Les humains sont confinés, la nature reprend ses droits

confinement biodiversité anipaux dehors

Un jeune puma s'aventure dans les rues vides de Santiago du Chili pendant l'épidémie du nouveau coronavirus, le 24 mars 2020 © ATON CHILE/AFP/Archives Andres PINA

Paris (AFP) – Les oiseaux chantent à tue-tête, les sangliers se promènent en ville, les dauphins sont de sortie. Avec le confinement, animaux sauvages et plantes profitent du calme retrouvé, tandis que les humains, prennent plus le temps d’observer la nature.

Aux premiers jours du confinement, les habitants des grandes villes ont redécouvert avec bonheur le gazouillis des oiseaux. Des sangliers ont été aperçus à Barcelone, un jeune puma s’est aventuré dans les rues de Santiago du Chili, des dauphins se rassemblent en Méditerranée…

Avec la baisse brutale de la présence humaine, les animaux sauvages urbains « ont quartier libre pour circuler dans les villes », commente à l’AFP Romain Julliard, directeur de recherche au Muséum national d’histoire naturelle (MNHN).

Il cite l’exemple des renards: « ils changent très vite leurs comportements, quand un espace est tranquille, ils y vont ».

Les animaux et les oiseaux vivant dans les parcs urbains, comme les moineaux, les pigeons et les corneilles, peuvent quitter leurs territoire habituel et « libérer de la place pour d’autres animaux ».

Les oiseaux, d’habitude discrets en ville, sont-ils plus nombreux? C’est plutôt qu’on les entend mieux. Certains d’entre eux « s’arrêtent de chanter quand il y a du bruit. A présent ils arrêtent de s’arrêter », explique Jérôme Sueur, spécialiste de l’acoustique au MNHN.

Le bruit perturbe aussi leurs comportements et génèrent du stress, poursuit-il. Il faut espérer que la disparition de la cacophonie humaine soit « bénéfique » pour les animaux, en pleine période de reproduction au printemps.

« Les animaux sont dépollués du bruit humain », résume le chercheur.

A la campagne et à la mer aussi, la faune sauvage pourrait mieux se porter. En France, le confinement a mis fin avec un peu d’avance à la saison de la chasse.

La quarantaine intervient quand, pour certaines espèces, la saison des amours bat son plein. C’est le cas pour le crapaud commun et la salamandre tachetée, qui « traversent les routes et se font écraser régulièrement », indique Jean-Noël Rieffel, directeur régional Val-de-Loire de l’Office français de la biodiversité (OFB).

Les mouettes mélanocéphales, qui nichent sur des bancs de sable sur la Loire, sont d’habitude dérangées. Mais à présent, finis promeneurs, chiens, quads ou canoës. Pas de curieux non plus pour toucher les faons.

Dans le parc national des calanques, non loin de Marseille, fermé aux promeneurs et aux plaisanciers, « la nature et les espèces retrouvent leurs espaces naturels à une vitesse qui nous surprend », indique son président Didier Réault. « Les puffins qui nichaient sur des archipels, dans des zones de haute protection, se regroupent aujourd’hui sur l’eau ».

Idem pour les plantes. Les orchidées sauvages, protégées, poussent fin avril/début mai et sont parfois cueillies par des promeneurs, raconte Jean-Noël Rieffel. Elles pourraient y échapper cette année.

En ville, les pelouses non tondues fleurissent et offrent « des ressources pour les bourdons, les abeilles, les papillons », explique Romain Julliard.

Pour le scientifique, « le phénomène le plus important est peut-être que notre attention à la nature change: les personnes confinées réalisent à quel point la nature leur manque ».

Cloîtré chez soi, à sa fenêtre ou dans son jardin, chacun dispose de plus de temps pour observer la nature et la redécouvrir. Le site « Vigienature » répertorie différentes initiatives.

L’opération « confinés mais aux aguets » de la Ligue de protection des oiseaux permet « d’ouvrir sa fenêtre, d’observer les oiseaux, les identifier si on peut », indique son président Allain Bougrain-Dubourg.

Le confinement des humains pourrait toutefois être une mauvaise nouvelle pour des espèces habituées à se nourrir de leurs déchets.

Autre inconvénient: les opérations d’aide aux espèces menacées ou la lutte contre les espèces invasives sont interrompues, relève Loïc Obled, directeur général délégué de l’OFB.

Il faudra aussi gérer la sortie du confinement. « Il y aura un besoin de nature, et une surfréquentation qui peut être défavorable à la faune et la flore », avertit Jean-Noël Rieffel. Des oiseaux qui iraient nicher dans une cour d’école déserte se trouveraient dérangés. Le répit restera de courte durée.

© AFP

3 commentaires

Ecrire un commentaire

    • Claude-Marie VADROT

    En attendant le déconfinement, préparez votre sortie dans Paris en lisant « Paris Sauvage mon livre qui vient de paraitre aux Editions Baland et qui fait le tour des mammifères, des oiseaux, des plantes et des insectes qui recolonisent la capitale tout en restant confinés

    • Hervé GOUBE

    Rêve. Exigeons l’interdiction de la chasse, ce massacre légal protégé par l’État français. Celui-ci abaissa sans honte aucune l’an passé le coût de ce permis de massacre à 200 euros pour encourager les vocations de jeunes tueurs. 6ème Extinction Massive nous indiquent les scientifiques. Les chasseurs s’acharnent sur nos frères et soeurs en perdition sur Terre.

    • didier

    il n’existe pas d’espèces « invasives », on reconnait bien là le langage de l’OFB