Mary Simon, l’ardente défenseure des Inuits

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La cheffe inuite Mary Simon prononce un discours lors d'une session plénière d'une conférence sur le climat, le 24 octobre 2009, à Stockholm (Suède) © AFP OLIVIER MORIN

Ottawa (AFP) – Contre les forages en Arctique, pour la chasse aux phoques et la défense des traditions des Inuits : tout au long de sa carrière, Mary Simon, la première femme autochtone nommée mardi gouverneure générale du Canada, s’est battue sans relâche pour préserver la culture de ce peuple.

Nouvelle représentante de la reine Elizabeth II, officiellement la cheffe d’État du Canada, Mary Simon a salué dans sa nomination « un pas important vers le long chemin de la réconciliation ». Le pays est sous tension depuis la découverte de plus d’un millier de tombes anonymes près d’anciens pensionnats pour autochtones ces dernières semaines.

C’est justement cette femme de 73 ans, aux longs cheveux gris, qui avait reçu en 2008 les premières excuses officielles du gouvernement canadien pour l’enrôlement de force de dizaine de milliers d’autochtones dans ces pensionnats, lors d’une cérémonie à la Chambre des communes.

« Ne nous laissons pas abuser par l’impression que lorsque le soleil se lèvera demain, la douleur et les cicatrices seront effacées », avait-elle alors plaidé.

« Perceptions coloniales »

Née en 1947 dans un petit village du Nunavik, cette vaste région du Grand Nord du Québec, Mary Simon fait ses premières armes en tant qu’animatrice de radio pour la chaîne anglophone CBC.

Dès les années 80, elle s’engage pour la défense des Inuits, à commencer par la protection de leur milieu de vie. En tant que présidente du Conseil circumpolaire inuit (ICC), elle dénonce la pollution de l’Arctique, puis les forages pétroliers.

En 2006, elle prend la tête de l’Inuit Tapiriit Kanatam, la principale organisation inuite du Canada.

Pour la protection de la culture de ce peuple et de ses pratiques, elle n’hésite pas à se lancer dans des bras de fer internationaux.

Comme quand Bruxelles fait interdire en 2010 le commerce de produits dérivés du phoque en Europe, au nom de la défense des animaux. « Des perceptions coloniales de nos pratiques de chasse », fustige-t-elle. La gouverneure générale du Canada de l’époque, Michaëlle Jean, mange un morceau de cœur de phoque cru en signe de solidarité.

Même son de cloche quand Washington tente de faire classer l’ours polaire comme espèce menacée d’extinction: « C’est une attaque directe contre nos droits, notre culture, nos coutumes de chasse, nos accords sur la protection de la nature et sa gestion, et contre les économies locales des peuples autochtones de l’Arctique », accuse encore la dirigeante inuit.

C’est pourtant bien sur le domaine de la préservation des cultures que ses détracteurs risquent de lever les boucliers: Mary Simon ne parle pas bien le français, une des langues officielles du pays, vue comme « menacée » par de nombreux Québécois.

Elle s’est donc engagée à prendre des leçons pour « pouvoir bien représenter tous les Canadiens », a précisé le Premier ministre canadien Justin Trudeau.

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