Extreme E: le pari osé de courses automobiles dans des écosystèmes fragiles

Formule E

Une Formule E de l'écurie Abt Schaeffler Audi Sport lors d'une étape du Championnat aux Invalides à Paris, le 20 mai 2017 © AFP/Archives GEOFFROY VAN DER HASSELT

Le championnat « Extreme E » va tenter le pari osé de faire courir des voitures électriques dans des écosystèmes fragiles comme la forêt amazonienne, le Groenland et le désert sénégalais, au risque de s’attirer les foudres des défenseurs de l’environnement.

C’est en janvier 2021 que ces gros « buggies » électriques de plus d’une tonne et demie s’élanceront pour la première épreuve de ce championnat autour du célèbre Lac Rose au Sénégal. Ils iront ensuite en Arabie saoudite, au Népal, au Groenland puis enfin dans l’Amazonie brésilienne.

Derrière ce concept se trouve Alejandro Agag, le promoteur du championnat de Formule E qui fait courir depuis 2014 des monoplaces 100% électriques.

« C’est la partie +off-road+ du championnat de Formule E », affirme l’Espagnol, qui voit ce dernier gagner chaque année en ampleur. Il accueille cette saison des constructeurs aussi prestigieux que Mercedes, Porsche, BMW ou encore DS (Groupe PSA) et Jaguar.

« Cela sera un championnat très concentré sur l’environnement », ajoute Agag en évoquant l’Extreme E. Agé de 49 ans, celui-ci a également été conseiller de l’ex-Premier ministre espagnol José Maria Aznar, puis député européen conservateur.

Mais des organisations de protection de l’environnement ne voient pas l’irruption de ces gros « SUV » dans des zones fragiles d’un très bon oeil.

« Qu’ils soient à essence ou électriques, les gros SUV sont un type de véhicules qui nous font souci », contre Sarah Fayolle de l’ONG Greenpeace. « Le véhicule vers lequel on doit évoluer vers l’avenir, c’est plus des voitures moins lourdes qui consomment moins d’énergie », souligne-t-elle.

« En faisant cela, on valorise ce type de véhicule par le biais de la publicité » et « on risque d’abîmer l’écosystème local », poursuit Sarah Fayolle.

Les courses opposeront deux groupes de six voitures, qui s’affronteront deux par deux, avec les quatre premières se qualifiant pour une finale de 6 à 10 kilomètres avec des « points de passage » obligés.

Plusieurs pilotes se sont déjà déclarés intéressés, comme les Français Jean-Eric Vergne, vainqueur du championnat de Formule E en 2018 et 2019, et Sébastien Ogier, sextuple champion du monde des rallyes. Vergne alignera sa propre écurie « Veloce Racing », venue de l’e-sport, avec Adrian Newey, considéré comme le meilleur ingénieur de la Formule 1 moderne, où il a conçu les Red Bull.

Performances « incroyables »

Le champion de Formule E ne craint pas de voir cette compétition susciter l’ire des écologistes.

« Au Groenland, on ne va pas rouler sur des glaciers, donc on ne va pas les détruire. On va rouler sur une partie où il y a cinq ans il y avait peut-être huit à quinze mètres de glace et aujourd’hui il n’y en a pas. En Amazonie, on ne va pas détruire des arbres mais, bien au contraire, on va rouler dans des parties qui ont été déforestées par l’homme et avec Veloce on va replanter des arbres. Dans chaque pays, on fera quelque chose pour l’environnement », plaide-t-il.

Alejandro Agag promet que les équipements utiliseront des énergies renouvelables et, quand cela ne sera pas possible, un programme de compensation (« offset ») des émissions de CO2 sera mis en place, dans la zone concernée ou ailleurs, pour rendre l’évènement neutre.

Le Britannique David Mayer de Rothschild, qui lutte notamment contre les rejets de plastiques dans les océans, sera « explorateur-en-chef » alors que les courses feront l’objet d’une série télévisée « docu-sport », à l’image de ce que Netflix fait déjà pour la F1.

Agag vante toutefois les performances « incroyables » de l’engin qui sera utilisé. D’une puissance de 550 chevaux (400 kilowatts), il pèse 1.650 kilos (principalement en raison des batteries) pour une largeur de 2,3 mètres, pourra passer de 0 à 100 km/h en 4,5 secondes et grimper des pentes de 130% grâce à ses deux moteurs et quatre roues motrices.

Dans un premier temps, toutes les équipes auront le même véhicule mais le promoteur espagnol n’écarte pas ensuite la possibilité de voir les constructeurs participer avec leurs propres bolides électriques.

© AFP

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    • Meryl Pinque

    « Seules deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. » ~ Einstein