètres, alors qu’un litre d’essence coûte environ 1.000 francs rwandais (85 centimes d’euros) pour couvrir 35 kilomètres, souligne-t-il à l’AFP : « Économiquement, c’est avantageux pour les chauffeurs ».

D’autres entreprises sont engagées dans ce domaine. Outre Rwanda Electric Motors Ltd, deux autres sociétés basées à Kigali, Ampersand et Safi Moto, assemblent des motos électriques, tandis que le géant allemand Volkswagen a commencé à importer des véhicules électriques en octobre 2019 pour sa plateforme de voitures avec chauffeur Move.

[Trente rhinocéros blancs introduits, en Boeing 747, au Rwanda]

Bien que les taxes sur les véhicules importés non-électriques soient élevées au Rwanda (entre 40 et 80%), la demande en voitures électriques ou hybrides reste faible.

La société Victoria Motors, basée à Kigali, a indiqué à l’AFP n’avoir vendu que 37 véhicules hybrides en 2019 et 2020, principalement à des ONG et à des entreprises privées.

Dans un pays où le PIB par habitant est inférieur à 800 dollars (707 euros) selon la Banque mondiale, les véhicules électriques sont hors de portée pour la grande majorité des 13 millions d’habitants.

Le gouvernement veut donc faire des transports publics le principal moteur de changement.

Les autorités prévoient de convertir à l’électrique 30% des motos, 20% des bus et 25% des mini et micro bus d’ici 2030.

Mais l’autre défi est le manque de bornes de recharge dans le pays, souligne Evode Niyorurema. « Ces motos sont tellement plus maniables et tellement plus silencieuses comparées aux motos à essence », admet-il : « Le seul problème (…) c’est qu’elles ne peuvent couvrir qu’une distance relativement faible. »

© AFP

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