L’Arctique, une région stratégique convoitée

Arctique fonte banquise

Fonte de la banquise dans l'Arctique en septembre 2015. © AFP/Archives Clement Sabourin

Paris (AFP) – Territoire aux conditions extrêmes, l’Arctique est convoité pour ses ressources naturelles mais menacé par le réchauffement climatique.

Un territoire extrême, unique au monde

D’un point de vue géographique, la zone arctique s’étend du pôle Nord au cercle polaire arctique (66° de latitude), soit sur un peu plus de 21 millions de km2.

Elle englobe l’océan Arctique, les régions septentrionales de Norvège, Islande, Suède, Finlande, les archipels du grand nord canadien, le Groenland (Danemark), les côtes les plus au nord de la Russie et enfin l’Alaska (Etats-Unis). La définition politique inclut d’autres territoires comme la Laponie.

Bordé par l’Europe, l’Asie et l’Amérique, l’océan Arctique qui s’étend sur plus de 14 millions de km2, communique au sud avec l’océan Atlantique par la mer de Barents et le détroit de Fram, et à l’ouest avec l’océan Pacifique à travers le détroit de Béring.

L’Arctique est un océan entouré de terres, contrairement à l’Antarctique qui est un continent entouré d’océan.

Le développement de la vie y est ralenti par des températures très basses pouvant chuter jusqu’à -50°C et par une très faible luminosité une grande partie de l’année (nuits polaires). Dans ces conditions climatiques extrêmes, seule une maigre végétation parvient à exister, la toundra.

Durant la période hivernale, la banquise se reconstitue pour atteindre, en mars, une surface de 14 millions de km2. En été, elle fond et se réduit à quelque 5 millions de km2, en septembre.

Quatre millions d’habitants

Sa population s’élève à environ quatre millions d’habitants dont quelque 500.000 autochtones : Inuits (Esquimaux), Samis (Lapons), Iakoutes (Sakhas), et petits peuples du nord de la Russie dont les Nenets et les Aléoutes.

Outre les huit nations riveraines, six organisations indigènes sont représentées au sein du Conseil de l’Arctique. Cette instance de coopération régionale, créée en 1996, a pour but de promouvoir  « les aspects environnementaux, économiques et sociaux du développement durable dans la région ».

Une biodiversité menacée

L’Arctique qui abrite plus de 21.000 espèces animales ou végétales connues est une des dernières vastes régions mondiales restées à l’état sauvage. La préservation de la biodiversité est toutefois mise en danger par le développement des activités humaines.

En réduisant l’étendue de la banquise, le réchauffement climatique constitue également une menace pour plusieurs espèces emblématiques comme les ours polaires et les phoques.

Depuis les années 1990, le réchauffement est deux fois plus rapide au pôle Nord qu’ailleurs sur la planète (« l’amplification arctique »). Air, glace et eau interagissent dans un cercle vicieux de réchauffement.

En 2019 et 2020, les températures se sont établies à des niveaux records. Ainsi, cette année, la banquise d’été a fondu jusqu’à la deuxième superficie la plus petite jamais enregistrée, après 2012.

Un Eldorado polaire

Susceptible de receler 13% des réserves de pétrole et 30% du gaz naturel non découvert dans le monde, une manne de plus en plus accessible grâce à la fonte accélérée des glaces, l’Arctique est au cœur des convoitises des États riverains, mais aussi de pays plus éloignés comme la Chine.

La Russie, qui voit comme une priorité le développement des ressources naturelles de l’Arctique, vient de lancer un deuxième méga-projet gazier en Sibérie.

La Norvège compte également sur les ressources du Grand Nord, la mer de Barents recelant 65% des réserves pétrolières du pays.

Le gouvernement de Donald Trump a de son côté approuvé en août un programme ouvrant la voie à des forages d’hydrocarbures dans la plus grande zone naturelle protégée des Etats-Unis, en Alaska.

Dans cette optique, la course aux revendications territoriales s’accélère. Moscou, Washington, Ottawa, Oslo et Copenhague ont réclamé l’extension de leur « plateau continental » au-delà de leur zone économique exclusive de 200 milles marins.

Voies maritimes stratégiques

La fonte accélérée de la banquise ouvre de nouveaux passages maritimes, amenés à jouer un rôle croissant dans les échanges internationaux.

Dans ce contexte, la Russie qui mise sur le développement du trafic par le passage du Nord-Est reliant l’Europe à l’Asie, a ouvert de nombreuses bases militaires et scientifiques. De l’autre côté, la route du Nord-Ouest, au large du Canada, permettrait également de réduire considérablement la distance entre océans Atlantique et Pacifique.

©AFP

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