Pensionnats autochtones: le Canada bouleversé, Trudeau promet de nouvelles mesures

canada pensionnats catholiques peuple autochtones

Des membres de la communauté Mohawk défilent le 30 mai 2021 à Kahnawake, au Canada, en mémoire des 215 enfants autochtones dont les restes ont été retrouvés enfouis sous un ancien pensionnat © AFP Peter MCCABE

Ottawa (AFP) – Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les communautés autochtones une priorité, a promis lundi des « actions concrètes » et exprimé l’émotion de tout le pays après la découverte des restes de 215 enfants autochtones sur le site d’un ancien pensionnat en Colombie-Britannique.

« L’héritage tragique des pensionnats est encore présent aujourd’hui et notre gouvernement va continuer d’être là pour soutenir, avec des actions concrètes, les survivants, leurs familles et leurs communautés partout au pays », a assuré Justin Trudeau, sans préciser quelles pourraient être les prochaines mesures.

Lancer de nouvelles recherches de restes humains sur d’autres sites de pensionnats, comme l’ont demandé des dirigeants autochtones, « est une partie importante de la découverte de la vérité », a-t-il reconnu lors de son premier point presse depuis la tragique découverte près de Kamloops, en Colombie-Britannique. « Je crois que nous allons en faire plus ».

« En tant que père, je ne peux pas imaginer ce que je ressentirais si on m’enlevait mes enfants », a-t-il confié. « En tant que Premier ministre, je suis consterné par les politiques honteuses qui ont volé des enfants autochtones à leurs communautés. »

En outre, Justin Trudeau a reconnu « l’échec épouvantable » d’Ottawa dans ses relations avec les communautés autochtones.

« Il reste encore énormément à faire », a commenté le Premier ministre, qui a fait de la réconciliation avec les premiers peuples du Canada l’une de ses priorités depuis son arrivée au pouvoir en 2015.

M. Trudeau devait faire le point sur ce dossier dans l’après-midi avec plusieurs ministres, dont celle chargée des relations avec les Autochtones, Carolyn Bennet.

« Notre gouvernement continuera à coopérer avec ces communautés pour trouver des approches culturellement acceptables afin d’identifier ces enfants, de localiser les sites d’inhumation et honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts ou ont disparu alors qu’ils fréquentaient ces établissements », a déclaré Mme Bennet devant le Sénat, selon la chaîne CBC.

« Une fois qu’on connaît la vérité, on ne peut plus la +dé-connaître+ », a-t-elle insisté.

M. Trudeau s’est dit en faveur d’un débat d’urgence à la Chambre des communes, répondant à l’appel lancé quelques heures plus tôt par Jagmeet Singh, le chef du Nouveau parti démocrate (NPD, gauche), au bord des larmes lors d’un point presse séparé.

 « Génocide culturel »

Des chefs autochtones dont Perry Bellegarde, chef de l’Assemblée des Premières Nations, ont également réclamé que des recherches soient menées sur les sites des anciens pensionnats, selon les médias locaux.

Les communautés autochtones « méritent de connaître la vérité et d’avoir l’opportunité de guérir (la blessure) concernant la perte des enfants qui sont morts », a déclaré M. Bellegarde dans un communiqué cité par le Globe and Mail.

Dimanche, le pays a mis ses drapeaux officiels en berne tandis que des cérémonies en mémoire des jeunes victimes ont eu lieu dans plusieurs régions du pays.

Au Québec, des participants ont déposé des chaussures d’enfants et des jouets sur le perron de l’église Saint-François-Xavier à Kahnawake, près de Montréal, en guise d’hommage.

Les restes ont été repérés par un expert à l’aide d’un géo-radar sur le site d’un ancien pensionnat près de Kamloops, qui avait été géré par l’Eglise catholique. Ce type d’établissements, créés à la fin du 19e siècle et qui ont existé jusque dans les années 1990, avait pour but de retirer les enfants autochtones à leurs communautés pour les assimiler à la culture dominante.

« Il ne fait aucun doute qu’il vont en trouver d’autres en d’autres endroits », a estimé Eddy Charlie, ancien élève d’un pensionnat de Kuper Island, près de Vancouver, sur la chaîne CTV. « Il faut juste qu’ils sachent où chercher ».

Quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture. En 2015, une commission nationale d’enquête a qualifié ce système de « génocide culturel ».

Ottawa avait présenté des excuses formelles aux survivants de ces pensionnats autochtones en 2008, dans le cadre d’un accord de 1,9 milliard de dollars canadiens (1,3 milliard d’euros).

© AFP

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Guy J.J.P. Lafond

    02JUIN2021 – Recueillement.
    L’Histoire continue de s’écrire au Canada aussi.
    Les enfants méritent de grandir avec leurs parents biologiques quand ces parents sont droits et bons pour eux et pour elles.

    @GuyLafond @FamilleLafond