Coronavirus : les humains doivent cesser de « mépriser » la nature, avertit Jane Goodall

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La primatologue britannique Jane Goodall lors d'une conférence à Munich, le 21 juin 2019 en Allemagne © dpa/AFP/Archives Sven Hoppe

Paris (AFP) – C’est le « mépris » de notre environnement qui a causé la crise du Covid-19, estime Jane Goodall, 86 ans, primatologue britannique qui a voué sa vie à la défense des animaux, notamment les chimpanzés, et de l’environnement. Mais il est temps d’apprendre de nos erreurs et tenter d’éviter de futures catastrophes, plaide-t-elle.

Comment percevez-vous cette pandémie?

 C’est notre mépris pour la nature et notre manque de respect pour les animaux avec lesquels nous devrions partager la planète qui ont causé cette pandémie, qui avait été prédite de longue date. Car à mesure que nous détruisons, par exemple la forêt, les différentes espèces d’animaux qui l’habitent sont poussées en proximité forcée et des maladies passent d’un animal à un autre, et un de ces animaux, rapproché par force des humains, va probablement les infecter.

Ce sont aussi les animaux sauvages chassés, vendus sur des marchés en Afrique ou en Asie, notamment en Chine, et nos élevages intensifs où nous parquons cruellement des milliards d’animaux, ce sont ces conditions qui donnent l’occasion aux virus de faire le saut entre les espèces vers les humains.

[À relire l’entretien de GoodPlanet Mag’ avec Jane Goodall « Nous prenons des décisions sans penser aux générations à venir ou à la santé du système planétaire »]

Concernant ces marchés animaliers, que faire?

C’est une très bonne chose que la Chine ait fermé les marchés d’animaux vivants. C’est une interdiction temporaire dont nous espérons qu’elle deviendra permanente et que d’autres pays asiatiques vont suivre. Mais en Afrique il sera très difficile de stopper la vente de viande de brousse, car tant de gens en dépendent pour leur subsistance. Il faudra penser très attentivement à comment faire, car on ne peut empêcher quelqu’un de faire quelque chose quand il n’a absolument pas d’argent pour vivre ou faire vivre sa famille. Mais que cette pandémie nous apprenne au moins quoi faire pour en éviter une prochaine.

Et il y a de quoi espérer ?

Nous devons comprendre que nous faisons partie du monde naturel, que nous en dépendons, et qu’en le détruisant, en fait, nous volons l’avenir de nos enfants. J’espère qu’en raison de cette riposte sans précédent, ces confinements partout dans le monde, plus de gens vont se réveiller, commencer à penser des façons dont ils pourraient vivre différemment leurs vies.

Tout le monde peut avoir un impact chaque jour, si vous pensez aux conséquences des petits choix que vous faites: ce que vous mangez; d’où ça vient; est-ce que ça a causé de la cruauté envers les animaux; est-ce que ça provient d’une agriculture intensive, ce qui est le cas en général; est-ce que c’est bon marché grâce à du travail forcé d’enfants; est-ce que sa production a nuit à l’environnement; combien de kilomètres a-t-il fallu le faire voyager; avez vous pensé à marcher au lieu de prendre la voiture; comment pourriez vous lutter contre la pauvreté, parce que les gens pauvres ne peuvent pas faire ce genre de choix éthiques, ils doivent faire ce qu’ils peuvent pour survivre, ils ne peuvent pas se poser ces questions sur ce qu’ils achètent, ça doit être le moins cher et ils abattront le dernier arbre parce qu’ils sont au désespoir de trouver de la terre pour faire pousser quelque chose à manger… Ce que nous pouvons faire chacun dans notre vie dépend de qui nous sommes, mais nous pouvons tous faire une différence, tous.

Propos recueillis lors d’une conférence téléphonique à l’occasion de la sortie d’un nouveau documentaire produit par National Geographic, « Jane, un message d’espoir ».
© AFP

[À relire l’entretien de GoodPlanet Mag’ avec Jane Goodall « Nous prenons des décisions sans penser aux générations à venir ou à la santé du système planétaire »]

5 commentaires

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    • Michel CERF

    Jane Goodall a tout compris , son bon sens est remarquable .

    • jacques TURCHET

    Bonjour,

    Je suis tout à fait d’accord avec ce qui est écrit mais la créature humaine dénaturée, hypnotisée par la course au pouvoir, à la domination, au profit et bien entendu à la monnaie ce cancer de l’humanité, ne voit plus qu’elle va à sa perte, c’est un peu comme l’image d’un malade mental assis sur la branche d’un arbre qu’il est en train de scier sans se rendre compte que la branche va tomber et lui avec, image simpliste mais combien réaliste. Nous ne sommes rien comparés à la nature, c’est elle qui dirige et pas nous quand nous aurons compris cela alors nous aurons fait un grand pas dans notre vie mais combien faudra t-il en core de catastrophes, de pandémies, de guerres pour remettre les choses à leur place et que l’on comprenne enfin qui nous sommes et ce que nous sommes.
    J.TURCHET

    • Méryl Pinque

    Tous les mangeurs de produits d’origine animale ont la responsabilité des pandémies qui nous tuent.
    Une alimentation végétalienne doit être imposée partout au nom des droits des animaux, de la planète et de notre propre santé. #GoVegan

    • Dominique Fredion

    Bien sûr, Jane Goodall sait de quoi elle parle, elle qui a vécu si proche de la nature pratiquement toute sa vie. Toutes les organisations de défense/protection de la nature ont dit et répété depuis des décennies que notre manière de vivre aujourd’hui nous mènera à la catastrophe. Et si ce virus remettait « les pendules à l’heure »?

    • Hernan

    Je ne peux qu’être d’accord avec notre Jane… et merci aux quatre personnes qui ont enfoncé le clou. Comment faire pour qu’on commence à apprendre ceci à l’école pour que nos « têtes blondes » ne deviennent pas à leur tour des « bêtes de Consommation » ? Les Lobbies ne laisseront jamais le Ministère de l’Éducation le faire sauf si nous réussisions une vraie mobilisation. Mais pas dans la rue. Les « manifs » ont perdu toute leur crédibilité…. La main est dans les Associations et de là la descente dans les populations. Je les aide autant que je peux. Mais elles doivent s’unir. Associons les associations