Bruxelles lance son plan pour un financement à plusieurs milliards de la transition énergétique

Ursula von der Leyen

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen présente les orientations de son "Pacte vert" pour le climat, devant le Parlement européen à Bruxelles le 11 décembre 2019 © AFP ARIS OIKONOMOU

Pour financer une transition énergétique « juste » qui va coûter des milliards, la Commission von der Leyen dévoile mardi à Strasbourg un plan d’investissement qui s’appuie sur un nouveau fonds pour soutenir les régions les plus dépendantes au charbon.

Avec son « Pacte vert » présenté en décembre, quelques jours seulement après sa prise de fonction, Ursula von der Leyen a fait du climat la priorité de sa Commission. Mais la transition du continent vers la neutralité carbone d’ici 2050 comme le souhaite l’Allemande – l’objectif n’a pas été encore finalisé par les différentes institutions – sera coûteuse.

Où trouver les quelque 260 milliards d’euros d’investissement supplémentaires par an que Bruxelles estime nécessaires pour réaliser ses ambitions?

La première proposition législative de la nouvelle Commission y répond en partie.

Avec son « mécanisme de transition juste », elle espère mobiliser jusqu’à 100 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie tout en s’assurant que les communautés encore très dépendantes économiquement des énergies fossiles ne soient pas laissées sur le bord du chemin.

Au total, avec son « Plan d’investissement pour une Europe durable », ce sont jusqu’à 1.000 milliards d’euros qui seraient mobilisés dans les 10 prochaines années en faveur de la transition d’un continent où les émissions de gaz à effet de serre seraient les plus faibles possibles. Et ce par le biais de multiples sources de financement.

Le Fonds de transition juste, selon des documents vus par l’AFP, serait en lui-même doté de 7,5 milliards d’euros entre 2021 et 2027 (le prochain budget pluriannuel de l’Union européenne) dans le projet de la Commission. De l’argent frais, assure-t-elle, pour un nouvel outil qui s’inscrira dans la politique de cohésion de l’UE qui, traditionnellement, aide au développement des régions.

Le Fonds fait partie de ce que la Commission appelle plus généralement le « mécanisme de transition juste ». Il est accompagné d’autres moyens de financement, via des programmes d’investissement de l’Union mais aussi de la Banque européenne d’investissement (BEI), en pleine mue pour devenir la « banque du climat » de l’UE.

Viendront s’ajouter des dépenses en faveur du climat réparties dans les différentes catégories du budget de l’UE, par exemple les transports ou l’agriculture, ainsi que des investissements privés-publics. La Commission veut qu’un quart des dépenses du budget pluriannuel y soit consacré.

Soutien au nucléaire ?

Avec cette proposition législative sur le mécanisme de transition juste, qui sera soumise à négociation entre les Etats membres et le Parlement européen, la Commission tente aussi de rassurer les pays de l’Est encore réticents à s’engager pleinement.

Préoccupée par le coût économique et social de sa transition, la Pologne a refusé d’adhérer à l’objectif de neutralité climatique d’ici 2050 lors du sommet européen de décembre.

Dans leurs conclusions ce jour-là, les Etats membres s’étaient d’ores et déjà « félicités » des propositions futures qui « viseront à faciliter 100 milliards d’euros d’investissements » sur la décennie.

La transformation vers une économie européenne faible en émissions de carbone va peser sur les régions encore très dépendantes du charbon, très présent en Pologne, République tchèque, mais aussi certaines régions d’Allemagne.

La proposition détaillera les critères d’attribution du fonds. Il vise à soutenir les régions où les émissions de carbone liées à l’industrie et la production d’énergie sont les plus élevées, afin de soutenir le développement de nouvelles technologies et la reconversion ou la formation des populations dont l’emploi est lié aux énergies fossiles.

La question du soutien à l’énergie nucléaire, pas encore complètement tranchée au sein de l’UE dans le cadre de la réflexion sur la transition, se posera une nouvelle fois.

Bien moins émettrice en gaz à effet de serre que les énergies fossiles, certains Etats membres comme la République tchèque ou la Hongrie, mais aussi la France, ont défendu sa prise en compte dans le bouquet énergétique lors du dernier sommet européen.

© AFP

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