Libye : Ashaafean, une réserve unique menacée par le changement climatique

Le parc Ashaafean, dans la chaîne de montagnes de Nafusa, premier site libyen à être classé comme réserve de biosphère de l'UNESCO, le 25 octobre 2021 © AFP Mahmud TURKIA, Mahmud TURKIA

Réserve d’Ashaafean (Libye) (AFP) – Longtemps refuge pour les hyènes, les oiseaux et les plantes rares, la réserve naturelle d’Ashaafean, près de la capitale libyenne Tripoli, est aujourd’hui menacée par le changement climatique et l’activité humaine.

A deux heures de route de Tripoli, par-delà les montagnes de Nafusa, le parc d’Ashaafean abrite forêts semi-arides, prairies et paysages désertiques. Mais « le changement climatique, le manque de précipitations et les longs épisodes de sécheresse l’été ont rendu la réserve vulnérable aux incendies », explique à l’AFP Anas al-Qiyadi, de l’Association libyenne de protection de la faune.

Et avec l’exploitation forestière combinée à une urbanisation galopante, « la diversité de la faune et de la flore en est altérée », ajoute-t-il.

Mi-septembre, Ashaafean est devenu le premier site libyen a être désigné réserve de biosphère par l’Unesco, une classification qui vise à promouvoir le développement durable et protéger les écosystèmes, tout en soutenant la recherche et l’éducation.

« L’aire centrale de 83.000 hectares de la réserve de biosphère abrite une variété d’espèces rares ou menacées, notamment des plantes médicinales et aromatiques ainsi que des espèces de faune inscrites sur la liste rouge de l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature), telles que la hyène rayée (Hyaena hyaena), la tortue terrestre (Testudo graeca) et l’outarde houbara (Chlamydotis undulata) », indique l’Unesco.

Volontaires

M. Qiyadi espère que cette inclusion sur la liste de l’Unesco participera à une meilleure protection du site, désigné par les autorités libyennes réserve naturelle en 1978.

Durant la décennie de violences qui a suivi la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités, affaiblies et divisées, n’ont pas été en mesure de protéger les neuf réserves naturelles de ce pays d’Afrique du Nord, de plus en plus menacées par l’activité humaine.

Ashaafean abrite 350 variétés de plantes ainsi que vingt espèces d’oiseaux, de reptiles et de mammifères en danger. Plusieurs initiatives sont en cours pour protéger la réserve, notamment un programme pour élever en captivité des tortues menacées pour ensuite les relâcher dans la nature, indique M. Qiyadi.

« Il y a quelques jours, nous avons relâché 36 tortues menacées dans des forêts protégées », ajoute-t-il.

Des volontaires se sont également mobilisés pour arroser les arbres durant les longs épisodes de sécheresse, poursuit le responsable associatif, ajoutant que les réseaux d’irrigation à eux seuls restent insuffisants.

« Parce que la source d’eau est loin de la réserve, nous avons lancé avec un groupe de volontaires une initiative pour irriguer et planter plus d’arbres, mais cela nécessite une mobilisation continue », explique-t-il.

« Préservation »

Des incendies ravageurs, attisés par la chaleur extrême, ont frappé plusieurs pays du pourtour méditerranéen l’été dernier, notamment l’Algérie voisine.

Si la Libye a été globalement épargnée cette année, elle a été touchée depuis 2015 par d’importants feux de forêts, emportant de nombreux animaux et ravageant des arbres vieux de plusieurs siècles.

Tareq al-Jdeidy, chercheur à l’Université de Tripoli, a mené la campagne ayant permis à Ashaafean d’être déclarée par l’Unesco réserve de biosphère, ce qu’il estime être « un pas vers une meilleure protection ».

« Cela va attirer l’attention d’organisations internationales environnementales dédiées à la protection des animaux et des plantes, qui contribueront à la préservation et au développement de la réserve », espère-t-il.

Selon l’Unesco, la plupart des 65.000 habitants de cette réserve de biosphère vivent de l’agriculture traditionnelle durable, de la collecte de bois et de l’apiculture.

M. Jdeidy espère en faire un parc pionnier en matière de lutte contre la désertification et que son développement aura des retombées économiques locales.

© AFP

Également sur GoodPlanet mag’ :

Pêche intensive et pollution : l’île libyenne de Farwa attend d’être sauvée

 

Ecrire un commentaire