Dans le camp de migrants de Lesbos, la « peur du vaccin » prédomine

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Une femme se fait vacciner le 3 juin 2021 dans le camp de réfugiés à Lesbos, un camp où la plupart des demandeurs d'asile ont peur du vaccin © AFP/Archives Manolis Lagoutaris

Ile de Lesbos (Grèce) (AFP) – Dans le camp de Lesbos, où a débuté jeudi la campagne de vaccination contre le Covid-19, la « peur du vaccin » prédomine parmi les migrants, mais les autorités grecques ont bon espoir de réussir à immuniser tous les demandeurs d’asile de Grèce.

« Certains ont peur de se faire vacciner, ils sont contre et ne se sont pas inscrits sur les listes », confie à l’AFP Neihnman, un demandeur d’asile du Congo.

« Les autorités vont vacciner étape par étape, d’abord nous tester pour être sûrs que nous n’avons pas le coronavirus, puis elles vont informer tout le monde pour tenter de rassurer », continue l’homme de 36 ans, assis sur une pierre au bord de l’eau.

Dans le camp de Lesbos, qui abrite plus de 6.000 personnes, les réfugiés viennent, cinq par cinq, dans la grande tente où est effectuée la vaccination, afin de maintenir les distances et d’éviter que les vaccins ne restent trop longtemps hors des frigos.

« Cela ne dure que 20 secondes, il ne faut pas s’inquiéter, les complications sont très rares », rassure un médecin.

L’historique des patients est vérifié par les médecins qui les informent sur les éventuels symptômes et effets secondaires du vaccin Johnson et Johnson, celui qui est inoculé dans le camp.

« Tout le monde a été averti et ils doivent prendre rendez-vous pour venir se faire vacciner », souligne le directeur du camp, Nikos Babakos.

« Nous espérons que le rythme va s’accélérer dans les jours prochains », ajoute-t-il.

Car à peine « cinquante demandeurs d’asile se sont pour l’instant inscrits pour être vaccinés dans le camp », a rapporté Anastasios Chatzis, responsable de l’organisme de santé publique qui s’occupe de la campagne de vaccination.

Au total, dans les camps des îles grecques de Lesbos, Samos et Chios, « seuls 15% des demandeurs d’asile ont pour le moment montré un intérêt pour se faire vacciner », a précisé mercredi le secrétaire général à l’Asile Manos Logothetis, dans une interview à l’agence de presse grecque ANA.

Mais « si l’on estime que 30% de cette population a moins de 18 ans et qu’une autre part de 30% a déjà été malade, la route vers l’immunité des demandeurs d’asile est courte », a ajouté ce responsable au ministère des Migrations.

« Nous réussirons », a-t-il assuré avec optimisme.

La campagne de vaccination va se poursuivre la semaine prochaine dans tous les camps de migrants du pays, a précisé jeudi le ministère des Migrations.

Neihnman lui voudrait se faire vacciner pour pouvoir sortir plus facilement du centre aux tentes blanches.

Car « les mesures pour se rendre hors du camp sont strictes, nous devons faire des tests rapides (antigéniques) à chaque fois », précise-t-il.

Depuis le début de la pandémie, sur l’île grecque de Lesbos, comme sur celles de Samos et Chios, les migrants ont été restreints dans leurs déplacements hors des camps, pour éviter la propagation du virus dans des infrastructures surpeuplées.

L’enfermement des demandeurs d’asile a été dénoncé à maintes reprises par les ONG.

Alors que la population grecque a été déconfinée plusieurs fois depuis mars 2019, les migrants ne l’ont jamais été vraiment.

Les camps des îles du nord de la mer Égée accueillent près de 9.400 personnes, et plus de 80.000 demandeurs d’asile résident en Grèce, d’après le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.

© AFP

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