Un chasseur blessé tue une ourse: un accident qui questionne la cohabititon

ours ariege tué

Un ours relâché dans les Pyrénées, le 5 octobre 2018 © l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (l’ONCFS)/AFP/Archives -

Toulouse (AFP) – Un chasseur blessé par une ourse en Ariège, l’ourse tuée par le chasseur. Cet accrochage survenu samedi dans le massif du Couserans risque de rallumer la guerre de l’ours dans un département où l’on considère que la cohabitation est impossible.

Samedi après-midi, un groupe de chasseur traquaient le sanglier sur la commune de Seix, à une soixantaine de kilomètres à l’est de Foix. Vers 15h30, ils font appel aux secours indiquant que l’un d’eux vient d’être blessé par une ourse.

Les gendarmes du PGHM interviennent auprès du chasseur âgé de 70 ans, gravement blessé au niveau de l’artère fémorale. Il sera évacué d’abord vers l’hôpital de Foix puis transféré vers les CHU de Toulouse en raison de la gravité de ses blessures, indique la préfecture du département.

Le chasseur a eu le temps de relater à ses camarades qu’il a été attaqué par une ourse accompagnée de ses petits. Elle l’a mordu à la jambe et il a fait feu à deux reprises vers l’animal.

L’ourse a été retrouvée morte à quelques mètres des lieux où le chasseur a été secouru.

La préfecture de l’Ariège a indiqué qu’une enquête judiciaire a été ouverte sur les circonstances de cet accident.

« La cohabitation, c’est compliqué ! »-

« C’est vraiment ce que l’on redoutait. Aujourd’hui, on voit bien que la cohabitation, c’est compliqué ! », a déclaré à l’AFP la présidente du conseil départemental de l’Ariège, Christine Tequi (PS).

Un danger, selon elle, aggravé par « la présence accrue des ours, qui se reproduisent » dans le secteur du Couserans. Il y aurait actuellement une quarantaine de plantigrades sur ce secteur, a-t-elle précisé.

Début août, un incident avait déjà alimenté la polémique entre pro et anti-ours: un berger du village de Saint-Lary, en Ariège, avait été poursuivi par un ours.

Selon le maire du village, Gérard Dubuc, c’était la première fois « qu’un berger était attaqué par un ours, depuis que le programme de réintroduction de l’ours brun a été engagé dans les années 1990 ».

Pourtant selon Alain Servat, le président de la Fédération pastorale de l’Ariège (FPA), ces incidents sont devenus « le quotidien des bergers aujourd’hui ». Il demande « que l’Etat prenne des décisions drastiques ».

Les opposants à l’ours réclament l’abattage des ours agressifs, et à leur tête les éleveurs, qui déplorent de nombreuses prédations de brebis, disent craindre dorénavant pour la sécurité des hommes.

De rares charges d’ours

Du côté des pro-ours un collectif, qui regroupe des associations comme WWF, France Nature Environnement (FNE), Ferus ou encore Pays de l’ours-Adet, dénonçait alors « une « hystérie collective », soulignant qu’il n’y avait pas eu de blessé lors de cette confrontation du mois d’août.

Le collectif déplorait dans un communiqué que les rares charges d’ours – il en dénombrait neuf de 1996 à 2021, avec un blessé – fassent plus de bruit qu' »au moins 23 randonneurs ou chasseurs blessés, pour la plupart grièvement, et un tué, par des bovins en estive » entre 2010 et 2020.

L’ours brun étant menacé d’extinction sur son territoire, la France a engagé dans les années 1990 un programme de réintroduction de plantigrades venant de Slovénie. Ils sont actuellement une soixantaine dans le massif pyrénéen, ce qui n’assure pas la pérennité de l’espèce.

En 2020, trois ours ont été tués illégalement dans les Pyrénées, deux en Espagne et un en France. Le gouvernement français s’est engagé à remplacer tout ours tué de la main de l’homme par des réintroductions, tandis que des éleveurs s’y opposent fermement.

En novembre 2004, la mort de Canelle, tuée par un chasseur en Vallée d’Aspe, dans les Pyrénées, avait soulevé une vague de protestations en France. Elle était la dernière ourse de souche purement pyrénéenne. C’est après sa mort, le gouvernement avait mis en place son plan de « renforcement de la population d’ours bruns dans les Pyrénées ». On estimait alors à moins de vingt le nombre d’ours dans le massif.

Le chasseur René Marqueze qui l’a tuée avait affirmé n’avoir tiré qu’en dernier recours, après avoir cherché à éviter l’animal à plusieurs reprises. Mis en examen dans une plainte où l’Etat et 19 associations environnementales s’étaient portées parties civiles, il a finalement bénéficié d’un non-lieu.

Une autre ourse avait été tuée dans un accident de chasse en 1997 sur les contreforts pyrénéens de Melles (Haute Garonne). Il s’agit de Melba, introduite de Slovénie. Elle avait donné naissance à trois oursons avant d’être tuée.

© AFP

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9 commentaires

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    • ATSE

    C’est vraiment regrettable l’accident, mais pour autant qu’il faille exterminer une espèce déjà menace d’extinction, d’une région qui leur est favorable.
    On comprendra aisément aussi que lorsque l’homme se sent menacer on se défend, on tue. Ceci semble valable pour ces ourses qui malheureusement ont eu l’uned’entre eux abattue.
    Pour la suite, il reviendra de donner un peu de quiétude à ses espèces.

    • Poleoto

    Comment un homme aussi gravement blessé a-t-il pu viser et tirer avec assez de précision ? On aimerait en savoir davantage sur les circonstances exactes .

    • Serge Rochain

    Personne ne peut cohabiter avec des chasseurs, c’est une espèce du passé.

    • Bruillot

    Que vont devenir les oursons?

    • ANNE BOSSMEYER

    L’ourse et ses oursons étaient signalés depuis longtemps dans ce secteur( capture caméra)comment se fait il que la chasse y soit autorisée??
    C’ est scandaleux

    • delia bremond

    L’histoire récente montre que les ours sont beaucoup moins dangereux que les chasseurs.Laissons-les vivre…

    • Dannay Jerome

    Qui est le plus dangereux…? le chasseur qui tire par erreur sur un promeneur ou un conducteur qui passe par là ou l’ours qui blesse un chasseur pour certainement défendre sa progéniture ….? Cherchez l’erreur ….

    • Matthias Heilweck

    N’était-ce pas une battue à l’ours plutôt qu’une battue au sanglier ? Normalement les chasseurs s’assurent de la présence de sangliers à un endroit donné avant d’organiser une battue et là où il y a un ours il n’y a pas de sangliers…

    • Lete

    La cohabitation et possible si le destructeur qu’est l’être humain..
    L’homme doit s’adapter à la vie sauvage, l’animal lui ne fait que de survivre et de se protéger, alors quoi de plus naturel. Si on fait le bilan je crois que l’homme et le plus gros destructeur de la planète qui veut régner seul et en maître sur cette terre. L’ours a sa place comme tout autres animaux sauvages, alors êtres humains réfléchir en profondeurs serais une bonnes choses