Les intempéries dévastent les rizières du « triangle d’or » italien

rizières Lombardie crues

L'agriculteur Edoardo Merlo montre ses rizières inondées à Palestro, en Lombardie, le 6 octobre 2020. © AFP Piero CRUCIATTI

Palestro (Italie) (AFP) – Gonflé par les fortes pluies du week-end, le fleuve Sesia a dévalé une vallée alpine du nord de l’Italie pour engloutir les plaines en contrebas, noyant dans la boue le « triangle d’or » des rizières du pays.

Les tempêtes de ce week-end, qui ont fait tomber la moitié des précipitations moyennes annuelles en une seule journée, ont porté un coup sévère au plus grand producteur de riz d’Europe, en inondant la zone marécageuse où sont cultivés 80% du riz italien.

« C’était comme si la mer montait autour de nous », a déclaré l’agricultrice Noemi Leva, 24 ans, à l’AFPTV. « Ça continuait d’arriver, nous avons sauvé ce que nous pouvions ».

Noemi Leva raconte qu’elle a risqué de perdre la moitié de ses 55 hectares de culture. « Ce sera très difficile de nous remettre » de ces intempéries, estime-t-elle.

Les eaux déchaînées qui ont frappé samedi toute la zone ont noyé des centaines de moutons et de chèvres, décimé les oliviers, fait tomber des ponts et provoqué des glissements de terrain.

La principale association agricole italienne, la Coldiretti, a assuré dans un communiqué que la tempête avait causé plus de 300 millions d’euros de dégâts.

Edoardo Merlo, qui dirige avec son père une ferme près de la Sesia, a déclaré qu’il s’agissait d’une « crise inimaginable ».

« L’étendue des dégâts ne se fait sentir que maintenant, alors que les eaux se retirent », a déclaré cet homme de 32 ans, ajoutant que de nombreuses exploitations agricoles de la région « risquent de fermer définitivement ».

Le riz déjà récolté par la famille Merlo avait été stocké au niveau du sol et avait absorbé l’eau sale de la rivière. Désormais il doit être jeté.

« Le reste de la récolte est noyée dans la boue. Je ne sais même pas si cela vaut la peine d’essayer de récolter ce qui reste, si cela peut être vendu », dit-il.

« une catastrophe »

Les intempéries sont arrivées au pire moment, juste après la signature d’un nouvel accord permettant à l’Italie d’exporter du riz en Chine.

La demande des Chinois pour les variétés utilisées dans la préparation des plats typiques de risotto, comme le Carnaroli, l’Arborio, le Roma ou le Baldo, avait été largement applaudie par les producteurs du « triangle d’or ».

Cette région de rizières luxuriantes s’étend de Pavie en Lombardie à Vercelli et Novara au Piémont.

Le riz jouit également d’une grande popularité en Italie, sa consommation ayant augmenté dans la péninsule de 47% au cours des premières semaines de la pandémie de coronavirus qui a frappé au début de l’année, selon la Coldiretti.

Le pays compte 220.000 hectares de rizières, cultivés par 4.200 producteurs. La production italienne de riz s’élève à 1,5 million de tonnes par an, avec plus de 200 variétés, chacune ayant ses particularités.

Mais dans les rizières, les agriculteurs doivent faire face à des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles, et l’expansion urbaine dans le nord a réduit les terres arables de plus d’un quart au cours des 25 dernières années.

« Toute ma ferme était sous deux mètres d’eau », a raconté Felice Iato, 60 ans, un riziculteur qui représente également l’association agricole de Pavie.

« Je ne suis même pas sûr qu’il soit possible de récolter ce qui reste », a-t-il déclaré en se tenant debout, les yeux fixés sur une étendue dorée de tiges aplaties. « C’est une catastrophe ».

©AFP

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