Des fonds américains financent la déforestation, selon Amazon Watch

incendies Amazonie déforestation

La fumée s'élève de terres brûlées dans le parc indigène du Xingu, Mato Grosso, Brésil, dans le bassin amazonien, le 6 août 2020. © AFP CARL DE SOUZA

Rio de Janeiro (AFP) – Des groupes financiers américains contribuent à la destruction de l’environnement en Amazonie et aux violations des droits des indigènes en déversant des milliards de dollars dans des compagnies au comportement douteux, selon un rapport publié mardi par Amazon Watch.

Le rapport publié par l’ONG avec l’Apib, l’Association des peuples indigènes du Brésil, montre du doigt BlackRock, Citigroup, JPMorgan Chase, Vanguard, Bank of America et Dimensional Fund Advisors.

Ces groupes financiers ont au total investi plus de 18 milliards de dollars (15,2 milliards d’euros) au cours des trois dernières années dans des compagnies d’extraction minière, d’énergie ou d’agro-négoce impliquées dans « une série d’abus » dans la plus grande forêt tropicale au monde, selon le rapport.

« Des groupes financiers de premier plan (…) utilisent l’argent de leurs clients pour encourager le comportement irresponsable de compagnies impliquées dans la violation des droits des indigènes et la destruction de la forêt amazonienne », a accusé le directeur des programmes d’Amazon Watch, Christian Poirier.

« Cette complicité financière dans la destruction (de l’Amazonie) contredit les promesses en matière de droits de l’Homme faites par certaines de ces sociétés, expose leurs investisseurs à des risques importants et contribue largement aux crises mondiales croissantes en matière de biodiversité et de climat », poursuit-il.

Les auteurs du rapport ont étudié les investissements de ces firmes dans neuf compagnies brésiliennes et multinationales, notamment les groupes miniers Vale et Anglo American, les compagnies d’agro-négoce Cargill et JBS, et la compagnie d’énergie Eletronorte.

Ces groupes s’accaparent des terres illégalement et ont recours à la violence contre les indigènes, la déforestation et l’utilisation de pesticides dangereux, accusent Amazon Watch et l’Apib.

Selon ce rapport, JBS, premier producteur mondial de viande, se fournit dans des exploitations installées sur des réserves des peuples Uru-Eu-Wau-Wau et Kayabi, en Amazonie brésilienne.

Le groupe minier Vale est de son côté accusé de contaminer de l’eau et de ne pas respecter ses engagements visant à compenser l’impact de ses activités en territoire indigène.

Ces conflits se sont traduits par une hausse des violences contre les peuples indigènes d’Amazonie, avec une augmentation l’an dernier de 135% des invasions de terres et le meurtre de sept chefs de tribu.

La plupart des compagnies montrées du doigt ont démenti toute irrégularité en Amazonie.

Vale, Anglo American, Cargill et JBS ont indiqué avoir présenté des éléments qui contredisent le rapport. Les groupes financiers qui investissent dans ces compagnies ont également rejeté toute irrégularité.

« La déforestation et les droits indigènes sont des questions cruciales (…) Quand les compagnies sont mal gérées ou que les progrès ne sont pas suffisants, nous (en tant qu’investisseurs) votons contre leur direction », a indiqué un porte-parole de la firme de gestion d’actifs BlackRock.

©AFP

La déforestation en chiffres, selon l’Onu

Un commentaire

Ecrire un commentaire

    • Guy J.J.P. Lafond

    Débat:

    Plus tôt que tard, des investisseurs institutionnels aux États-Unis et ailleurs devront-ils faire un nouvel examen de conscience?

    Personnellement, je suis pour un développement durable partout sur notre planète bleue. Et cela veut dire aussi de mieux respecter les rythmes de renouvellement des ressources naturelles de notre si fragile Terre.

    « Rome ne s’est pas faite en un jour », et la Terre non plus!