Nigeria: nettoyage de la plus grande plage de Lagos jonchée de plastique


Un bénévole ramasse des déchets sur la plage de Lighthouse à Lagos, au Nigeria, le 27 mars 2021 © AFP PIUS UTOMI EKPEI

Lagos (AFP) – Les températures frôlent les 40 degrés ce matin-là mais les bénévoles continuent inlassablement leur tâche: ramasser les bouteilles en plastique, sachets ou boîtes en polystyrène qui jonchent Lighthouse beach, la plus grande plage de Lagos, dans le sud du Nigeria.

La gigantesque mégapole de 20 millions d’habitants produit entre 13.000 tonnes et 15.000 tonnes d’ordures par jour, dont 2.250 tonnes uniquement de pollution plastique, selon les chiffres de la compagnie locale de recyclage WeCyclers.

Malgré des efforts récents des autorités pour tenter d’organiser le ramassage des ordures, et l’émergence de PME spécialisées dans ce secteur, la pollution au plastique, l’absence de tri et de sensibilisation du grand public est un immense problème environnemental et de santé publique pour la ville la plus peuplée d’Afrique.

Conséquence: des montagnes de déchets sont charriées par les pluies et les marées, et se retrouvent échouées sur les plages de la ville.

La plus grande d’entre elle, Lighthouse, bordée de cocotiers et frappée par les vagues de l’Atlantique, relie Lagos au Bénin voisin sur plus d’une centaine de kilomètres. S’il n’y avait pas tous ces déchets, elle pourrait être paradisiaque.

Recycler le plastique

« Il est temps de commencer à sensibiliser les gens à la nécessité de préserver l’environnement, en particulier avec le problème du plastique », explique à l’AFP Chioma Chukwura, consultante en marketing digital, grand chapeau coloré sur la tête.

A la fin de la journée, les quelque dizaines de bénévoles ont ramassé 230 grands sacs à ordures, qui s’amoncellent sur le sable brûlant.

« Une entreprise de recyclage viendra les chercher », dit à l’AFP Owoade Yussuf, organisatrice de ce mouvement citoyen indépendant. « Chaque plastique ici sera recyclé », assure-t-elle.

Vendu 500 dollars la tonne, le recyclage de plastique pourrait rapporter 250 millions de dollars à la ville de Lagos en moins d’un an. Mais un environnement plus propre pourrait aussi développer de nombreux secteurs de son économie.

« Nettoyer les plages permet d’améliorer la vie des communautés locales qui pourraient vivre du tourisme », poursuit-elle. « Cependant, pour attirer les gens à la plage, il faut une plage propre ».

A leur départ, une centaine de mètres de sable a été vidée de ses déchets plastiques. Mais beaucoup reste à faire.

« Il faudrait peut-être deux mois, en permanence, chaque jour, pour nettoyer cette plage. Et il faut trouver un moyen d’empêcher le plastique de revenir », lâche Ebube Nwosu, informaticien et bénévole, un peu désabusé.

Des chercheurs français du Groupement de recherche (GDR) « Polymères Océans » du CNRS ont révélé en février que quelque dix millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans les océans de la planète et que leur nettoyage n’était désormais plus possible du fait des coûts trop importants que cela engendrerait.

Néanmoins, Owoade Yussuf ne veut pas se laisser abattre. Elle prévoit de revenir au mois de juin « avec plus de 100 bénévoles cette fois » et espère sensibiliser la communauté locale sur les avantages à garder son environnement propre pour qu’elle se joigne au mouvement citoyen.

Mais à Lighthouse, le plastique n’est pas le seul problème.

D’immenses épaves de bateaux échoués se succèdent le long de la plage: des armateurs peu scrupuleux les abandonnent discrètement au large des côtes nigérianes, plutôt que de payer leur désossement selon les normes environnementales internationales.

Et pour ces épaves, même une armée de bénévoles n’y pourra rien.

© AFP

2 commentaires

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    • Solange

    Sincères félicitations à tous ces bénévoles qui aiment leur plage . J’espère que beaucoup d’autres se joindront à eux pour que leur plage (-dégueu ) devienne paradisiaque, ils y arriveront , ils sont très courageux, quand aux épaves là ……..c’est une autre histoire

    • Guy J.J.P. Lafond

    03AVRIL2021

    Mise en exergue:

    « Nettoyer les plages permet d’améliorer la vie des communautés locales qui pourraient vivre du tourisme », poursuit-elle. « Cependant, pour attirer les gens à la plage, il faut une plage propre ».

    Réaction:

    Quand ils et elles se retroussent les manches, les êtres humains sont parfois comme des fourmis. Ils prennent enfin soin de la Terre.

    Entre 2002 et 2004, j’ai eu ce bonheur inoubliable de découvrir des plages de l’Afrique de l’Ouest. Et en effet, comme le pense d’ailleurs aussi Solange, le tourisme peut redevenir une des fiertés de cette région du monde.

    @GuyLafond @FamilleLafond
    À nos vélos, à nos espadrilles de course, à nos équipements de plein air! Car le temps file.