Le coronavirus chamboule l’agenda pour le climat et la biodiversité

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Boris Johnson et David Attenborough à Londres, le 4 février 2020 © POOL/AFP Chris J Ratcliffe

Paris (AFP) – L’année 2020 devait être une année clé pour le climat et la biodiversité, mais le coronavirus a chamboulé l’agenda: la COP26 pour le climat de Glasgow et le congrès de l’UICN sont repoussés à 2021 et d’autres rendez-vous majeurs sont sur la sellette.

« Compte tenu de l’impact mondial et continu du Covid-19, la tenue d’une COP26 ambitieuse et inclusive en novembre 2020 n’est plus possible », a annoncé mercredi soir le gouvernement britannique. Cette grande réunion annuelle sur le climat en 2021, toujours dans la ville écossaise, aura lieu à une date communiquée ultérieurement.

Cette 26e conférence de l’ONU est considérée comme la plus importante depuis celle de 2015 (COP21), qui avait débouché sur l’Accord de Paris, après une session à Madrid fin 2019 sans réelles avancées.

Les Etats devaient réviser en 2020 leurs engagements pour le climat. Les engagements actuels pris par les nations conduiraient à un réchauffement du climat global de 3°C, bien loin de l’objectif de l’Accord de Paris de le contenir en dessous de 2°C.

« L’important, dans l’immédiat, c’est que le monde se mobilise pour lutter contre la pandémie », a commenté à l’AFP Laurence Tubiana, architecte de l’Accord de Paris. « Mais la crise sanitaire ne doit pas nous faire oublier le changement climatique », poursuit-elle.

« La relance économique mondiale doit être l’occasion de soutenir l’émergence d’une économie totalement compatible avec les questions de biodiversité, de climat et de relocalisation des productions alimentaires », abonde Yann Wehrling, ambassadeur français pour l’Environnement.

D’autres rendez-vous majeurs pour la protection de la nature vont connaître le même sort que le rendez-vous climat.

Le congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui était censé se dérouler à Marseille du 11 au 15 juin, sera reporté au premier trimestre 2021, a annoncé jeudi l’Elysée.

Il devrait se tenir en janvier 2021, selon une source proche du dossier.

Ces « JO de la biodiversité » sont l’occasion pour des milliers d’acteurs de la conservation de la nature – gouvernements, ONG, experts – d’établir des priorités et de lancer de nouvelles actions de protection des écosystèmes que l’homme met à mal et qui sont pourtant indispensables à sa survie.

Ce congrès était aussi l’occasion de mettre à jour la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN et, pour la première fois, de sensibiliser le grand public à la nécessité de protéger la nature, avec des expositions, des stands… Des dizaines de milliers de personnes étaient attendues.

Le président français Emmanuel Macron avait également prévu, en marge de ce congrès, un sommet de chefs d’Etat, en amont de la COP15 sur la biodiversité, elle-même prévue à l’automne.

« Les liens très étroits entre la protection de l’environnement, de la biodiversité, la lutte contre le changement climatique et les enjeux sanitaires, au cœur des priorités de la France, seront fortement réaffirmés autour d’un agenda d’action concrète », promet l’Elysée.

Autre événement majeur de l’année attendu sur la biodiversité, cette 15e réunion de la Convention de l’ONU sur la diversité biologique (COP15) doit servir à établir un plan mondial pour protéger et restaurer les écosystèmes, indispensables à l’humanité, d’ici 2050, après l’échec des objectifs qui avaient été adoptés en 2010 pour la décennie écoulée.

Initialement prévue en octobre à Kunming, en Chine, elle aura très certainement lieu elle aussi « en 2021, toujours en Chine », au cours du « premier trimestre », a fait savoir Basile van Havre, co-président des négociations, à l’AFP. Voire début avril, selon une autre source proche du dossier.

Cette décision doit encore être officialisée par la Convention sur la biodiversité biologique (CBD).

« Une fois le calendrier clarifié, il faut espérer que la mobilisation (pour l’environnement) pourra reprendre », indique Aleksandar Rankovic, expert à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Repousser la COP15 « donne plus de temps pour développer des points techniques importants », estime-t-il. De plus, dit-il, l’épidémie étant « très étroitement liée aux questions de biodiversité (le coronavirus étant issu du monde animal), on pourrait y trouver un argument supplémentaire pour pousser à plus d’ambition ».

Le risque est toutefois qu’avec cette crise sanitaire majeure, le ralentissement brutal des économies et le risque de chômage massif, on assiste à un « changement dans l’ordre de priorité » au détriment de l’environnement, reconnaît cet expert.

Autre sommet important, celui de l’ONU sur les océans prévu au Portugal début juin, se tiendra également à une date ultérieure.

© AFP

4 commentaires

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    • Méryl Pinque

    De toute façon, qu’en serait-il sorti une fois de plus, sinon rien ?

    • Jean-Pierre Bardinet

    La crise sanitaire est une crise située dans le monde réel, actuelle, observable. La prétendue crise climatique se situe dans l’espace-temps imaginaire pur des modèles numériques construits sur la base d’une science plus qu’incertaine et dont les projections divergent de plus en plus des observations. Il n’y a donc aucune raison de s’en inquiéter. Si par extraordinaire il y avait un réchauffement global significatif lors des prochaines décennies, nous aurions tout le temps de prendre les mesures de protection adéquates.
    Ce qui sera intéressant avec la crise du COVID 19, c’est de voir si elle impacte de manière significative l’augmentation globale du CO2 atmosphérique (pour le moment, on ne constate rien), et si la réduction de nos émissions de CO2 a une action mesurable sur la TMAG (température moyenne annuelle globale).

    • Balendard

    l’épuisement de nos ressources non-renouvelables style pétrole à l’échelle du demi-siècle fait partie du monde réel monsieur Bardinet et ceci quelquesoit les raisons qui provoquent les règlements climatiques actuels

    • Grossmann

    l’épuisement de nos réserves non renouvelables style pétrole à l’échelle du demi-siècle fait partie du monde réel monsieur Bardinet et ceci quoiqu’il en ce soit les raisons qui provoquent les dérèglements climatiques actuels