Pour Yann Arthus-Bertrand, « aujourd’hui, les héros de l’écologie sont des femmes »

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Yann Arthus-Bertrand au Domaine de Longchamp à Paris en 2017 © AFP/Archives Lionel BONAVENTURE
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Yann Arthus-Bertrand au Domaine de Longchamp à Paris en 2017
© AFP/Archives Lionel BONAVENTURE

Bagnères-de-Luchon (France) (AFP) – Ses photos aériennes l’ont fait connaitre dans le monde entier. C’est désormais aux femmes, les « héroïnes de l’écologie d’aujourd’hui », que s’intéresse Yann Arthus-Bertrand dans son documentaire « Woman », présenté au festival de Luchon avant sa sortie en salles le 4 mars.

Une certitude pour le réalisateur et photographe défenseur de la planète: « Les héroïnes de l’écologie sont des femmes, de Rachel Carson dans les années 60 à Greta Thunberg aujourd’hui, en passant par la primatologue Jane Goodall », qui était son « idole » quand il était plus jeune.

L’environnement n’est toutefois pas au coeur de « Woman », récompensé à la Mostra de Venise et qui fait suite au film « Human », série de portraits par lequel le photographe voulait « remettre l’humain au cœur de son travail ».

« Je pense que les femmes ont cette capacité à protéger la vie que nous les hommes avons perdue », affirme le photographe à l’AFP.

Pour « Woman », réalisé avec Anastasia Mikova, l’équipe a rencontré 2.000 femmes dans 50 pays et Yann Arthus-Bertrand a « compris beaucoup de choses » notamment « le travail de sa mère » que ce fils d’une famille de sept enfants « ne respectait pas du tout ».

Invité d’honneur du festival de Luchon, le photographe écologiste de 73 ans a profité de l’occasion pour sensibiliser le public sur l’environnement tout en revenant sur son parcours.

« Quand j’étais jeune et que j’avais les cheveux bruns, je m’occupais d’une réserve dans l’Allier, à l’époque je suis tombé amoureux de la mère de ma meilleure amie, on est restés 10 ans ensemble. Mon idole, c’était Jane Goodall, je voulais faire la même chose qu’elle mais avec des lions », raconte-t-il.

[Lire notre entretien avec Jane Goodall]

Il part vivre dans une réserve au Kenya où il photographie des lions dans la perspective d’une thèse. Il y rencontre sa femme, qui écrit ses textes.

« Finalement on fait un livre et je ne deviens pas scientifique, je deviens photographe. Je fais mon premier livre sur Paris et je prends autant de plaisir à photographier ma ville que la jungle », poursuit-il.

Il travaille pour des magazines (Geo, National Geographic) puis inspiré par le travail du photographe franco-brésilien Sebastiao Salgado, il part faire les photos de « La terre vue du ciel », travail qui a « changé sa vie ».

« Le graphisme est très important dans mon travail, j’essaie de faire beau pour le côté positif », décrit-il devant ses clichés les plus connus comme le cœur percé dans la forêt déboisée (« aujourd’hui 40% des mangroves ont disparu ») ou l’ouvrier ivoirien allongé sur des sacs de coton (« c’était du coton bio et l’usine a dû fermer face à la concurrence des Américains subventionnés »).

« Quand je suis né, on était 2 milliards sur la planète. Maintenant on est 8 milliards. L’homme est en train de consommer la terre », déplore-t-il en égrenant les terribles chiffres de la déforestation, du réchauffement climatique et de la disparition des espèces, des problématiques qu’il explore dans son prochain film « Legacy », suite de « Home » en cours de montage.

S’il pense « qu’on a perdu la bataille du changement climatique », il tient à présenter des moyens d’action à son public: « arrêter de manger de la viande industrielle, manger bio », « limiter ses déplacements en avion au strict nécessaire ». « Moi j’ai arrêté car je l’ai tellement pris dans ma vie que je suis le premier à devoir le faire! »

Sur l’avion, c’est Greta Thunberg qui l’a inspiré : « La radicalisation de Greta est extraordinaire, ce qu’elle a réussi à faire personne n’y était arrivé avant elle », s’enthousiasme-t-il.

En grand admirateur de la jeune Suédoise, c’est avec des sanglots dans la voix qu’il conclut sa conférence en racontant que son arrière grand-père illustrait des livres de voyage avec des animaux qui existent encore. Et se demande jusqu’à quand ses propres petits enfants pourront voir des lions.

© AFP

Un commentaire

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    • sophie l

    Bravo sincère à YAB pour son œuvre ( dont sa généreuse fondation ) et sa prise de conscience !
    Nous sommes tous imparfaits et avons le devoir de nous élever; prendre conscience de nos failles et changer pour aller vers plus de paix et de bienveillance n’ est pas toujours facile mais quand on veut… on peut beaucoup.