Le changement climatique favorise l’hécatombe des amphibiens (rapport)

amphibien grenouille

Trois espèces d'amphibiens d'Amérique centrale ont disparu et de nombreuses autres pourraient s'éteindre bientôt, victimes d'un champignon mortel dont l'expansion est favorisée par le changement climatique. © AFP/Archives Rodrigo BUENDIA

Genève (AFP) – Trois espèces d’amphibiens d’Amérique centrale ont disparu et de nombreuses autres pourraient s’éteindre bientôt, victimes d’un champignon mortel dont l’expansion est favorisée par le changement climatique, affirme jeudi l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Ces trois espèces dont l’Atelopus chiriquiensis aux couleurs chamarrées que l’on trouvait en altitude au Costa Rica et au Panama mais qui n’a pas été vue depuis 1996, viennent rejoindre 28 autres espèces qui ont elles aussi été ajoutées à la rubrique extinction de la « liste rouge » de l’UICN.

La liste rouge répertorie maintenant 128.918 espèces de plantes et d’animaux, y compris 35.765 qui sont menacées d’extinction.

Même si l’UICN relève aussi quelques bonnes nouvelles comme la « résurrection » du bison d’Europe, « la liste des espèces éteintes qui s’allonge est un rappel brutal qu’il faut d’urgence prendre plus de mesure pour la conservation » de la nature, souligne Bruno Oberlé, le directeur général de l’UICN qui regroupe plus de 1.400 organisations et gouvernements.

Vingt-deux autres espèces d’amphibiens que l’on trouve en Amérique centrale et du Sud se retrouvent pour leur part sur la liste des espèces « gravement menacées », la catégorie qui précède l’extinction, dans le classement de l’UICN, qui fait référence au niveau international.

Le responsable de l’hécatombe est identifié de longue date, un champignon qui attaque la peau des grenouilles, des crapauds et autres batraciens et qui finit par tuer ses victimes en les empêchant de respirer. Le fléau, qui frappe des dizaines de pays dans le monde, s’appelle la quitridiomicosis.

« Crise gigantesque » 

« C’est une espèce invasive qui frappe un grand nombre d’amphibiens dans différentes parties du monde : Europe, Amérique du sud, Asie, Afrique », égrène Craig Hilton-Taylor, en charge de l’établissement de la liste rouge au sein de l’organisation, pour l’AFP.

« Le changement climatique semble aider à l’expansion du champignon et créer les conditions pour que la maladie puisse prospérer, et ensuite cela annihile les populations de grenouilles », explique t-il, parlant d’une « énorme crise » qui frappe les amphibiens.

Parmi les autres espèces menacées de disparaître ou déjà éteintes, celles des 17 espèces de poissons qui peuplaient le lac Lanao aux Philippines. Les coupables : deux espèces de poissons prédateurs introduites par accident il y a un demi-siècle.

Aujourd’hui, 15 des poissons indigènes ont disparu et les deux restants sont gravement menacés, voire ont possiblement disparu.

Qui plus est, la surpêche, la pollution et la déforestation ont « massivement changé » l’écosystème du lac, souligne M. Hilton-Taylor.

« Le résultat, c’est que finalement cela a basculé », souligne-t-il, et de noter qu’un très grand nombre d’espèces endémiques « ont disparu du jour au lendemain ».

Dauphins d’eau douce 

Parmi ces espèces menacées ont trouve aussi le tucuxi ou dauphin de l’Orénoque (Sotalia fluviatilis en latin).

Ce mammifère, que l’on retrouve dans l’Amazone, se retrouve dans la catégorie des espèces en danger, parce que sa population est victime des filets de pêche, dans lesquels ils se noient, des installations de barrage ou encore de la pollution.

Ce sont maintenant les 4 espèces de dauphins d’eau douce qui se retrouvent sur la liste des espèces en danger, y compris le baiji ou dauphin de Chine (Lipotes vexillifer) que l’on trouve uniquement dans le fleuve Yang- Tsé-Kiang et dont on craint même qu’il soit éteint.

Pour Craig Hilton-Taylor il y a quand même une note positive, les autorités du Pérou, d’Equateur, de la Colombie et du Brésil s’étant mobilisées de concert pour sauver le tucuxi.

« C’est une très bonne nouvelle pour la conservation des espèces », juge t-il.

Dans la même veine optimiste, 26 espèces de la liste rouge reprennent du poil de la bête et parmi elles le bison d’Europe, qui vient de passer de la catégorie « quasiment menacée » à la catégorie « vulnérable ».

Le plus gros mammifère d’Europe n’a survécu qu’en captivité avant d’être réintroduit dans la nature dans les années 50.

Et aujourd’hui, les efforts intensifs ont permis de passer d’une population de 1.800 têtes en 2003 à 6.200 en 2019 avec 49 troupeaux en liberté sur le Vieux Continent.

« C’est une bonne nouvelle et elle montre que les efforts de conservation peut changer le cours des choses », se réjouit M. Hilton-Taylor.

©AFP

A lire aussi : Le champignon tueur qui menace d’exterminer un tiers des amphibiens du Panama

Un commentaire

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    • Stéphane : https://www.mahayexpedition.com/

    merci pour cet article et les infos relatées. A Madagascar, nous rencontrons les mêmes problématiques à savoir déforestation, culture sur brulis, trafic de bois précieux, trafic d’animaux … extinction irrémédiables de centaines d’espèces animales au cours des 10 prochaines années sous le regard indifférent des autorités !