Batteries et métaux rares: l’Europe risque une « double dépendance » vis-à-vis de la Chine (Pdg Eramet)


Christel Bories, PDG du groupe minier français Eramet, le 15 septembre 2017 à Saint-Georges-de-Mons (Puy-de-Dôme) © AFP/Archives Thierry Zoccolan

Paris (AFP) – L’Europe risque une « double dépendance » vis-à-vis de la Chine en matière de transition énergétique, à la fois pour l’extraction des métaux rares et pour leur transformation industrielle, a averti lundi Christel Bories, PDG du groupe minier français Eramet.

« L’Europe doit faire attention de ne pas se retrouver avec une double dépendance chinoise: à la fois sur l’extraction et sur la raffinerie » des métaux comme le manganèse, le cobalt, le nickel ou le lithium, utilisés dans la fabrication des batteries électriques, a déclaré Mme Bories sur BFM Business, alors que son groupe, recentré sur les activités minières stratégiques, affiche une hausse de 8% de son chiffre d’affaires au premier trimestre.

« La batterie d’un véhicule électrique, c’est 40% de la valeur du véhicule, et une grande partie de son poids, ce sont des métaux: nickel, manganèse, cobalt, lithium, les fameuses batteries lithium-ion » a-t-elle rappelé.

« On parle de gigafactory (de batteries, NDR), mais d’où vont venir les matières premières? » s’est-elle interrogée en estimant que l’Europe devait avoir « des acteurs miniers » capables « de développer et de produire de façon responsable les métaux de la transition énergétique ».

Alors qu’Eramet est considéré comme un acteur stratégique par l’Etat français, « il n’y pas beaucoup d’autres acteurs européens » dans le secteur, a relevé Mme Bories qui vient d’être renouvelée à son poste. « Il faut développer ou aider à développer des entreprises comme nous. Il y a aussi des start-up dans ces domaines-là » a-t-elle noté.

Selon elle, l’Europe doit « faire de la géopolitique, c’est-à-dire ce qu’on appelle de la diplomatie économique pour se lier à des pays qui ont ces richesses-là. La Chine fait cela extrêmement bien de façon efficace depuis de nombreuses années et donc a mis la main sur beaucoup de ressources » a ajouté Mme Bories.

La croissance du groupe métallurgique et minier a été tirée au premier trimestre par celle de ses mines justement et par la hausse des prix des métaux sur les marchés mondiaux, malgré le recul des ventes des alliages haute performance de sa filiale Aubert et Duval, affectés par la crise de l’aéronautique.

Au total, la production de minerais et métaux a vu ses ventes progresser de 18% à 683 millions d’euros.

Celle de minerai de manganèse a augmenté de 17% à 1,5 million de tonnes au Gabon, le chiffre d’affaires relié à l’extraction du minerai de nickel a fait un bond de 58%. La troisième activité minière du groupe, liée à l’exploitation de sables minéralisés au Sénégal, a vu son activité reculer de 20% sur un an.

© AFP

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5 commentaires

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    • michel CERF

    Me . Christel Bories est complice de la déforestation et de la pollution de l’environnement , mais cela ce passe loin de chez elle ….

    • dany

    Même à 200 à l’heure, Toujours droit dans le mur,

    • Serge Rochain

    Cette PDG semble ignorer d’où proviennent les métaux dont elle parle et dont la Chine n’est productrice que de façon marginal.
    « double dépendance chinoise: à la fois sur l’extraction et sur la raffinerie » des métaux comme le manganèse, le cobalt, le nickel ou le lithium, utilisés dans la fabrication des batteries électriques, a déclaré Mme Bories sur BFM »
    Pour le manganèse et le Cobalt : l’Afrique du Sud, le Gabon, le Brésil, et l’Australie.
    Pour le Nickel : Indonésie, Philippines, Russie, Nouvelle Calédonie
    Et pour le lithium : Surtout l’Australie et le Chili, mais aussi la Chine dans une relative faible proportion, mais la réalité c’est que le lithium se trouve vraiment partout sur la planète en quantité importante.
    Donc aucune mainmise de la Chine sur ses matières aujourd’hui nécessaires à la fabrication des batteries, que l’on pourrait fabriquer tout aussi bien en France sans devoir dépendre de la Chine. Et si les batteries viennent surtout de Chine, c’est que comme pour les chaussettes et les stylos-billes, c’est moins cher en Chine.

    • Roger Kantin

    La Chine a la quasi monopole des terres rares et nous vend maintenant les produits manufacturés. En plus des batteries pour voitures électriques : lampes fluo et à LED, super aimants, ordinateurs, smartphones, drones, éoliennes, panneaux solaires, trains à sustentation magnétique, missiles et autres applications militaires. Ce sont leurs propriétés électriques, mais surtout leurs propriétés hautement magnétiques qui sont recherchées. Pour faire une voiture hybride, il faut du cérium, de l’europium, de l’yttrium, du néodyme, du praséodyme, du dysprosium, du terbium, du lanthane… Nous dépendons de la Chine, aussi bien pour la production que pour les prix…. En attendant de recycler nos vieilles batteries nous-mêmes.. Mais cela coute moins cher d’acheter. La technique existe, mais c’est l’économie qui prime.

    • Guy J.J.P. Lafond

    Article et commentaires très édifiants!
    Svp, quand vous aurez identifié les meilleures options pour la mobilité durable et pour la protection du Climat et de l’environnement, faites-nous signe, nous Hydro-Québec et le Canada. Il nous fera plaisir de collaborer aussi avec l’U.E.

    @GuyLafond @FamilleLafond
    À nos vélos hybrides, à nos espadrilles de course, à nos équipements de plein air! Le temps file.