Après un an de pandémie, la riposte s’organise mais le chemin paraît encore long

pandemie un an

Vue aérienne d'un cimetière réservé aux victimes du Covid-19 à Manaus, le 21 novembre 2021 au Brésil © AFP/Archives MICHAEL DANTAS

Genève (AFP) – Il y a un an jour pour jour, l’OMS qualifiait le Covid-19 de pandémie, se disant « profondément préoccupée » par ses « niveaux alarmants de propagation »: après des mois de chaos et d’efforts, la riposte s’est organisée dans le monde mais reste inégale selon les régions.

A ce stade, le virus a fait au moins 2.611.162 morts dans le monde, avec plus de 117.511.850 cas d’infection diagnostiqués, selon un bilan établi mercredi par l’AFP.

Les Etats-Unis, pays le plus touché au monde avec plus d’un demi-million de décès, vaccinent désormais à tour de bras et ont adopté mercredi un colossal plan de relance économique de 1.900 milliards de dollars, une « victoire historique » pour le président Joe Biden. De quoi faire souffler un certain vent d’optimisme sur le pays.

Quelque 15 milliards seront consacrés à la vaccination, 50 milliards pour les tests et le traçage et 10 milliards pour la production de vaccins.

Plus de 93 millions d’injections ont été réalisées dans le pays, qui a déjà passé des commandes suffisantes pour recevoir d’ici fin mai assez de doses pour vacciner l’ensemble des adultes américains.

Joe Biden a malgré tout demandé qu’un contrat de 100 millions de doses supplémentaires soit négocié avec Johnson & Johnson.

Le nombre quotidien de décès est en outre en nette baisse à 1.600 en moyenne au cours de la semaine écoulée, contre 2.000 les précédentes.

La situation apparaît nettement moins favorable au Brésil, qui semble au contraire s’enfoncer dans la crise. Le pays a une nouvelle fois battu mercredi son record de décès en 24 heures (2.286).

« Nous sommes au pire moment de la pandémie au Brésil, le taux de transmission avec les variants rend l’épidémie encore plus grave. L’année 2021 va encore être très dure », a déclaré à l’AFP Margareth Dalcolmo, pneumologue et chercheuse à la Fiocruz, institut de référence en santé publique.

« La situation du Brésil est très préoccupante. Cela nous rappelle que les zones déjà très atteintes par le virus sont encore très vulnérables à de nouvelles infections », a renchéri la directrice de l’Organisation Pan-Américaine de la Santé (OPS) Carissa Etienne.

La vaccination n’a débuté que tardivement dans cet immense pays aux dimensions continentales, qui compte à ce jour 270.656 décès et le président d’extrême droite Jair Bolsonaro n’a cessé de minimiser la pandémie et de s’opposer à toute fermeture des commerces, au nom de la préservation de l’emploi.

Revenu dans le jeu politique suite à une décision de justice, l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva a fustigé ses positions: « Je voudrais que le peuple brésilien ne suive aucune des décisions imbéciles prises par le président de la République et son ministère de la Santé », a-t-il lancé.

En un an, la pandémie a par ailleurs fait « régresser » presque tous les indicateurs mesurant le développement des enfants et adolescents dans le monde, s’alarme l’Unicef.

« Le nombre d’enfants affamés, isolés, maltraités, anxieux, vivant dans la pauvreté ou contraints au mariage a augmenté », indique sa directrice Henrietta Fore.

« Parallèlement, leur accès à l’éducation, aux possibilités de socialisation et à des services essentiels tels que la santé, la nutrition et la protection a diminué. Tout indique que les enfants subiront les séquelles de la pandémie pendant des années », a-t-elle ajouté.

Ainsi, six à sept millions d’enfants supplémentaires pourraient être atteints de malnutrition ou d’émaciation en 2020, soit une hausse de 14% qui pourrait se traduire par plus de 10.000 morts supplémentaires par mois, essentiellement en Afrique sub-saharienne et en Asie du sud.

Le coronavirus a aussi entraîné la suspension de campagnes de vaccination contre d’autres maladies – à commencer par la rougeole – dans 26 pays, augmentant d’autant les menaces planant sur la santé des personnes non immunisées.

Mme Fore a appelé à placer les enfants « au cœur des efforts de redressement », en « donnant la priorité » aux réouvertures d’école et en fournissant une protection sociale aux familles – y compris sous forme de transferts monétaires – pour éviter « une génération perdue ».

En Europe, plusieurs « points chauds » continuent de préoccuper la Commission, comme « le Tyrol en Autriche, Nice et la Moselle en France, Bolzano en Italie et certaines parties de la Bavière et de la Saxe en Allemagne ».

La France se prépare à évacuer des patients de certaines régions pour soulager des hôpitaux débordés, notamment dans la région parisienne.

« Nous sommes à saturation, ça continue de monter et on est en train de dispatcher des malades un peu partout, comme on peut. On annule des opérations, on annule des prises en charge d’autres malades, voilà les conséquences de l’absence de décision », a regretté Stéphane Gaudry, professeur de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Avicenne près de Paris, interrogé par l’AFP.

La Pologne a également fait part de son inquiétude après un nouveau record de cas de contaminations que les autorités attribuent à un « relâchement croissant » de la population et à la diffusion du variant anglais.

« Nous sommes loin de pouvoir dire que la troisième vague est en recul », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Piotr Muller.

En Italie, l’espérance de vie a baissé en Italie de presque un an, à 82,3 ans à cause de la pandémie, selon des statistiques officielles.

Un étude publiée mercredi estime que le variant anglais est 64% plus mortel que le coronavirus d’origine du Covid-19.

Pour mille cas détectés, le variant anglais provoque 4,1 morts, contre 2,5 pour le coronavirus classique, concluent les auteurs de ces travaux publiés dans la revue médicale BMJ.

© AFP

Ecrire un commentaire