Brésil: Vale mis en accusation pour la tragédie minière de Brumadinho

barrage de Brumadinho

Le groupe minier Vale, l'entreprise de certification allemande TUV SUD et 16 responsables des deux entreprises sont mis en accusation pour la rupture du barrage de Brumadinho, qui a fait 270 morts il y a un an © AFP/Archives Douglas Magno

Le groupe minier Vale, l’entreprise de certification allemande TUV SUD et 16 responsables des deux entreprises ont été mis en accusation mardi pour la rupture du barrage de Brumadinho, qui a fait 270 morts il y a un an.

Le parquet de l’Etat de Minas Gerais (sud-est) a requis l’inculpation de Fabio Schvartsman, ex-patron de Vale, ainsi que de 15 autres personnes liées à la compagnie minière ou à TUV SUD, pour « homicide volontaire » et « crime environnemental ». Ils encourent de 12 à 30 ans de prison.

Les chefs de crime environnemental ont également été retenus contre les deux entreprises.

Vale et TUV SUD « ont imposé un risque à la société (…) en agissant de concert pour occulter systématiquement la réelle gravité de la situation du barrage », a précisé le procureur William Garcia Pinto Coelho, soulignant que de « faux certificats de stabilité » avaient été délivrés.

Il a ajouté que Fabio Schvartsman avait « pris des risques inacceptables pour créer une fausse impression de sécurité » et éviter des pertes financières à l’entreprise.

« Ils ont mis le paquet pour que l’image de l’entreprise ne soit pas mise en péril par rapport à ses actionnaires », a insisté le procureur-général Antônio Sérgio Tonet

Le procureur a également expliqué que Vale disposait d’une sorte de « boîte noire consistant à dissimuler des informations sur les risques inacceptables que présentaient ses barrages ».

« Triste coïncidence »

Un rapport de l’Agence nationale des mines (ANM) datant du mois de novembre accusait déjà Vale d’avoir omis d’informer les autorités d’anomalies qui, si elles avaient été rapportées, « auraient pu permettre d’éviter la catastrophe ».

L’ANM a notamment souligné que les informations qu’elle avait reçues de la part de Vale avant la rupture du barrage « ne concordaient pas avec les éléments présentés dans des documents internes du groupe minier ».

Vale a fait part dans un communiqué de sa « perplexité quant aux accusations d’homicide volontaire », considérant qu’il était « prématuré d’évoquer une prise de risque consciente pour provoquer la rupture délibérée du barrage ».

TUV SUD, qui a certifié la stabilité du barrage de Brumadinho, a pour sa part affirmé être « profondément attristé » par la tragédie, mais a considéré que les « causes réelles » n’avaient « toujours pas été élucidées ».

À la Bourse de Sao Paulo, le titre de Vale cédait mardi 2,40% peu avant la clôture.

Après la rupture du barrage, le numéro un mondial du minerai de fer avait perdu un quart de sa capitalisation boursière mais il a effacé toutes ses pertes en un an.

Les procureurs ont rappelé mardi que cette mise en accusation avait lieu un an après la catastrophe, une « triste coïncidence ».

La rupture du barrage a libéré des millions de tonnes de résidus miniers qui ont englouti toute une région et provoqué un désastre écologique majeur.

Un an après la tragédie, 259 corps ont été retrouvés dans l’océan de boue toxique et les pompiers continuent de rechercher les 11 cadavres encore ensevelis.

Dans tout le pays, les barrages de type Brumadinho — dont la hauteur augmente avec l’accumulation de résidus miniers — devront être démantelés d’ici à 2023.

Vale a déjà commencé à verser des indemnités aux victimes, à hauteur de deux milliards de réais (435 millions d’euros).

L’entreprise avait déjà été impliquée dans une autre tragédie de ce type.

Le 5 novembre 2015, le barrage de Fundao, géré par Samarco, joint-venture du groupe brésilien et de l’Anglo-australien BHP, avait libéré brutalement dans la nature 40 millions de mètres cube de déchets hautement toxiques, faisant 19 morts et causant des dégâts environnementaux sans précédent au Brésil.

© AFP

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