Chute drastique du débit d’un fleuve en Irak, l’Iran pointé du doigt

Le barrage de Darbandikhan après que le niveau d'eau a baissé de 7,5 mètres en un an, dans le nord-est de l'Irak, le 26 octobre 2021 © AFP Shwan MOHAMMED

Darbandikhan (Irak) (AFP) – Précipitations en berne, construction de barrages en amont en Iran: des responsables en Irak ont déploré mardi la chute drastique du débit du fleuve Sirwan arrivant de chez le voisin iranien, un phénomène nuisant à l’agriculture et à la production électrique dans le pays en crise.

Parti d’Iran, le fleuve Sirwan alimente le barrage de Darbandikhan dans le nord-est de l’Irak, avant de continuer vers la province agricole de Diyala et se jeter dans le Tigre. Mais son débit s’est considérablement réduit.

« Il y a eu une baisse sans précédent », reconnaît le directeur du barrage de Darbandikhan, Rahmane Khani. « Le niveau de l’eau a baissé de 7,5 mètres en un an ».

Interrogé par l’AFP sur les causes de cette baisse, il évoque « les faibles précipitations », mais aussi « la création de plusieurs barrages en Iran qui retiennent l’eau, et une déviation du fleuve ».

Il assure que cette année, son barrage a reçu environ 900 millions de mètres cubes d’eau du fleuve. En temps normal, « la moyenne annuelle est de 4,7 milliards de mètres cubes », souligne-t-il.

La chute du débit a entraîné une baisse de 30% de la production électrique au barrage, indique-t-il.

« Décision politique »

Le dossier de l’eau représente un enjeu de taille pour l’Irak, pays riche en hydrocarbures mais confronté à une crise énergétique aiguë, aggravée par des sécheresses de plus en plus sévères et une baisse importante des précipitations.

Il s’agit par ailleurs d’un dossier ultra-stratégique pour l’Irak qui partage les eaux de plusieurs fleuves avec ses voisins, notamment ceux du Tigre et de l’Euphrate avec la Turquie et la Syrie.

L’Iran est lui aussi frappé par une pénurie d’eau et la capitale Téhéran subit sa pire sécheresse en un demi-siècle avec une chute des précipitations de 97% en un an.

Par ailleurs, les niveaux des lacs et des retenues d’eau en Iran ont baissé de moitié, indique un rapport de l’agence spatiale iranienne, cité par l’agence de presse Mehr.

« Au cours du premier semestre de cette année (du 21 mars au 22 septembre selon le calendrier iranien, ndlr), l’agence a étudié les changements du niveau d’eau des lacs de 40 grands barrages. Il ressort que la superficie de l’eau s’est réduite de 10 à 70% », affirme encore Mehr.

Face à cette situation, le ministre irakien des Ressources hydrauliques, Mehdi al-Hamdani, a appelé la semaine dernière son gouvernement à saisir la Cour internationale de Justice. Même si les autorités ne risquent guère d’intenter une telle procédure contre leur grand allié, l’Iran, qui  fournit à l’Irak un tiers de ses besoins en gaz et en électricité.

« Pas de commentaires », a sèchement répondu à l’AFP un porte-parole de la diplomatie à Bagdad.

En attendant, le dossier est « en suspens », a indiqué à l’AFP un haut conseiller du ministère des Ressources hydrauliques, Aoun Thiab.

Il estime que l’Iran « contrevient au droit international en déviant un cours d’eau », une convention des Nations unies de 1997, mais reconnaît qu’un recours en justice représenterait « une décision politique et non technique ».

© AFP

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