Brésil : l’industrie de la viande accusée de recourir au travail forcé

Feedlot Etats-Unis

Feeddlot à proximité de Bakersfield, Californie, États-Unis. Les États-Unis sont le premier producteur et consommateur mondial de viande bovine. L’élevage génère un important impact écologique. ©Yann Arthus-Bertrand

Les grands groupes brésiliens de l’industrie de la viande se fournissent au sein de fermes aux conditions de travail s’apparentant à de l’esclavage. C’est que ce révèle un rapport de l’agence d’investigation Reporter Brasil, relayé par The Guardian. Salaires ridiculement bas, logements indécents, conditions sanitaires déplorables… Loin d’être boycottés, ces élevages participent à la renommée internationale des leaders du marché, tels que JBS.

La ferme Copacabana, une forme d’esclavage moderne

Un exemple de ce type d’élevages aux pratiques inhumaines est la ferme de Copacabana. Payés 8 dollars la journée, les travailleurs, non-déclarés, sont logés dans des cabanes sans sanitaires ni eau courante.

Malgré ces conditions de travail et de vie déplorables, la ferme a pu vendre directement de la viande en 2019 et en 2020 à deux abattoirs de JBS, le leader brésilien du secteur, avant d’être blacklisté par les autorités.

Contacté par Reporter Brasil, JBS affirme avoir pris ses distances avec l’élevage de Copacabana dès que ses mauvaises pratiques ont été découvertes. « Nous avons une politique de tolérance 0 face au travail forcé et nous incitons également quiconque suspectant ou ayant des preuves d’irrégularités au niveau individuel ou au niveau d’une ferme de les reporter ».

L’incapacité des grands groupes à contrôler leur chaîne d’approvisionnement

À l’origine du problème : l’incapacité des grands groupes à maîtriser leur chaîne d’approvisionnement. Bien souvent, des circuits à rallonge brouillent les pistes. La viande est achetée à des « fournisseurs directs », qui eux-mêmes l’obtiennent par le biais d’autres fournisseurs.

Se faisant, les pratiques, parfois douteuses, de certains fournisseurs indirects ne font l’objet d’aucun contrôle. Une série d’investigations a ainsi mis en lumière les méthodes de déforestation illégale de certains d’entre eux.

Face à ce fléau, l’Etat brésilien peine à garantir le respect du droit. Depuis 1995, les inspecteurs mandatés par le gouvernement ont sorti 55 000 individus de « situations similaires à de l’esclavage ». Seulement, ces contrôles se font de moins en moins nombreux alors que la situation, elle, ne s’améliore pas.

En septembre 2020, JBS s’est engagé à contrôler l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement d’ici 2025. Pourtant, dès 2009, le géant, ainsi que Minerva et Marfrig, deux autres poids lourds du secteur, avaient signé une série d’accords avec Greenpeace et les autorités au sein desquels ils s’engageaient à ne plus commercer avec des fermes ayant des pratiques assimilées à de l’esclavage.

Un commentaire

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    • michel CERF

    La photo montre bien qu’il n’y a pas que les hommes qui subissent l’esclavage …