Ce que l’étonnante histoire des hippopotames de Pablo Escobar nous apprend sur les espèces invasives et la réintroduction des grands herbivores

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Hippopotames et flamants dans un zoo © JACK GUEZ / AFP

Le narcotrafiquant Pablo Escobar avait importé 4 hippopotames dans son propre zoo privé en Colombie. Un épisode de la série Narcos mentionne d’ailleurs l’anecdote. À sa mort, ces quatre mammifères herbivores originaires d’Afrique ont été laissés livrés à eux-mêmes dans un bassin. Un quart de siècle plus tard, entre 80 et 100 de ces bêtes vivent libres en Colombie. En Amérique latine, où il n’est pas une espèce endémique, le fait d’en voir proliférer à l’état sauvage, depuis la mort de Pablo Escobar en 1993, a préoccupé certains scientifiques spécialistes de la conservation. En effet, l’introduction de l’hippopotame à l’état sauvage a suscité des inquiétudes sur la possibilité qu’il y devienne une espèce invasive, c’est-à-dire venue d’ailleurs et en capacité de perturber les écosystèmes au détriment des autres espèces locales. L’hippopotame n’apparaît cependant pas être une espèce invasive nuisible en Amérique latine.

« Les hippopotames introduits en Amérique du Sud sont similaires dans leur régime alimentaire et leur taille aux anciens lama géant, une espèce disparue, ainsi qu’aux notoungulatas, un mammifère semi-aquatique éteint. Bien que les hippos ne les remplacent pas parfaitement ces espèces disparues, ils restaurent des pans importants de l’écologie », explique le professeur d’évolution biologique Darwin Fellow. Aujourd’hui, l’hippopotame est une espèce considérée comme vulnérable, ses effectifs mondiaux restent stables, selon la Liste Rouge de l’UICN.

Cette histoire a partiellement inspiré une étude scientifique publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Elle revient sur la notion d’espèce invasive et le rôle de l’être humain dans la disparition des grands mammifères herbivores, mais également sur l’introduction d’autres espèces dans d’autres régions au cours de l’histoire.

Une équipe internationale de scientifiques s’est intéressée à la réintroduction de grands herbivores au niveau mondial dans différentes régions et à différentes époques. Ils sont partis du constat que dans certains endroits, l’activité humaine avait conduit à l’éradication des grands herbivores locaux.  Mais, dans le même temps, l’être humain a aussi contribué à l’introduction de grands mammifères herbivores sans que cela ne perturbe grandement les écosystèmes dans lesquels d’autres grands herbivores avaient déjà disparu. « C’est en grande partie parce que 64 % de herbivores introduits s’avèrent plus similaires aux herbivores éteints que les espèces locales qui ont pris leur place », écrit le site Science Daily.  John Rowan, co-auteur de l’étude : « nous avons trouvé que certains herbivores correspondent écologiquement parlant parfaitement à d’anciens herbivores disparus. Sinon, dans d’autres cas, les espèces introduites reprennent une partie des traits déjà observés chez d’autres espèces disparues dans ces milieux-là ». Au final, l’être humain peut restaurer des caractéristiques perdues de certains écosystèmes en disséminant des espèces à travers le monde entier.

4 commentaires

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    • Robberecht

    Bonjour,
    Je sais que vous travaillez beaucoup avec des bénévoles mais cela n’excuse pas le fait qu’ils puissent au moins relire le titre des articles que vos rédacteurs écrivent. Relisez le titre de cet article et vous verrez que son titre est illisible. On ne peut même pas parler d’une faute de frappe.
    La gratuité ne doit pas impliquer le manque de respect des lecteurs en ne prenant pas la peine d’une relecture … surtout d’un titre !
    Cordialement.

    • Michel CERF

    On observe , dans cette période difficile que le confinement permet à certains de chercher la  » petite bête  » …

    • Pierre

    Interessant, ca jette un nouveau regard sur la réintroduction des hippopotames dans ce pays… a confirmer tout de même !!

    • kevin

    Bjr, je suis allé en Colombie et j’ai pu observer les hippopotames de Pablo. Ils sont en pleine liberté, la journée dans des étangs (certains vont dans le parc touristique a coté et d‘autres vont rejoindre les étangs aux alentours). La population les a plutôt bien accepté. Les habitants me disaient que les hippos traversent le village sans soucis et qu’à l’époque ils ont essayé de les capturer mais trop difficile et couteux. Bref, c’était un moment magique de pouvoir observer des hippos en Colombie… et pas dans un zoo !