Le Panama veut faire des mines un moteur économique, au grand dam des écologistes

mine d'or panama

Dans la mine d'or abandonnée de Petaquilla, dans la province du Colon au Panama, le 28 mai 2021 © AFP Ivan PISARENKO

Colon (Panama) (AFP) – Des installations métalliques abandonnées au milieu de la jungle, tel est le legs environnemental laissé par l’exploitation minière au Panama. Une activité que le gouvernement veut assainir et transformer en moteur de son économie, au grand dam des écologistes.

La luxuriante végétation de l’Amérique centrale a dévoré une grande partie des infrastructures de ce qui était autrefois Petaquilla Gold, une mine d’or de la province de Colon, dans l’ouest du pays, que ses propriétaires — des capitaux panaméens et canadiens — ont abandonnée en 2014.

Invoquant un manque de financements, « ils sont partis en nous devant de l’argent et ils ne se sont pas souciés de la pollution qui restait », raconte à l’AFP Ismael Pérez, qui a travaillé pour l’entreprise et dont la maison se trouve à quelques mètres du gisement d’or.

Les conteneurs qui abritaient autrefois des bureaux, des machines lourdes et trois énormes puits font toujours partie du paysage.

« Ce qui s’est passé à Petaquilla est regrettable à tous points de vue, mais dans cette zone (tropicale), la capacité de récupération de la nature est très élevée. Les effets apocalyptiques qui avaient été prédits ne se sont pas produits », défend auprès de l’AFP Zorel Morales, directeur exécutif de la Chambre des mines du Panama.

À près de deux kilomètres du site, l’entreprise Minera Panama, contrôlée par la société canadienne First Quantum, a commencé en 2019 une exploitation à ciel ouvert de cuivre dans une concession de 13.000 hectares.

La capacité de production annuelle est d’environ 320.000 tonnes de cuivre, ce qui, si elle est atteinte, ferait du Panama le quatrième producteur en Amérique latine, après le Chili, le Pérou et le Mexique, explique M. Morales.

L’entreprise compte déboiser 6.000 hectares, mais a prévu de replanter 10.000 hectares à l’intérieur et l’extérieur de l’enceinte.

Des rapports des autorités environnementales de fin 2012 à début 2020, consultés par l’AFP, font état de 193 « non-conformités » de la part de Minera Panama. La société répond qu’il s’agissait de « constatations spécifiques » et que des mesures correctives ont été immédiatement apportées.

« Totalement incongrue »

Parallèlement, le ministère du Commerce et de l’Industrie a relancé l’appel d’offres pour l’exploration de deux réserves minières proches, d’environ 25.000 hectares, qui comprend celle de Petaquilla Gold.

Pour M. Morales, « il s’agit d’une zone très prometteuse (…) qui pourrait potentiellement avoir plus de gisements, non seulement d’or, mais aussi de cuivre ».

En pleine pandémie de coronavirus qui frappe durement l’économie, le gouvernement panaméen estime que les opportunités « se trouvent actuellement, en plus d’autres secteurs, dans l’exploitation minière, en tant que secteur primaire et générateur d’emplois », assure la directrice adjointe des ressources naturelles au ministère du Commerce et de l’Industrie, Ana Méndez.

Selon elle, l’activité peut « représenter 8% du Produit intérieur brut » panaméen.

Le Panama fait partie du corridor biologique centro-américain, une zone naturelle qui s’étend dans toute l’Amérique centrale, du Panama au Mexique, où la migration des espèces est protégée. Mme Méndez assure que la zone de la concession « est une réserve minière qui ne fait pas partie de zones protégées ».

Pour la militante écologiste Raisa Banfield, l’exploitation minière est cependant « totalement incongrue en raison des conditions géographiques et de la vulnérabilité du Panama », un pays de « seulement » 77.000 km2, qui compte 500 rivières et deux côtes, atlantique et pacifique.

« L’ensemble de notre territoire repose sur l’eau et les richesses naturelles. Les mines de métaux à ciel ouvert sont parmi les plus polluantes de la planète », rappelle-t-elle.

Le code de la mine panaméen date des années 1960 et n’a connu que des réformes partielles. Il ne compte toujours pas de protocole pour assurer le démantèlement des infrastructures en cas de fermeture.

Pour Isaias Ramos, biologiste au Centre pour la défense de l’environnement (CIAM), l’exploitation minière dans le pays n’a laissé que des passifs. « Si leur projet phare (de la mine d’or de Petaquilla) a échoué, comment pouvons-nous parler de projets miniers durables sur le plan économique, social et écologique ? », s’interroge-t-il.

©AFP

Au Cameroun, des mines d’or abandonnées devenues « lacs de la mort »

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Méryl Pinque

    L’humanité est une espèce dégénérée qui ne comprend rien à rien et scie la branche sur laquelle elle est assise.