L’Île-de-France étouffe entre canicule et port du masque

Paris maque canicule

Des visiteurs devant l'entrée du Louvre le 6 août 2020 à Paris © AFP STEPHANE DE SAKUTIN

Paris (AFP) – Après un week-end étouffant, il va falloir encore supporter la chaleur jusqu’en milieu de semaine, tout en respectant l’obligation de porter le masque en extérieur, désormais imposée dans certains secteurs de la capitale et d’Île-de-France au nom de la lutte contre le Covid-19.

Sur la carte de France, 15 départements sont toujours en alerte rouge canicule lundi. Il s’agit de l’ensemble de l’Île-de-France et des Hauts-de-France, plus l’Eure et la Seine-Maritime. En outre, 54 sont en vigilance orange.

Et le bulletin de Météo-France de lundi est sans appel pour la région parisienne : « Épisode caniculaire remarquable en terme d’intensité et de durée, particulièrement sensible dans les zones très urbanisées, le tout dans un contexte de sensibilité importante liée à la pollution à l’ozone et au Covid-19 ». Les températures en Île-de-France vont rester accablantes « au moins » jusqu’à mercredi, avec des maximales comprises entre 34 et 39°C par endroits.

« Le rafraîchissement est repoussé à jeudi prochain à Paris, qui vit sa semaine la plus épouvantablement chaude depuis 1873, hors août 2003 », a twitté François Jobard, prévisionniste à Météo-France. Les villes de Rouen et Creil (Oise) ont ainsi connu de nouveaux records de chaleur pour un mois d’août avec 38,4°C et 39,3°C dimanche, a relevé son collègue Etienne Kapikian.

« L’épisode caniculaire se poursuit, faites attention à vous et à vos proches, a twitté le ministre de la Santé Olivier Véran. Buvez régulièrement de l’eau, mangez même si vous n’avez pas faim, limitez les efforts physiques. Soyons tous vigilants ! »

Des conseils devenus presque banals alors que les épisodes de canicules se multiplient sous l’effet du réchauffement de la planète.

« Pourquoi cibler cet endroit ? »

Aux urgences, on voit des « patients âgés venir car ils sont déshydratés », constate sur CNews Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Pompidou à Paris.

« Chaque année, il y a des problèmes de grippe en hiver, de canicule en été : nos sociétés ne savent pas s’adapter », déplore encore celui qui est aussi maire (LR) de la Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine). Et de dénoncer la situation dans les Ehpad, où « on entasse les gens dans des petites chambres qu’on leur fait payer extrêmement cher ».

S’ajoute à ce contexte de très forte chaleur une nouvelle contrainte : les masques, pour lutter contre le Covid-19, deviennent obligatoires en extérieur dans les lieux très fréquentés de plus en plus de villes. Depuis ce lundi, c’est au tour de certains endroits en région parisienne.

Comme autour de la station de métro des Quatre Chemins, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), très fréquentée, où pullulent les vendeurs de cigarettes à la sauvette. Mais personne n’était au courant de l’obligation lundi matin.

Les questions affluent pour ceux qui apprennent la nouvelle. « Pourquoi cibler juste cet endroit là ? Si des tests montrent qu’on est plus susceptible d’être contaminé dans ce quartier, d’accord, sinon ça n’a pas de sens », lâche derrière son masque Sega Keita, habitant du quartier, qui travaille dans la restauration. « Pourquoi uniquement les Quatre Chemins ? C’est aberrant, dans cette ville il y a du monde partout », renchérit Nasser Hugga, employé de brasserie.

Mettre le masque « partout »

Kila Soumara, habitant du quartier, a lui « entendu au journal de 20h que ça allait être obligatoire dans certains quartiers » et « donc (l’a) mis ce matin ». « C’est une bonne chose pour tout le monde, pour notre sécurité. Il y a beaucoup de monde ici », se félicite-t-il.

À Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le port du masque est désormais obligatoire sur huit voies publiques. Boulevard Jean-Jaurès, concerné, Rahma a mis un masque par précaution : « j’ai entendu qu’il devenait obligatoire dans certaines rues à Paris et dans d’autres communes, donc dans le doute, je le porte ». « À partir de maintenant, il vaut mieux l’avoir tout le temps, même avec la chaleur. Il y a toujours une bonne excuse pour l’enlever mais il faut s’adapter à la situation », juge-t-elle.

La capitale est également partiellement ciblée. Il est ainsi interdit de flâner sur les berges de la Seine, de se balader à Montmartre ou de faire du shopping dans les grandes rues commerçantes sans porter de protection sur le visage.

« C’est absolument incompréhensible. (…) Je ne sais pas comment un Parisien va faire, il va sortir avec sa carte, là il doit le mettre, là le retirer… « , s’est étranglé Philippe Juvin en commentant la carte parisienne des zones à masques.

L’absence des Champs-Élysées de cette obligation interroge. « Expliquez moi pourquoi !, lance le professeur de médecine. Les Champs-Élysées sont un haut-lieu touristique où tout le monde se presse… »

Pour le chef des urgences de l’hôpital Pompidou, « si on prend la décision de mettre le masque à l’extérieur, il faut le mettre partout, malheureusement ».

© AFP

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