Coronavirus : des indigènes d’Équateur se joignent à l’appel à l’aide des peuples d’Amazonie

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Photo diffusée par l'ONG Amazon Frontline montrant des indigènes Siekopai, le 16 avril 2020 à Waiya, en Equateur, pendant l'épidémie de coronavirus © AMAZON FRONTLINE/AFP/Archives -

Quito (AFP) – Les indigènes Siekopai d’Equateur se sont joints lundi à l’appel à l’aide d’autres ethnies d’Amazonie face au nouveau coronavirus, dénonçant un manque d’attention médicale pour une population « en danger d’extinction », dans une région d’Amérique latine particulièrement affectée par la pandémie.

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« Nous ne pouvons être exclus de toute attention médicale », a dénoncé Justino Piaguaje, président de ce peuple indigène ne comptant plus qu’environ 740 personnes, en indiquant que 14 ont été testées positives après le décès de deux chefs âgés présentant les symptômes du virus.

Le territoire siekopai (séquoia) couvre environ 25.000 hectares en Equateur, dans la province amazonienne de Sucumbios (nord-est, frontière de la Colombie et du Pérou).

« C’est une population transfrontalière (…) De faible densité démographique, elle est en danger d’extinction » à cause de l’exploitation pétrolière et des plantations de palmier à huile, a ajouté Luke Weiss, vice-président de l’une des communautés vivant du côté équatorien, lors d’une conférence de presse virtuelle conjointe.

Cette même ethnie compte quelque 900 membres dans la province péruvienne de Loreto, voisine de Sucumbios, selon ces mêmes représentants.

Selon Justino Piaguaje, les Siekopais n’ont « jamais bénéficié d’une attention adéquate » de la part du gouvernement équatorien depuis que la pandémie a été détectée.

L’Equateur est l’un des pays d’Amérique latine les plus affectés par le Covid-19, avec près de 32.000 cas, dont au moins 1.569 morts depuis le 29 février, outre 1.336 décès probablement dus au nouveau coronavirus, mais n’ayant pu être confirmés faute de tests.

Ce chef indigène a ajouté que des personnels médicaux n’avaient été envoyés dans les communautés siekopais qu’au mois de mars, lorsque des indigènes présentaient déjà des symptômes de la maladie.

La Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a lancé lundi sur Twitter un « appel urgent à l’Etat équatorien afin qu’il adopte des mesures efficaces pour protéger le droit à la santé et préserver l’intégrité du peuple Siekopai, comme d’autres en danger face à la pandémie ».

Fin avril, plusieurs chefs indigènes d’Amazonie ont lancé un appel à l’aide humanitaire internationale afin de prévenir « un ethnocide dans tout le bassin amazonien », en dénonçant l’abandon dont sont victimes leurs peuples.

« Il n’y a pas de médecins dans nos communautés, il n’y a pas d’équipements de prévention face à cette pandémie (…) Il n’y a pas de soutien en matière alimentaire », avait notamment déploré José Gregorio Diaz Mirabal, de la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien (Coica), qui regroupent des ethnies des neuf pays de cette région.

Il avait en outre dénoncé le fait que les exploitants miniers et forestiers illégaux profitaient du confinement pour agir en toute « impunité » et exposer les communautés à la contagion.

© AFP

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