Manifestation dans les Pyrénées contre un projet d’une méga-scierie

manifestation scierie Lannemezan

Un manifestant avec un panneau dénonçant un projet de méga-scierie dans les Pyrénées, le 11 octobre 2020 à Lannemezan. © AFP LIONEL BONAVENTURE

Lannemezan (France) (AFP) – « Florian, tu vas voir de quel bois on se chauffe » : environ un millier de personnes ont manifesté dimanche à Lannemezan pour protester contre un projet d’une méga-scierie sur cette commune des Hautes-Pyrénées, jugeant « démesuré » son volume de production.

Bravant la pluie, les manifestants rassemblés à l’appel du collectif « Touche pas à ma forêt » –qui réunit une quarantaine d’associations et d’organisations politiques et syndicales– ont interpelé le groupe italien Florian, porteur du projet.

« Projet Florian, fais pas scier », « Hêtre plutôt qu’avoir », ou encore « Florian, tu vas voir de quel bois on se chauffe », pouvait-on lire sur leurs pancartes.

Cette grande scierie demanderait un approvisionnement de 50.000 m3 de bois d’œuvre par an, sur une zone d’exploitation comprenant plusieurs départements des Pyrénées.

« Mais pour avoir 50.000 m3 de bois d’œuvre, il faut couper entre 400.000 et 500.000 m3 d’arbres par an, soit l’équivalent de 2.200 à 3.000 stades de football », assure Pascal Lachaud, élu PCF dans la commune voisine de Capvern et l’un des porte-paroles du collectif.

« On demande un moratoire sur ce projet de méga-scierie qui symbolise un modèle dont on ne veut plus », lance-t-il.

« C’est un projet dangereux pour la biodiversité qui me révolte », enchérit Guy Hoffmann, l’un des participants à la manifestation, venu de Bagnères-de-Bigorre.

« On est sur quelque chose qui va déforester les Pyrénées. C’est du pillage, tout simplement », insiste le militant écologiste Thomas Brail, qui s’était fait connaître en passant près d’un mois perché sur un platane devant le ministère de la Transition écologique pour dénoncer l’abattage des arbres.

« Pour faire peur »

Le « week-end de mobilisation » contre le projet a également réuni samedi 1.300 personnes, selon le collectif, dans quatre villes des départements pyrénéens. Des militants écologistes, de la CNT ou encore des familles avec enfants.

« Ce n’est pas une méga-scierie », rétorque Bernard Plano, le maire de Lannemezan et président de l’intercommunalité, qui pilote le projet. Selon lui, « ces mots sont employés pour faire peur. Il y a beaucoup de scieries bien plus importantes que celles que l’on projette d’installer ».

« Le nombre de mètres cubes qui seront prélevés seront bien inférieurs à l’accroissement naturel annuel de la forêt », assure l’élu, qui a commandé trois études pour estimer la ressource disponible, mais dont les conclusions ont rapidement été contestées par les adversaires du projet.

« La scierie emploierait 25 personnes, plus 25 autres qui travailleraient dans une future unité de transformation en produits finis. Et il faut ajouter 100 emplois liés aux prélèvements du bois », poursuit M. Plano, prévoyant « une coopération entre la société Florian et le tissu économique local ».

« On n’y croit pas », répond Pascal Lachaud, dont le collectif dénonce aussi les financements publics qui pourraient être accordés pour l’implantation de l’entreprise.

« Cela va par contre détruire la petite filière existante. Il y a déjà plein de petites scieries dans les vallées qui mettent la clé sous la porte », dit-il.

« Une méga structure comme celle-là va sûrement leur porter un coup fatal », insiste Michel Larive, député La France Insoumise de l’Ariège, présent à la manifestation.

« Projet alternatif »

De son côté, la présidente de la région Occitanie Carole Delga qui a lancé des études de faisabilité, plaide pour davantage de dialogue. « La concertation doit être le préalable à toute avancée du projet », assure-t-elle. « Il faut plus d’apaisement et une vraie démocratie sur ce sujet-là », insiste le député LREM des Hautes-Pyrénées Jean-Bernard Sempastous.

Muet depuis la divulgation du projet, le groupe Florian s’est exprimé pour la première fois jeudi dans un communiqué, se disant prêt à poursuivre « l’analyse de la conception du projet et à proposer des pistes d’amélioration et de progrès ».

« On a commencé à définir un projet alternatif. On souhaite une vraie filière bois pour les Pyrénées : on veut fabriquer nos meubles ici et pas que notre bois parte en Chine », indique M. Lachaud du collectif.

« Il y a quelque chose à faire, notamment pour le hêtre, mais pas un projet sur 10 ans qui va juste exploiter la ressource. Il faut travailler sur la durabilité de la filière », estime M. Larive.

©AFP

2 commentaires

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    • Serge Rochain

    exploiter la forêt est une bonne chose mais pas pour exporter le produit de la production qui doit d’abord profiter au pays propriétaire de la forêt et surtout aux locaux de cette forêt tant pour l’abattage que pour son exploitation. Enfin il doit être replanté au moins l’équivalent de ce qui a été prélevé sur la forêt. Le reste est un marché de dupe.

    • Méryl Pinque

    Les forêts sont l’habitat des animaux sauvages et n’ont donc pas à être exploitées par l’espèce humaine.