Forêts : la crise des scolytes s’étend et redouble d’intensité

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Les dégâts causés par des scolytes sous l'écorce de pins maritimes, le 24 septembre 2010 à Belin-Beliet en Gironde. © AFP/Archives NICOLAS TUCAT

Paris (AFP) – Les coopératives forestières ont alerté mardi les pouvoirs publics sur une intensification de la crise des scolytes, ces coléoptères qui creusent les arbres affaiblis par la sécheresse, un phénomène qui ne cesse selon elles de s’étendre.

En cause, la nouvelle sécheresse vécue au printemps et à l’été derniers : à la « suite des conditions climatiques exceptionnelles, les constats du terrain sont très alarmants. Ils font remonter une démultiplication des peuplements d’épicéas ravagés par les scolytes et rendent les coupes sanitaires inévitables dans les forêts touchées », a indiqué dans un communiqué l’Union de la coopération forestière française (UCFF).

« Les volumes de bois scolytés vont doubler d’ici deux ans », a-t-elle affirmé.

Fin juin 2020, 4,6 millions de mètres cubes de bois étaient estimés touchés depuis 2018 dont 3 millions uniquement en 2019. Les professionnels estiment qu’un doublement des volumes scolytés est attendu pour 2021 « au vu du contexte climatique du printemps-été 2020 », a-t-elle ajouté, citant des chiffres du département de santé des forêts du ministère de l’Agriculture.

« On constate effectivement que les volumes de bois scolytés augmentent et que vu les conditions météo de 2020, ça risque d’empirer en 2021 », a indiqué Aymeric Albert, chef du département commercial-bois de l’Office national des forêts (ONF), joint au téléphone par l’AFP.

« On a déjà des arbres très fragilisés et une population d’insectes qui est très forte et le fait qu’il n’y ait pas d’eau, ça ne permet pas aux arbres de réagir », a-t-il précisé, rappelant que les arbres, habituellement, se défendent contre ces attaques en produisant de la résine et ont été cette année dans l’impossibilité de le faire en raison du déficit hydrique.

« On a une population très forte d’insectes, des arbres qui sont déjà fragilisés et cette année, la situation a été encore plus favorable au développement des insectes, donc tout laisse à craindre que 2021 soit au moins au niveau de 2020 voire supérieure », a-t-il ajouté.

Les coopératives forestières demandent à l’État de « renforcer et pérenniser » son aide « pour l’évacuation des bois vers le sud-ouest de la France » à hauteur de 12 millions d’euros par an pour les deux prochaines années.

« Le marché régional étant saturé », les gestionnaires privés (coopératives) et publics se sont organisés pour évacuer au plus vite ces bois d’abord localement, en maximisant leur utilisation en bois d’œuvre quand leur qualité le permet encore, puis vers les industries d’autres régions françaises, ont précisé les coopératives.

Elles demandent également à l’État de mettre en place, avec les régions, une aide pour le stockage des bois sains issus des coupes collatérales, ainsi qu’une aide à la trésorerie et de simplifier l’accès aux aides pour contrer efficacement la propagation des scolytes et évacuer les bois contaminés.

©AFP

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Un commentaire

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    • DESCLAUD Patrice

    Quelles seraient les autres solutions (que d’abattre et stocker) ?
    N’est-il pas possible d’arroser et drainer de l’eau autrement si c’est une solution pour que ces arbres se défendent. C’est sûrement du cas par cas suivant l’hydrologie locale (ce n’est pas amener les grands lacs américano-canadiens vers la Californie …).