Islande : un bus géant qui chevauche les glaciers menacés

Islande glacier Langjökull bus

Un bus géant parcourt le glacier de Langjökull, le 1er octobre 2020 en Islande. © AFP Halldor KOLBEINS

Glacier Langjökull (Islande) (AFP) – Sur les neiges éternelles du Langjökull, un bus géant balade ses passagers jusqu’à 60 km/heure sur le deuxième plus grand glacier d’Islande, dont les scientifiques prédisent la disparition quasi-totale d’ici la fin du siècle.

Sa carrosserie rouge longue de quinze mètres et ses huit roues motrices aux pneus larges de deux mètres arpentent une partie des 844 km2 multicentenaires de la calotte glacière, à l’ouest des hautes terres d’Islande.

À son point culminant, à quelque 1.400 mètres d’altitude, la vue est imprenable sur les sommets plats des monts enneigés dont l’Ok, ex-Okjökull, premier glacier d’Islande déclaré officiellement disparu en 2014 sous l’effet du réchauffement.

En ce jour d’octobre, le bus fait filer ses trente tonnes jusqu’à 60 km/h sur la poudreuse, grâce aux 850 chevaux sous le capot et à un ingénieux système de dépressurisation des pneus. Et franchit des crevasses larges de trois mètres.

De puissantes rafales de vent balaient les flocons fraîchement tombés mais une fois sur les hauteurs les nuages bas disparaissent pour laisser place à un ciel azur.

Un couple d’Italiens, parmi les rares voyageurs à avoir bravé le double test du Covid-19 et les cinq jours de quarantaine à l’arrivée, pose ses pieds sur un glacier pour la première fois.

« C’est vraiment émouvant… toucher quelque chose d’aussi vieux, on se sent tellement en contact avec la terre », témoigne Rossella Greco, 30 ans.

Le Langjökull s’est formé il y a environ 2.500 ans et ses glaces les plus vieilles auraient cinq siècles, selon les glaciologues.

Le bus, baptisé Sleipnir comme le cheval aux huit jambes du principal dieu de la mythologie nordique Odin, consomme 45 litres d’essence au kilomètre et laisse des traces là où il passe.

Mais l’impact pour la calotte glaciaire « est faible tant qu’il ne s’agit que d’un ou deux véhicules », estime Thorsteinn Thorsteinsson, glaciologue à l’Institut météorologique d’Islande.

Le long du chemin glacé montant depuis le pied du Langjökull des panneaux indiquent l’endroit où la ligne de glace a été enregistrée tous les vingt ans depuis 1940, témoignant de son amincissement rapide.

En voie de disparition

Près de 250 km2 de surface se sont évaporés depuis 1890 et la fin du petit âge glaciaire, un dégel accéléré par sa faible altitude.

« L’élévation du glacier diminue à de très nombreux endroits et on voit apparaître de nouveaux +nunataks+ (pitons rocheux s’élevant au-dessus de la glace des calottes glaciaire, ndlr). Il fond à une vitesse invraisemblable », témoigne le guide Gunnar Gudjónsson, 56 ans.

En août, la vidange brutale d’un lac glaciaire formé par les eaux de fonte a provoqué une crue soudaine.

« Ce n’est pas un événement majeur mais c’est arrivé dans une région où nous ne sommes pas habitués à de tels phénomènes », explique Thorsteinn Thorsteinsson.

Ces inondations puissantes appelées « jökulhaup » sont normales autour du Vatnajökull (sud), plus grand glacier en volume d’Europe, et d’une tout autre échelle du fait de l’activité géothermique liée au volcanisme.

Mais elles sont vouées à se produire plus régulièrement ailleurs sur des glaciers au volcanisme faible ou inexistant, à cause cette fois du réchauffement climatique et de l’accumulation d’eau de fonte des glaces.

Les chances de survie de celui-ci sont nulles, prévient le glaciologue : « Si le climat reste similaire ou qu’il fait encore plus chaud, il est très probable que tout le Langjökull ou peut-être 80 à 90% aura disparu d’ici la fin de ce siècle ».

©AFP

L’Islande commémore la disparition de son premier glacier victime du réchauffement

3 commentaires

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    • Kahn

    Est ce une information ? Un site écologique ne s’indigne-t-il pas de la bêtise humaine à aller avec un véhicule polluant sur un espace vierge ?

    • DESCLAUD Patrice

    Encore une bêtise monstre ! Il n’y avait pas assez de ces paquebots pour riches oisifs en mal de sensation !? Et bien sûr c’est un moteur thermique polluant … et un scientifique qui affirme que c’est pas nuisible … Conflit d’intérêts, mensonge, laisser aller : c’est à bannir.

    • Nature

    Pourquoi publier ce type d’info néfaste, qui a l’air de faire la pub pour ce genre d’idiotie, embarquer des touristes ENCORE ! sur des espaces qui sont fragiles, et en plus avec des moyens de transport polluants, et impactants non seulement pour le glacier mais aussi pour la faune. le texte ressemble à un reportage qui vante le voyeurisme sur les effets pervers pervers de notre société et qui en rajoute avec ce type de voyage scandaleux. Quand va-t-on arrêter d’être aussi stupides ? Cela ne ressemble pas à Goodplanet, il y a eu un bug ? Ou un-e stagiaire mal brieffé-e ? .