Une marée orange pour défendre la chasse et la ruralité

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Manifestation à Forcalquier (sud) le 18 septembre 2021 pour défendre les chasses traditionnelles d'oiseaux © AFP CLEMENT MAHOUDEAU

Mont-de-Marsan (AFP) – De Mont-de-Marsan à Amiens, des dizaines de milliers de personnes ont défilé samedi dans cinq villes de France pour défendre les chasses traditionnelles d’oiseaux, jugées illégales par le Conseil d’État, un « monde rural menacé » et des « traditions en danger ».

Selon le ministère de l’Intérieur, ces rassemblements ont réuni au total 42.000 personnes, dont 16.000 à Mont-de-Marsan (Landes), 12.000 à Amiens (Somme) et entre 4.000 et 5.000 à Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence), Caen (Calvados) et Redon (Ille-de-Vilaine).

Au son des bandas et cors de chasse sous une pluie battante à Mont-de-Marsan, emmenées par des piboles (petites trompes) à Redon ou soutenues par des élus locaux comme le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand à Amiens, des marées orange fluo -la couleur des vestes et des casquettes des chasseurs- ont envahi les rues. Pêcheurs, agriculteurs et associations culturelles étaient également au rendez-vous.

« Il y a des enfants, des femmes, toutes les générations… Les chasseurs ont été le détonateur mais toute la ruralité est là », s’est félicité le directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, Régis Hargues, à Mont-de-Marsan.

Chasseur venu du Lot-et Garonne voisin, Christian Bonas s’insurgeait: « Dans nos campagnes, le portable ne passe pas, on a plus d’épicerie ni de pharmacie, on est délaissés de partout et maintenant on veut nous enlever nos traditions, notre chasse, transmises par nos anciens. C’est complètement anormal! ».

Épouse d’un chasseur et gaveur de palmipèdes et amatrice de corrida, Myriam manifeste pour continuer de « transmettre ces traditions » aux plus jeunes. « C’est tout un art de vivre », selon elle.

Eric, Landais de 47 ans, en veut, lui, aux « talibans du Paristan », ces « idéologues de la capitale ». « J’en ai marre de voir ma culture partir en lambeaux », tonnait-il. « On a déjà éradiqué ma langue, le gascon, maintenant ce sont les chasses à l’alouette, la palombe… ».

A Forcalquier, les manifestants, certains soufflant dans des appeaux, ont marché jusqu’à la permanence de Christophe Castaner, patron des députés LREM et ancien maire de cette petite ville de 5.000 habitants, avec des slogans et des pancartes hostiles aux gouvernants, comme « Pompili au pilori » ou « Macron fossoyeur de nos traditions ».

Sur TV5 Monde, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a assuré samedi qu’elle n’était « pas une ministre pour ou contre la chasse ». « Je suis une ministre qui doit protéger la biodiversité et donc quand elle est en danger, je prends mes responsabilités », a-t-elle expliqué.

« Qu’on nous laisse vivre »

Mme Pompili a également été la cible de la colère des manifestants à Amiens, son fief électoral. « Qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse vivre », a lancé à la foule le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, appelant à la création d’un grand ministère de la Ruralité, « pour s’y sentir enfin chez nous ».

« Moi, je suis aux côtés des ruraux. J’en ai assez de les voir caricaturer », a affirmé le candidat à la présidentielle Xavier Bertrand, interpellant Emmanuel Macron : « Il dit qu’il soutient les chasses traditionnelles mais son gouvernement fait le contraire. Il faut arrêter le +en même temps+, une blague hypocrite ».

A Redon, Jérôme Delalande, 42 ans, pointait du doigt « ces écolos qui ont réintroduit l’ours et le loup et sont les mêmes qui interdisent de chasser ». « Il faut réguler le gibier », soulignait ce chasseur venu de la Loire-Atlantique voisine avec sa fille.

Comme ailleurs, des agriculteurs étaient présents dans le cortège breton. A l’image de Catherine Lallié, de la Coordination rurale, qui pestait contre « les végétariens et les vegans » qui « n’ont pas à faire la police de l’alimentation ». « On se sent abandonnés par notre gouvernement et nos élus… », a-t-elle lancé.

En août, le Conseil d’État a jugé plusieurs techniques de chasse avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne « oiseaux » de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction des espèces capturées.

Dans la semaine, le gouvernement a toutefois mis en consultation plusieurs arrêtés pour ré-autoriser certaines de ces chasses, au grand dam des défenseurs de l’environnement. Une mesure interprétée comme un geste envers cet électorat très courtisé.

La justice avait déjà jugé illégale, en juin, la chasse à la glu, qui consiste à piéger des merles et des grives sur des tiges enduites de colle, mais qui conduit à capturer aussi d’autres espèces d’oiseaux.

©AFP

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5 commentaires

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    • michel CERF

    Politiques , chasseurs , agriculteurs , FNC , FNSEA , même combat contre la nature .

    • Matthias Heilweck

    La tradition n’est pas une qualité en soi. Le droit de cuissage des employeurs sur leur personnel a bien été aboli aussi…
    D’autre part, les populations d’oiseaux sont réduites à peau de chagrin, en grande partie à cause de la disparition de leur habitat et source de nourriture. Si les agriculteurs intensifs qui manifestent en première ligne se sentent stigmatisés ce n’est qu’un juste retour de bâton. Je ne peux que leur suggérer de relever la tête du guidon et de réfléchir à leur avenir.

    • Henri DIDELLE

    TRADITION, QUAND TU NOUS TIENS…
    Donc si je comprends bien, sous couvert de tradition tout est permis (corrida, chasse à courre, chasse à la glu, massacre des dauphine aux iles Féoré…). C’est un tout petit peu primaire comme raisonnement.
    En parlant de tradition, les enfants n’ont pas classe le mercredi, samedi et dimanche et pourtant ce sont des jours où la chasse est ouverte. Il n’y a que les chasseurs pour trouver ça normal !!!

    • xavier788

    ras le bol des chasseurs et autres barbares avides de sang, laissez les animaux en paix !!! . Y a plus de défenseurs de la cause animale que de militants pour la barbarie.

    • crh

    Surprenant que Goodplanet reprenne ainsi ce communiqué et ce titre (« marée orange », 42000, si les chasseurs sont 1 voire 5 millions comme ils aiment à s’en vanter, c’est plutôt une vaguelette…), sans aucune mise en perspective par rapport à ces slogans éculés et mensongers, selon lesquels les chasseurs seraient la ruralité, alors qu’une bonne partie d’entre eux sont des urbains et que de très nombreux ruraux sont excédés par les excès de la chasse, la confiscation de la nature et le danger qu’elle représente (voir le site « un jour un chasseur ») ; et ces récriminations risibles selon lesquelles ils seraient persécutés par le pouvoir alors que les politique de tous bords passent leur temps à leur faire des cadeaux et à leur lécher le …, sur le dos de la biodiversité. C’est pathétique.